Au deuxième jour du contre-interrogatoire du témoin, Philippe Mangou, par la défense de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, il a été longuement question du CECOS (Centre de commandement et des opérations de sécurité) dirigé à l’époque des faits par le général Guai Bi Poin. Pour le témoin, cette unité créée en 2005 a permis au président Laurent Gbagbo de « contourner l’embargo sur les armes » imposé au pays.
« Le Cecos était mieux armé que l’Armée et la Gendarmerie. Nous étions sous embargo militaire. De sorte que même le GSPM (Groupement des sapeurs-pompiers militaire) était frappé à cause du vocable “militaire” dans sa dénomination. Avec le Cecos, le président a un peu contourné l’embargo. Le fait que la mission du Cecos soit de lutter contre le grand banditisme, cela a un peu camouflé le terme militaire. Donc le Cecos a pu avoir des véhicules de gamme civil. Et, en sous-mains, le Cecos a pu s’équiper comme il se devait. Le temps que les gens s’en rendent compte, le Cecos avait les moyens qu’il voulait », a dit le général Philippe Mangou à la barre.
Une information qui, selon la défense prend à contre-pied la déclaration faite par le général Guai Bi Poin qui a déjà été auditionné dans le cadre de ce même procès. Ce dernier avait affirmé, cité par la défense, « que la Cecos ne disposait que de 200 hommes et 40 armes ».
« Ce n’est pas exact, insiste Philippe Mangou. Le Cecos prétend ne pas avoir d’armes. Sa mission initiale était de lutter contre le grand banditisme, pourquoi alors a-t-il créé la Brigade mobile de maintien de l’ordre ? Ah oui, parce qu’il y a eu quand même une Brigade mobile de maintien de l’ordre. Et, la Brigade mobile de maintien de l’ordre, ce n’est pas avec des armes conventionnelles. Le Cecos part avec des armes prélevées dans les unités. Mais, avec ces armes-là, on ne fait pas de maintien de l’ordre. Le Cecos était mieux armé que l’armée et la gendarmerie. En plus, il dit qu’il n’avait que 200 hommes. Ce n’est pas vrai. Le Cecos disposait de 1250 hommes ».
À chaque jour, son lot de révélations, pourrait-on dire. Pour beaucoup d’Ivoirien, il y’aura encore comme un goût d’inachevé si toutes les personnes citées dans le témoignage du Général ne sont pas elles aussi entendues. La presse ivoirienne s’est même interrogée ce matin sur le cas du Colonel Koné Zakaria qui a été cité hier par Philippe Mangou.
Chris Monsékéla