Présent à la cérémonie de lancement du projet ‘’Route de l’esclave en Côte d’Ivoire’’, Lilian Thuram, champion du monde France 1998, raconte à la presse ivoirienne son sentiment d’appartenance à la culture africaine.
Quel sens Lilian Thuram donne à cette cérémonie d’inauguration de la stèle de la route de l’esclavage ?
Je trouve que c’est extraordinaire; si nous sommes ici, c’est pour comprendre ce que l’esclavage et la colonisation ont produit dans nos façons de penser. À partir du moment où il y a des peuples qui ont mis en esclavages d’autres peuples, cela signifie, qu’il y’a eu quelque part un sentiment de supériorité d’une minorité de personnes attirés par l’aspect financier. Et ce sont ces personnes qui ont construit des discours négatifs sur les populations africaines. L’histoire de l’esclavage est fondamentale à comprendre, car elle a structuré la façon de comprendre le monde, et, a construit aussi les relations selon la couleur de la peau. Depuis cette époque, les personnes de couleur blanche, sont éduquées à se penser supérieurs.
Quelle signification Lilian Thuram donne à cette porte du retour ?
La porte du retour se trouve également au Bénin, je pense pour ma part que cette matérialisation est essentielle. Moi je suis née en Guadeloupe mais je sais que mes ancêtres viennent du continent africain. C’est donc légitime qu’il y’ait ce retour pour que chacun puisse se pardonner car tous, nous avons notre part de responsabilité. Cette traite négrière a été extrêmement violente.
Quelles sont les actions de Lilian Thuram dans ce sens ?
À une certaine époque aux Antilles, un enfant né sans les cheveux crépus était considéré comme un enfant bien né. Et, c’est ce qui est resté dans les mœurs. J’ai une Fondation dénommée ‘’Education contre le racisme’. Aujourd’hui, j’essaie à ma façon de donner des explications notamment aux enfants sur les mécanismes de dominations qui existent dans nos sociétés. Pour moi, il est important que les enfants comprennent que nous reproduisons les choses très souvent par habitude et qu’il faut que cela change.
Ouattara Roxane