C’est à un narratif mensonger, vindicatif, provocateur et peu diplomatique aussi bien à l’égard du président ivoirien Alassane Ouattara que de la France, du SG de l’Onu Guterres, de Mohamed Bazoum du Niger et de Embalo de la Guinée Bissau et de la Cedeao, que le monde a eu droit ce samedi 24 septembre 2022 à l’Onu de la part du Mali.
La question du mandat en cours du chef de l’État ivoirien, appelé abusivement 3ème mandat par des détracteurs, a fait l’objet d’un narratif mensonger à l’ONU de la part du Premier ministre malien par intérim Abdoulaye Maïga qui s’en est également pris à la France, au SG de l’Onu Guterres, à Mohamed Bazoum du Niger et à Embalo, Président de la Guinée Bissau et de la Cedeao.
Ironie et provocation à l’égard d’Abidjan
En effet, alors que lui-même, au-delà de l’impression d’ironie, semble reconnaître que le chef de l’État ivoirien a été attentionné et aimable au sujet du Mali, malgré le contentieux relatif aux 46 militaires retenus en ce moment à Bamako (Je saisis cette opportunité qui m’est offerte pour remercier chaleureusement notre respecté aîné,SE le Président Alassane Dramane Ouattara pour les sages et éclairés conseils, qu’il nous a prodigués dans son allocution mémorable à cette 77 ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies ), le Premier ministre malien par intérim a pourtant saisi la tribune des Nations unies pour dérouler un narratif totalement mensonger et provocateur sur la question du mandat en cours du chef de l’État, Alassane Ouattara, et sur la situation en Côte d’Ivoire.
Ainsi, prétextant faire au Mali des réformes qui permettront d’améliorer la gouvernance, et promettant que toutes les dispositions seront prises pour que la démocratie malienne soit la plus enviée au monde, pour justifier ainsi l’impression de gagner du temps sans être à mesure de régler la question du terrorisme comme le conseillait justement le président Alassane Ouattara à New-York le mercredi 21 septembre 2022 lors de son message à la 77ème Assemblée générale des Nations Unies, Abdoulaye Maïga a plutôt choisi de servir une litanie mensongère et propagandiste sur la question du troisième mandat en Côte d’Ivoire.
Retour sur le contexte d’une candidature en 2020
Ainsi, de la prétendue révision constitutionnelle non consensuelle en Côte d’Ivoire à la chasse aux sorcières actuelle après les élections d’Octobre 2020, en passant par la violation présumée de la limitation du nombre de mandat à 2, le Premier ministre malien par intérim s’est donné en spectacle sans convaincre un auditoire étonné par une telle sortie de route diplomatique durant 46 minutes au lieu des 15 minutes selon l’usage et les habitudes.
S’agissant précisément du troisième mandat présumé, le porte-parole des autorités maliennes n’a pas réussi à convaincre là où l’opposition ivoirienne avait déjà échoué à déstabiliser le pouvoir ivoirien. En effet, doit-on rappeler que le chef de l’État Alassane Ouattara n’a pas du tout modifié la constitution expressément en vue d’un troisième mandat, comme l’a prétendu la junte au pouvoir de façon mensongère ? Cette ambition d’être candidat en 2020 n’était pas du tout dans l’agenda du président Alassane Ouattara au moment de la mise en place d’une nouvelle constitution. Ainsi donc le narratif servi à l’Onu par la junte est totalement mensonger et contraire à la réalité ivoirienne.
En effet, tout le monde se souvient que le parti au pouvoir avait désigné feu Amadou Gon Coulibaly pour être candidat du Rhdp. Alassane Ouattara avait auparavant annoncé, et acté ainsi sa retraite politique. Le retour récent au Rhdp de Mabri Toikeuse, est d’ailleurs une occasion pour la junte au Mali de se souvenir que le retrait du président Alassane Ouattara de la course à un autre mandat, avait suscité des frustrations et même les départs de Marcel Amon Tanoh et de Mabri Toikeuse au sein du parti au pouvoir, avant même que se dessine et s’impose au chef de l’État en exercice l’enjeu d’une autre candidature. Abdoulaye Maïga a donc tout faux dans son narratif.
En écoutant à l’AG de l’ONU, le putschiste habillé en boubou Bazin blanc ce samedi 24 septembre 2022, on se croyait encore dans la période août, septembre, octobre, novembre 2020. En effet à l’ONU Abdoulaye Maïga a carrément récité le message des tenants de l’ex-comité national de transition (CNT) issue de l’opposition ivoirienne, au moment où ils s’opposaient avec véhémence et violence à la candidature du Président Alassane Ouattara dans le cadre des élections présidentielles d’octobre 2020. Le disque est rayé désormais avec une opposition qui n’a plus les mêmes thématiques. Alors de quoi se mêle la junte de Bamako ?
Invectives, provocation, irresponsabilité
Manifestement le Mali a fait le choix du chemin de l’invective, de la provocation et de l’irresponsabilité à l’égard de plusieurs autres entités . C’est ainsi qu’avant son commentaire erroné et mensonger sur la Côte d’Ivoire, le porte-parole de la junte au pouvoir à Bamako s’en était déjà pris à la France, au président de la Guinée Bissau qui fut pourtant lui-même un peu révolutionnaire et iconoclaste comme les actuels putschistes de Bamako (et qui depuis s’est assagi et apaisé sous le poids des responsabilités), au secrétaire général de l’ONU.
Au nom d’une souveraineté factice et de propagande, au nom également d’une liberté d’expression qui n’existe toutefois pas à Bamako pour toutes les voix dissidentes, la tribune de l’AG de l’ONU a été transformée en espace populiste pour menacer de représailles tous ceux qui vont penser des choses contraires à la logique idéologique de Bamako : ” Le Mali et son peuple ne seront pas des spectateurs face aux assauts et l’adversité : pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité, pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité”. Voire !
Les autres diatribes d’un discours digne des temps anciens
S’adressant au secrétaire général de l’Onu, Abdoulaye Maïga a menacé de tirer les conséquences de droit de sa position sur les militaires ivoiriens, en ces termes : « Excellence M. le Secrétaire Général, votre position sur l’affaire des mercenaires a été suivie par certains responsables d’Afrique de l’Ouest, donc c’est sous votre couvert, que nous leur adresserons des messages(…) Le Mali tirera toutes les conséquences de droit de vos agissements ». Ni plus ni moins….
Sans gants ni égards pour le président de la Cedeao
À l’égard du président en exercice de la Cedeao et président bissau-guinéen Umaro Cissoko, le porte-parole des putschistes de Bamako a dit : « Nous avons pris acte de la menace de sanctions proférée contre le Mali, et loin d’être impressionné par des sanctions, je voudrais signaler au Président en exercice de la CEDEAO, qu’à la fin de son mandat, les peuples ouest-africains le jugeront sur les efforts qu’il a fournis pour améliorer les conditions de vie des populations et non des show médiatiques servant des agendas étrangers ».
Issu d’un processus démocratique au Niger, Bazoum traité d’être un étranger devant le monde entier
Concernant Mohammed Bazoum, Monsieur Maïga a fait remarquer que le Gouvernement de la Transition du Mali n’a jamais réagi à ses propos qu’il considère comme injurieux pour deux raisons cumulatives. «La première raison tient au respect de l’héritage laissé par nos ancêtres, qui consiste à ne pas répondre aux injures par des injures. La seconde raison relève de l’identité de M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger. Nous savons que le peuple nigérien frère du Mali, se distingue par des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très riches. M. Bazoum n’est pas un nigérien, son comportement nous réconforte totalement dans notre constat », a en effet affirmé Monsieur Maïga sans aucune crainte ni aucun égard pour l’incident diplomatique que peut provoquer les effets de ce sans gants diplomatiques.
Pourtant cela n’a aucun rapport avec la position que le président du Niger avait exprimée. En effet Mohammed Bazoum s’était contenté de déplorer le comportement de Bamako en notant qu’il s’agissait d’une trahison à l’égard du chef de l’État ivoirien compte tenu de l’engagement de celui-ci en faveur de la levée des sanctions de la Cedeao contre le Mali. Était-ce suffisant pour mériter qu’il prenne une balle perdue, comme d’ailleurs le SG de l’ONU ?
Le régime français qualifié de junte au service de l’obscurantisme
Paris et Macron n’ont pas été épargnés dans un accent qui a rappelé aussi bien Choguel Maïga, que Abdoulaye Diop qui ont déjà défendu là réthorique de l’abandon du Mali en plein vol par l’actuel gouvernement français. Un accent qui montre jusqu’à nouvel ordre que les principaux acteurs de la junte à Bamako, sont sur la même longueur d’ondes. Cela montre également que ça fait mal, très mal même à la transition en place à Bamako d’être qualifiée de junte. Et comme la junte a promis rendre coup par coup, alors elle s’est autorisée à considérer le régime en France comme une junte au service de l’obscurantisme. La précaution qui a consisté à faire une distinction entre la junte française présumée et le peuple français, suffit-elle à faire passer une pilule qui ne passe pas aux yeux de la junte à Bamako, à savoir être traité de putschiste ?
Des putschistes et une junte qui cherchent à traiter de junte des régimes civils et démocratiques
En effet, tout le monde sait que les autorités de la transition à Bamako qui refusent d’être qualifiées de junte, prétendent incarner les aspirations du peule malien, même en l’absence d’un mandat issu des urnes. Assimi Goïta et ses colonels n’ont pas été élus. Ils sont arrivés pouvoir par les armes, par un coup d’État. Pourtant c’est eux qui n’ont pas été élus, qui voient comme non légitimes des dirigeants issus des urnes en France et au Niger, ou des dirigeants à qui ils peuvent donner des leçons. Ainsi va non le monde, mais le Mali des colonels au pouvoir depuis août 2020, un coup d’État qui a été marqué par une rectification, une autre coup d’État quelques mois plus tard, quand les militaires ont perdu le contrôle et la main mise sur le pouvoir.
C’est dans le même ordre d’idées que les hommes du coup d’État à Bamako tentent d’impliquer la Côte d’Ivoire dans leurs calculs opportunistes, en se saisissant de façon mensongère de la question du mandat actuel du chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara. Des paroles provocatrices sans aucun effet sur le cours des choses…
Philippe Kouhon