Le coup d’État du 26 juillet a rebattu les cartes. Désormais, la crise politique contraint, plus que jamais, les médias au silence. Voici quelques précisions…
Dès la prise de pouvoir du Conseil national de sauvegarde de la Patrie (CNSP), l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a relevé des signes inquiétants d’information, à commencer par la suspension de médias « jusqu’à nouvel ordre ». L’ONG a également recueilli les témoignages de journalistes menacés.
En matière de liberté de la presse, le Niger a déjà connu quelques écueils. Cependant, le pays se positionne au 61e rang sur 180 autres dans le dernier rapport de RSF ; ce qui est louable. Il dispose en effet d’une pluralité de médias. Près de 350 au total, avec une préférence des Nigériens pour la radio, accessible notamment dans les zones les plus reculées. Pour s’informer, il y a aussi la télévision, privilégiée dans les grandes villes, et les journaux en ligne. Les réseaux sociaux, eux, jouent aussi leur rôle. Cependant, toutes les informations ne sont pas vérifiées avant d’être publiées et font, en ce moment, l’objet de manœuvres de désinformation et de manipulation des foules…
Les idées contestataires réprimées
Actuellement, l’information est étouffée, car des membres et partisans des nouvelles autorités dictent leurs règles. Depuis plus d’un mois, des journalistes subissent des agressions verbales et physiques. Les exemples ne manquent pas : attaques d’équipes de radio-TV (Anfani, par des individus non identifiés et Bonferey, lors d’un point presse de femmes pro-Bazoum) ; menace d’enlèvement du directeur de la publication Le Témoin de l’Histoire, Soufiane Maman Hassan, obligé d’entrer dans la clandestinité pour des raisons de sécurité ; agressions envers des médias internationaux ; intimidation à l’encontre de la journaliste et blogueuse Samira Sabou, pour avoir partagé, sur les réseaux sociaux, un post du président renversé sans même le commenter !
À cela s’ajoute l’interdiction de diffusion de certains médias, par crainte de critiques envers le pouvoir, ou de dilution d’une information non partisane, aussi factuelle et objective soit-elle.
Une pétition internationale pour dénoncer
De Niamey à Djibouti et de N’Djamena à Antananarivo, des journalistes et des organisations ont appelé les nouvelles autorités à respecter le droit fondamental d’une information fiable et plurielle, et à laisser les professionnels faire leur travail. À l’initiative de RSF, ils ont signé une pétition soutenue par de grands responsables des médias nigériens, comme le directeur de publication de l’Événement Moussa Aksar, mais aussi par des organisations de défense des droits des journalistes. Parmi elles, la Maison de la presse du Niger, la Fédération des journalistes africains (FAJ), la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO). Des références dans le domaine…
Malheureusement, il reste encore du chemin à parcourir pour une liberté totale de la presse. Donner la possibilité aux Nigériens d’avoir accès aux médias de leur choix et à une information diversifiée reviendrait néanmoins à les respecter, eux et leur liberté de pensée.
Constantine Ndoko