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    La chronique du lundi : stratégies de développement du numérique dans l’enseignement professionnel et la formation continue

    La chronique du lundi : stratégies de développement du numérique dans l’enseignement professionnel et la formation continue
    Publié le
    Par
    Christian Gambotti
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Connaissez-vous le Docteur Koffi N’Guessan, le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage, et le chef d’entreprise Jean-Marie Ackah, président de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) ? Ces deux hommes ont vocation à travailler ensemble, car leur rôle est essentiel dans le développement économique et social de la Côte d’Ivoire avec l’adaptation permanente des programmes d’enseignement pour les élèves et de formation continue pour les salariés aux besoins d’une économie qui demande l’élévation des niveaux de qualification professionnel.

    Au-delà de l’enseignement général, l’enseignement technique, la Formation professionnelle et l’apprentissage, par le développement de filières d’excellence, ouvrent des perspectives qui conduisent à une insertion plus rapide des jeunes sur le marché du travail et à une nécessaire adaptation à l’évolution des métiers L’urgence, pour le ministre Koffi N’Guessan et pour le patron des patrons ivoiriens Jean-Marie Ackah, est de mettre en œuvre des stratégies de développement de l’enseignement professionnel, la formation continue et l’apprentissage, des secteurs longtemps négligés par les pouvoirs publics et le patronat. L’objectif est de contribuer à l’adéquation entre l’offre de formation professionnelle (enseignement technique, apprentissage, formation continue) et les besoins du marché du travail.

    Le défi de l’employabilité est un enjeu majeur, quand on sait que le continent verra arriver cent millions de jeunes sur le marché du travail d’ici 2030 en raison du boom démographique. Dans une Afrique qui cherche à créer un réseau dense de petites et moyennes entreprises, à développer des services, Pour rendre le marché du travail moins volatile, favoriser l’insertion professionnelle et le développement de l’économie formelles avec, à la clef, des créations d’emplois, les parcours d’enseignement et formation techniques et professionnels ont un rôle majeur à jouer.

    Le décalage qui existe entre les compétences disponibles, que peut offrir l’enseignement professionnel et a formation continue, et les besoins de l’économie dans des métiers dits « techniques » est en effet un frein à l’emploi et à la croissance. Quels sont les synergies fructueuses et des pratiques innovantes, les aces prioritaires, que peuvent développer, à travers une plateforme et des actions communes, Koffi N’Guessan et Jean-Marie Ackah, car c’est un défi commun qu’ils doivent relever pour l’insertion professionnelle des jeunes et en particulier les jeunes femmes africaines.

    Stratégies de développement du numérique dans l’enseignement professionnel et la formation continue

    Tel est l’immense défi que doivent relever les Etats africains : la transformation digitale des systèmes d’apprentissage et de développement des compétences. En mars 2021, une initiative a été lancé par l’UNESCO et l’Union africaine avec deux objectifs : 1) équiper les acteurs du secteur afin de les aider à prendre le virage digital 2) créer des réseaux nationaux et un programme de formation panafricain (partage des programmes d’enseignement professionnel et des référentiels métiers). Cette dynamique de partage, adossée à une stratégie de développement du numérique illustrée par la plateforme de mutualisation de l’UEMOA (les pays de l’UEMOA ont depuis été rejoints par le Tchad), est en train de transformer les secteurs de l’enseignement professionnel, de l’apprentissage et de la formation continue. La situation créée par la pandémie de la Covid 19 a montré tous les enjeux de la digitalisation et rendu nécessaire son accélération pour la planification et la gestion de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels en Afrique.

    Les axes de développement de la révolution numérique

    Pour Raymond Auphan, le fondateur du Groupe REEL IT, une société française spécialisée dans la transformation digitale « les atouts de la digitalisation dans le secteur de la formation professionnelle et de l’enseignement technique sont nombreux. En Afrique, il faut surmonter deux obstacles majeurs : l’accès à internet et l’équipement des étudiants. » De retour d’un déplacement au Sénégal, Raymond Auphan a pu constater « le haut niveau d’engagement des pouvoirs publics dans la transformation digitale des systèmes éducatifs avec l’intégration du numérique dans les pratiques de classe, ainsi que la compréhension des enjeux de digitalisation. » Le Groupe REL IT, qui vient de fournir des ordinateurs au Sénégal, accompagne le projet de l’Université Digitale Sénégalaise.

    S’il existe en Afrique, dans de nombreux pays, des experts remarquablement formés et d’un haut niveau, la transformation digitale, dans l’enseignement professionnel, se heurte aux contraintes suivantes : l’insuffisance d’infrastructures numériques dans les établissements de formation professionnelle et technique, un nombre insuffisants d’ordinateurs et de formateurs spécialisés dans le numérique, l’insuffisance des offres de formation en lien avec l’insuffisance d’information sur les nouveaux métiers que le secteur du numérique offre.

    Absence de culture numérique et obstacles

    Existe une absence de culture numérique chez les acteurs publics et privés de l’enseignement professionnel et technique, les centres de formation et les entreprises ? Existe-t-il des obstacles qui empêchent les jeunes, les salariés, les personnes en recherche d’emploi de se former ? L’absence de culture numérique et les contraintes retardent l’élévation des qualifications professionnelles qui vont permettre d’exercer des métiers en mutation ou accéder à de nouveaux emplois. Il appartient, en Côte d’Ivoire, à Koffi N’Guessan, le ministre, et à Jean-Marie Ackah, le patron des patrons, d’apporter des réponses à toutes les questions que soulèvent la révolution numérique et la digitalisation de l’apprentissage. Ce sont, pour moi, des hommes-clefs dans les défis que doit relever l’économie ivoirienne en identifiant et en anticipant ses besoins, en organisant efficacement l’orientation professionnelle. Ils ont, je le répète, vocation à travailler ensemble et à partager la même vision prospective de la transformation de l’enseignement technique, de l’apprentissage et de la formation continue dans une Côte d’Ivoire solidaire.

    Sous les effets de la révolution numérique, le monde change, l’Afrique change, les métiers évoluent et se transforment. Le continent doit s’insérer dans un monde où dominent internet, l’intelligence artificielle, les objets connectés, les datas, les « cloud », où se pose la question de la cyber-vulnérabilité. L’offre d’enseignement et de formation dans et par le numérique doit devenir une priorité des politiques publiques et du secteur privé.

    Christian GAMBOTTI,
    Agrégé de l’Université,
    Président du think tank Afrique & Partage –
    CEO du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) –
    Directeur des Collections L’Afrique en Marche, Planète francophone –
    Directeur de la rédaction du magazine Parlements & Pouvoirs africains.

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