N’dri Pokou Laurent ou Pokou tout court. Ce joueur ivoirien appelé aussi l’Empereur baoulé a occupé une place à part entière dans le football ivoirien. Sans se trahir, l’homme a joué au ballon. À l’Asec Mimosa et dans l’équipe nationale. Et même dans l’équipe nationale militaire, avec le président M’Bahia Blé Kouadio, ministre des Forces armées et du service civique à l’époque.
Pokou Laurent a joué au ballon-rond, avec des exploits qu’aucun joueur ivoirien ne peut accomplir aujourd’hui. Vous connaissez les primes de match à l’époque ? Tout juste 5000 francs CFA. Pokou Laurent aimait la Côte d’Ivoire, l’Asec, son équipe. Il ne se plaignait jamais. Pokou Laurent ne s’est jamais éloigné de l’équipe nationale, ou de l’Asec, parce qu’il n’a pas eu ses primes. Quelle morale sportive ! Pendant la Coupe d’Afrique des Nations en Éthiopie, il inscrit à lui seul quatre buts, contre le Ghana.
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L’empereur Hailé Sélassié d’Éthiopie était témoin de cet exploit du joueur ivoirien, dans le Tigré éthiopien, capitale Asmara. Le journaliste ivoirien Eugène Dié Kacou est totalement émerveillé. Il appelle Pokou « L’homme d’Asmara » ou encore « L’Empereur Baoulé ».
Ce joueur exceptionnel a parcouru tous les stades africains de l’Égypte, au Soudan, en passant par le Nigéria, le Congo Brazzaville, la Centrafrique, le Ghana, le Mali. À l’Asec, on le trouve contre le Hafina, ou le Horoya de Guinée, le Tout-Puissant Mazembé de Zaïre, aujourd’hui République Démocratique du Congo, la Linguère de Sénégal, le stade malien.
Quand la CAF fait son bilan, Pokou Laurent est parmi les meilleurs joueurs du continent, contre le Ghanéen Ossey Koffi, le guinéen Petit Sory , le malien Salif Kéita , le congolais Kazady, le camerounais M’bappé Leppé. Malheureusement, dans son propre pays, la Côte d’Ivoire, Pokou n’a pas été reconnu, comme un Ivoirien qui a rendu les services loyaux à son pays, jusqu’à sa mort.
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Pokou Laurent a été victime de l’immoralité des Ivoiriens. Des cœurs stériles contre la carrière de Laurent Pokou. Je n’ai jamais compris les raisons de cette méchanceté sportive. Aucun stade, aucune rue, aucune compétition, ne porte le nom de Laurent Pokou. L’Empereur baoulé ou l’homme d’Asmara est mort sans mémoire, fatigué par la maladie, à cause de l’indifférence féconde des autres.
Pokou Laurent, qu’on le veuille ou non, a fait la gloire du football ivoirien. Son succès et sa notoriété ont été combattus tout simplement par l’immoralité et l’hypocrisie des autres.
Par Ben Ismaël