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    Les échecs de Bédié selon Nanwlê Kouassi, militant du Pdci ou contribution sur la situation du vieux parti ( Côte d’Ivoire, 2020)

    Les échecs de Bédié selon Nanwlê Kouassi, militant du Pdci ou contribution sur la situation du vieux parti ( Côte d’Ivoire, 2020)
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    L’actualité politique nationale est marquée depuis plusieurs mois par le débat relatif aux départs de nombreux militants de premier rang du PDCI-RDA vers le RHDP et la négation de l’indéniable impact de ces départs non maitrisés sur l’efficacité à terme de la machine électorale du PDCI-RDA.

    La question qui se pose est bien le pourquoi de ces départs qu’on tente par tous les moyens de minimiser au lieu d’engager une réflexion interne pour endiguer cette hémorragie dommageable à la représentation nationale du parti. 

        Pourquoi refuse-t-on obstinément de poursuivre le dialogue considéré comme l’arme des forts ?

        Pourquoi veut-on laisser croire que ceux qui partent ont forcément tort et qu’ils sont des traîtres ? Les véritables loups ne sont-ils pas restés dans la bergerie ?

        Qu’a-t-on fait pour comprendre les motifs de leurs désaccords, les convaincre puis les retenir ?

    La politique du « Allez-vous en, on s’en fou, on saura faire sans vous » ne risque-t-il pas à terme de perdre notre parti ?

    Souvenons-nous qu’on disait après le départ de Djenny Kobinan et autres, à qui on avait refusé le droit à la parole au Congrès d’avril 1994 pour divergence d’opinion, que c’était un non évènement parce que lui et ses compagnons n’arriveraient jamais à remplir une boîte d’allumettes. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

    Aujourd’hui encore, sous nos yeux, nous avons perdu Laurent Dona Fologo (dernier Secrétaire Général du Président Félix Houphouët-Boigny). 

    Oui, sous nos yeux, on a poussé vers la sortie à travers des articles de presses, les réseaux sociaux, les invectives, les calomnies et toutes sortes de brimades des valeureux militants que nous avions envoyés en mission au sein des instances de décisions de l’Etat. Ainsi, nous avons laissé partir au RHDP Daniel Kablan Duncan, Jeannot Ahoussou-Kouadio, Kobenan Kouassi Adjoumani, Patrick Achi, Jean Claude Kouassi, Raymonde Goudou Coffie, Pascal Abinan. Nous n’avons rien fait pour retenir les plus jeunes Fofana Siandou, Amédée Kouakou, N’guessan Koffi Lataille, Anoblé Miezan Félix, Kramo Kouassi, Justin Koffi, Abonouan Louis. Pour ne citer que ceux-là. Il en est de même pour de nombreux élus (Sénateurs, Députés, Maires, Conseillers Régionaux), militants connus ou anonymes et j’en passe. 

    Malgré tous ces départs, on nous sert toujours le même refrain : « Ces gens qui partent là, ne représentent rien ». Hummmmmmm !!!!

    A l’évidence on n’aura pas tiré les leçons du passé récent qui aura abouti à la création du RDR puis de l’UDPCI pour aboutir à la perte du pouvoir d’Etat. 

    Le PDCI-RDA d’aujourd’hui qui est à la croisée des chemins, semble avoir mal à sa tête et à sa stratégie. Il doit faire face à de nombreuses difficultés et d’innombrables obstacles qui jalonnent sa marche. Pour survivre, avancer et réussir à redorer son blason. Il lui faut s’imaginer autrement, se rêver autrement, fonctionner différemment, savoir s’adapter aux circonstances nouvelles, savoir-faire sa mue pour donner envie et faire rêver. 

    Dans cette perspective, la situation de notre patrimoine commun, notre fétiche, notre héritage, le PDCI-RDA nous inquiète. Face à cette préoccupation, de nombreuses questions se font jour dans mon esprit :

    Au-delà des déclarations et affirmations, le PDCI-RDA a-t-il réellement les moyens de ses ambitions pour 2020 ?

    Depuis 1993, notre parti avance à reculons et se trouve incapable de sursaut pour faire face aux défis nouveaux qui se présentent à lui. 

    En effet, avec le retour des intransigeances et du leadership des radicaux, le PDCI-RDA poursuit sa marche vers le chao puisque plus que jamais il se vide, se vide et se vide de ses cadres maillons essentiels pour la gouvernance des militants. Le PDCI-RDA, à l’image de son Président enchaine les échecs. Pour preuve, je voudrais me permettre de vous livrer ici une analyse de Jean Bonin relative aux cinq échecs de notre très cher Président qui nous annihile complètement la capacité de reconquête du pouvoir d’Etat du PDCI-RDA  :

    « le 1er échec de Bédié

    Houphouët-Boigny a fait entrer Henri Konan Bédié au ministère de l’économie et des finances par la grande porte, de 1968 à 1977. Il en ressortira par la petite porte après une série de surfacturations et de détournements de deniers publics au préjudice de plusieurs sociétés d’Etat.

    le 2ème échec de Bédié

    Houphouët-Boigny a légué, sur un plateau d’or, en 1993, le pouvoir d’Etat à Bédié. Cet « héritage » il n’a pas été capable de le conserver au-delà de 6 ans. Fin décembre 1999. Il est renversé par une simple mutinerie militaire qu’il a été incapable de contenir. En 48 h son sort a été scellé et il n’a eu son salut qu’après avoir pris ses jambes à son cou.

    le 3ème échec de Bédié 

    Il se présente à l’élection présidentielle de 2010 sous la bannière du PDCI au grand complet. Il est, sans bavure, battu au 1er tour alors que le président de la CEI est lui-même membre des hautes instances dirigeantes de son parti.

    le 4ème échec de Bédié 

    Contre l’avis de la base de son parti et de nombreux cadres, dont KKB, Banny et Essi Amara, il décide que le PDCI ne présentera pas de candidat à la présidentielle de 2015. Il croît naïvement qu’en retour, le candidat du PDCI aura le soutien du RHDP/RDR en octobre 2020. Il sera proprement et promptement doublé, selon lui.

    le 5ème échec de Bédié

    Son parti ayant été vidé de sa substance par le RHDP, il s’accroche désespérément au FPI Daoukro pour espérer survivre à la bourrasque. À cet effet, il manœuvre comme un beau diable pour essayer de saboter l’unité du FPI. En vain car Affi, serein, est un politicien chevronné qui sait où il va. L’unité est en marche et le parti organisera incessamment son congrès unitaire. Aussitôt que les manifestations politiques publiques seront autorisées la date du congrès sera connue.

    le 6ème échec de Bédié 

    Il est indéniable. L’échec de trop. Il aura lieu le 31 octobre 2020 si Bédié s’obstine à vouloir être, lui-même, le candidat du PDCI à la présidentielle à venir. Ce sera probablement son dernier échec car celui-ci sonnera de façon irréversible sa retraite politique… peu glorieuse. »

    À la lumière du contexte politique national actuel avec Henri Konan BEDIE comme « candidat naturel », il est important d’analyser la capacité de résilience du PDCI-RDA face d’une part à l’émergence d’un nouvel acteur, le RHDP, qui s’arroge la position de première force politique ivoirienne, et d’autre part au retour en scène du Front Populaire Ivoirien après 8 ans de latence.

    Dans le cadre de la coalition du RHDP, le PDCI-RDA avait confirmé son retour aux affaires en 2010. Paradoxalement, la régression du nombre de sièges du PDCI-RDA va s’accentuer de 14% entre 2000 et 2011 pour ne connaitre finalement qu’une hausse minime de 5% en 2016.

    En réalité, l’explication de cette situation est à trouver dans le retrait du PDCI-RDA de certaines zones géographiques au profit de son allié du RDR, principalement dans les zones nord du pays et accessoirement en zone ouest. 

    Tout porte à croire que le Parti s’est laissé aller au confort du partage du pouvoir sans rechercher à élargir sa base électorale ou à renforcer et redynamiser les cercles départementaux et communaux de ses militants.

    La seconde explication réside dans le manque de définition d’une stratégie de positionnement géopolitique de cadres dans les régions ivoiriennes, plus particulièrement dans les zones nord et ouest concernées. On assiste plutôt à une forte concentration de personnalités dans le V baoulé et de manière plus éparse à l’Est. 

    À titre, d’exemple, depuis le décès du Ministre Dagobert Banzio dans le Cavally, aucune relève véritable n’est assurée pour maintenir la consistance de l’électorat dans la zone. Ce recul a contribué à ériger Madame Anne Ouloto comme le porte-voix légitime de la région à concurrence avec Monsieur Denis Kah Zion confiné dans sa commune (Toulepleu).

    Au final, de 1990 à 2016, le PDCI-RDA a perdu plus des 3/4 des sièges qu’il occupait au sein du parlement ivoirien à une rythme moyen de 11,6% de sièges perdus par législature. Qu’en sera-t-il des élections générales à venir ?

    Qu’avez-vous fait de l’héritage du Président Félix Houphouët-Boigny ? Vous, les dirigeants actuels de notre parti, avez à répondre à cette question car à l’analyse, loin de se bonifier, l’héritage s’est considérablement rétréci comme peau de chagrin.

    Ensemble disons attention car à ce rythme, le PDCI-RDA court à sa perte.

    Nanwlê Kouassi

    Militant du PDCI RDA

     

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