M. Bakayoko Adama, journaliste à Radio Côte d’Ivoire est le lauréat 2021 du prix CNS-RAMEDE-CI pour la lutte contre le Travail des Enfants. Dans cette interview, ce journaliste chevronné, nous livre les raisons qui sous-tendent la conduite de son reportage qui lui a permis de rafler ce prix.
Vous êtes le lauréat du prix sectoriel. Pouvons-nous savoir quel était le sujet de votre reportage ?
J’ai réalisé une enquête intitulée « Incursion dans le réseau de passeurs de la traite transfrontalière des enfants entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ». J’ai enquêté durant 6 mois à Soubré, Korhogo, Ouangolodougou et Niangoloko au Burkina Faso. Je me suis notamment appuyé sur les organisations de la société civile pour bien mener mon enquête. J’ai parcouru plusieurs villages de Soubré avant de me rendre à Korhogo puis Ouangolodougou où j’ai pu traverser la frontière pour aller voir ce qui se passait également du côté burkinabè.
À Soubré, j’ai pu également visiter le centre d’accueil construit par la Première Dame Dominique Ouattara qui soulage les enfants victimes d’exploitation.
Pourquoi vous avez porté le choix sur ce sujet ?
Depuis plusieurs années le CNS (Comité National de Surveillance des actions de lutte contre la Traite, l’Exploitation et le Travail des Enfants (CNS, Ndlr) réalise des progrès importants dans la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. En conséquence, ce phénomène a véritablement baissé dans les plantations de cacao. Et l’année 2021 a été marquée par la phase de répression notamment dans la région de la Nawa. Après le succès de cette opération, j’ai décidé d’aller constater sur place les progrès réalisés dans le cadre de la lutte. J’en ai profité pour remonter la filière des passeurs jusqu’au Burkina Faso. Le but de mon enquête est de sensibiliser les 2 pays sur les dangers auxquels ces enfants innocents sont exposés. Les trafiquants promettent monts et merveilles aux parents afin d’avoir l’autorisation d’emmener leurs enfants en Côte d’Ivoire.
En tant que journaliste que peut-être votre contribution dans le cadre de la lutte contre le Travail des Enfants ?
Notre rôle est très important surtout dans la sensibilisation. Nos micros, nos caméras et nos plumes doivent éclairer l’opinion public sur le commerce illégal qui se déroule sous nos yeux. La traite des personnes reste encore méconnue des Ivoiriens. Pour ma part, je réalise régulièrement des sujets sur la thématique. En 2019, j’ai réalisé une enquête en Tunisie et en Italie sur des jeunes filles originaires de Côte d’Ivoire, victimes de traite. J’ai aussi réalisé une enquête dans le sud-Comoé sur les jeunes filles Nigérianes victimes d’exploitation sexuelle. Cette enquête m’a valu le prix Ebony 2019 de la lutte contre la migration irrégulière. Sur les antennes de radio Côte d’Ivoire, également, j’anime plusieurs émissions de débats sur la thématique. A mon sens, au-delà de la couverture des activités du CNS, les journalistes doivent multiplier les investigations et les plateaux afin d’amener les Ivoiriens à prendre conscience des dangers liés à la traite des enfants et s’impliquer véritablement dans la lutte.
Avez-vous un message à lancer à l’endroit de nos populations à ce sujet ?
J’exhorte les populations à s’engager dans la lutte aux côtés de la Première Dame Dominique Ouattara dont le leadership en matière de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants est mondialement reconnu. Chaque Ivoirien doit se sentir concerner par cette lutte. Il y va de l’avenir de nos enfants car ce sont eux les cadres de demain.
Philippe Kouhon