Dans le cadre d’un reportage à MOOSSOU, suite à la libération de Simone Gbagbo, nous avons rencontré dame Koffi Nianga Bernadette 85 ans, la matriarche de la famille Ehivet. Les yeux larmoyants, voilà son témoignage.
«Tout bouillonne en moi. Je ne sais pas par où commencer, ou quoi vous dire. Mais je remets mon cœur dans les mains de Dieu. La joie qui m’anime c’est seul Dieu, ou mes parents qui sont dans l’au-delà qui pourront vous la décrire. Mais, je vous avoue (elle marque une pause avec des yeux larmoyants : Ndlr) que je n’ai jamais cru pouvoir vivre ces instants. C’est-à-dire, être témoin de la sortie de prison de Simone et la voir. Je veux voir ma fille Simone avant de mourir. Lorsqu’elle était incarcérée à Odienné et que je suis allée la voir, je voulais fondre en larme et elle m’a dit : «tantie, ne pleure pas » et je me suis forcée à ne pas pleurer. Puis, je suis restée longtemps auprès d’elle avant de revenir.
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«Aujourd’hui, j’apprends qu’elle va sortir de prison, c’est une joie pour moi. Le jour de la prise du pouvoir de son époux, je n’étais pas seule à la cérémonie d’investiture. J’y étais avec mes sœurs, mes frères, mes enfants…mais aujourd’hui, je suis toute seule. Je suis certes dans la tristesse, mais je suis heureuse d’apprendre cette nouvelle. Depuis ce matin (7 août 2018 : Ndlr) je ne sais pas où je me trouve. Que son mari aussi soit libéré. Nous ne pleurons plus surtout que je n’ai jamais pensé vivre aussi longtemps jusqu’à ce que Simone sorte de prison pour me retrouver. Que Dieu bénisse tout le monde y compris les bourreaux de ma fille. Avec la vieillesse, je ne peux plus marcher mais le jour où elle sortira de prison quel que soit le lieu où elle se trouvera, que ce soit à Abidjan ou à Moossou ici, je vais prendre un taxi en course pour aller la retrouver.
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Une fois, on nous avait dit que Simone sortira de prison et mon fils Aka Aimé (un cadre de la famille aujourd’hui décédé : Ndlr) avait tout organisé. Il avait organisé les préparatifs avec assez de moyens et malheureusement, elle n’est pas sortie. Je suis désormais seule, et je me demande qui va se charger d’organiser l’accueil de Simone. Je vous ai tout à l’heure dit que je ne pleurais plus, mais lorsque je pense à cela, j’ai l’envie de pleurer (elle présente des yeux larmoyants : Ndlr). (…) Lorsque Affi N’guessan et les autres prisonniers sont sortis de prison, je les ai invités ici dans notre grande cour pour une cérémonie publique de purification avec des médicaments anciens pour qu’ils soient débarrassés de toutes souillures. Si Simone arrive, nous allons lui faire la même chose avant quoi que ce soit, avant qu’elle ne sorte à nouveau en public ».
C.D.
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