Créatrice de mode de haute couture africaine, communicatrice, commerciale et manager d’artistes vivant à Paris, née d’un père malien et d’une mère française, Mariétou Mariette Dicko a cumulé près de 30 ans au service des Nations Unies, à l’Unicef et à l’Unesco . Elle a démissionné de ces institutions pour s’adonner à sa passion : la mode. Présente à Bamako dans le cadre du Forum » genre et développement » organisé du 14 au 16 décembre 2016 en prélude au sommet Afrique-France de Janvier 2016, elle partage son expérience.
D’où vous est venue cette passion pour la mode ?
La passion pour la mode m’est venue depuis le bas âge. Gamine, je voyais déjà maman coudre à la maison; puis j’ai été à l’école des bonnes sœurs où il y a cette double éducation qu’on vous donne : apprendre un métier et faire l’apprentissage générale. C’est vraiment dans cet endroit que tout a commencé. On nous apprenait la texture et le toucher des tissus, à savoir faire la différence entre les tissus et comment apprendre à broder, à tricoter et à coudre.
Quels sont les matériaux que vous utilisez dans vos collections ?
Dans mes collections, j’utilise les étoffes faites en Afrique. Je n’ai rien contre les autres types d’étoffes mais moi ma particularité c’est l’art africain, produit en Afrique. C’est toujours mieux de consommer les produit qui viennent de chez nous , que d’enrichir les autres pays européens, asiatique etc. Je donne une priorité aux étoffes venues notamment du Ghana, de la Côte d’Ivoire du Mali etc. Je travaille généralement sur le lin car il est à base de coton.
Comment parvenez-vous à vous imposer quand on sait que votre milieu est aussi prisé par les hommes ?
Oui en effet ce n’est pas facile! Voyez-vous par exemple, à ce forum consacré au genre et au développement, le domaine de l’art n’est pas pris en compte. Cela fait mal car je pense que cette rencontre devrait aussi faire la promotion de la culture, de nos cultures. Nous sommes des femmes qui nous battons dans un secteur où avant il n’y avait que des hommes. Il y a aussi, cette catégorie de personnes, cela est un secret de polichinelle, qui ont choisi leur identité sexuelle, qui sont réunis en association et qui s’aident entre eux. Cela tout le monde le sait . Nous les femmes, sommes un peu éparpillées dans tous les sens, et faisons notre chemin toutes seules. Il y a beaucoup moins de soutien entre nous les femmes dans ce domaine d’activité.
Que pouvez-vous dire aux femmes qui veulent se lancer dans la mode ?
Je leur dirai de ne pas se précipiter. Il faut beaucoup de patience , d’amour et de bonne volonté. Aux jeunes filles, je dirai de suivre leur passion car lorsque tu aimes ce tu fais , tu es épanouie, et tu le fais bien. Il faut converger vers les personnes qui ont déjà de l’expérience pour apprendre auprès d’elles. Moi je suis prête à partager mon expérience mais les pesanteurs culturelles ici au Mali, nous retardent, lorsque l’on veut entamer une bonne action en faveur des jeunes.
Un appel à lancé aux organisateurs du Forum ?
Je leur demande une seule chose : sortir de ce forum avec des recommandations claires. Pour qu’enfin, le sommet Afrique-France en Janvier 2017 ne soit pas un sommet de plus. Aujourd’hui, mon parcours me donne l’occasion d’avoir accès à plusieurs forum sur le développement de l’entrepreneuriat féminin, alors j’aimerai que les organisateurs de ce forum nous fassent confiance pour les plaidoyers auprès des institutions afin qu’elles puissent répondre aux exigences et aux préoccupations des femmes.
Ossama Roxane à Bamako