Invités sur France 24 le vendredi 18 septembre 2020 pour commenter l’actualité dans le monde , notamment la sortie de l’ex chef rebelle ivoirien , Guillaume Soro au lendemain de sa conférence de presse à Paris, le jeudi 17 septembre, les journalistes français, Vincent Hugeux et Zyad Limam, spécialistes des questions africaines et ivoiriennes, ont laissé entendre qu’il n’y aura pas de remise en question des fondamentaux du scrutin du 31 octobre 2020, et que le débat sur le 3eme mandat est bien forclos.
[ « Ouattara a en tête la nécessité de protéger la stabilité de la Côte d’Ivoire » ont-ils affirmé. ]
À la question de savoir si la forme et la configuration définitive actuelle du processus électoral en Côte d’Ivoire garde tout son sens, Vincent Hugeux, Journaliste indépendant, spécialiste de l’Afrique, auteur de “Reines d’Afrique” (éditions Perrin, 2014) a répondu : « Le premier constat c’est le quatuor qui demeure (Ouattara, Bedié, Affi et KKB, ndlr). Pascal Affi Nguessan qui a l’immense mérite de représenter une des factions du FPI, qui peut être l’incarnation d’un parti politique divisé, puisque le courant Gbagbo n’adhère pas forcement à ce personnage, de l’autre côté Kouadio Konan Bertin, un dissident du PDCI de Konan Bédié qui affrontent le président sortant Ouattara. Le deuxième constat est que nous sommes dans une nouvelle République, car la réforme de 2016 ouvre le champ à une nouvelle loi fondamentale. Aussi, alors qu’il avait dit à quel point il était impérieux de passer le témoin à une nouvelle génération, en face de lui, vous avez des mouvances politiques qui sont profondément divisés (…) Je crois que le pouvoir en place ne renoncera absolument à cette élection. Il n’y aura pas de report et il n’y aura évidemment pas de remise en question des fondamentaux de ce rendez-vous électoral ».
Pour Zyad Limam, directeur du mensuel Afrique Magazine, Ouattara a en tête la nécessité de protéger la stabilité de la Côte d’ivoire. Et lorsqu’on lui demande si le pluralisme est la clé de cette présidentielle ivoirienne sans contestation, il répond : « Elle sera contestée, mais elle sera aussi politiquement importante parce qu’il y a un candidat qui représente le PDCI originel, Henri Konan Bédié. Et les appels à s’unir autour de lui, on verra ce que ça va donner (…) Moi je crois que le débat sur le 3ème mandat est forclos. Il faut prendre la situation politique telle qu’elle est aujourd’hui (…) Aussi je fais partie de ceux là qui croient que ce projet là avait du sens et qu’il y avait une véritable volonté de passation qui était jouable, parce que le candidat qui devait prendre la main (Amadou Gon Coulibaly, ndlr) avait la confiance et l’appui du candidat sortant (…) Pour moi, le mot le plus important c’est la stabilité de ce pays. Je pense que dans la décision d’Alassane Ouattara, il y a une part de l’homme politique qu’il est ; c’est-à-dire celui qui prend une décision et qui est obligé de la contourner, ce qui ne doit pas être facile pour lui. Il a perdu malgré tout son héritier politique, ce qui ne doit pas être non plus facile pour lui ; mais au-delà de toute considération politique et en particulier les inimités profondes qu’il y a maintenant entre les différents acteurs, je pense qu’il (Ouattara, ndlr) a en tête la nécessité de protéger la stabilité de la Côte d’Ivoire (…) Je pense aussi y compris dans son camp, ça aurait été extrêmement difficile d’arbitrer pour un candidat aussi vite sans créer des remous à l’intérieur même de la grande sphère du RHDP. La deuxième chose c’est le rajeunissement. Il faut que les partis donnent l’exemple. Il faut que le PDCI donne l’exemple lorsque son candidat a un certain âge. Il se trouve aussi du côté de Ouattara, Hamed Bakayoko qui a la cinquantaine. Ces gens là apportent quelque chose au débat.
En clair, je pense que la clé, c’est la stabilité et le rajeunissement et Alassane Ouattara quelque part se dit comment opérer ce rajeunissement dans une étape ultérieure (…) ».
Philippe Kouhon