Rencontré à Lomé lors du Sommet des Chefs d’États et de gouvernements africains sur la sécurité et la sûreté maritime et le développement en Afrique, le Directeur général du port autonome d’Abidjan Hien Sié a accepté d’échanger sur la santé du port d’Abidjan et la problématique posée par le sommet qui s’est déroulé du 10 au 15 Octobre 2016.
Comment se porte le Port autonome d’Abidjan aujourd’hui ?
Le port d’Abidjan va bien. Le port d’Abidjan arrive à assurer les dispositions en vigueur en Côte d’Ivoire, arrive à assurer la performance de l’économie dans les conditions que nous tentons d’améliorer. On se dit qu’on aurait pu le faire dans des conditions meilleures surtout en termes de qualité-prix. Nous avons espoir qu’à la fin des mises en place du plan stratégique 2013-2018, le port aura un autre visage.
Vous êtes présent à Lomé dans le cadre du Sommet de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. Quel sens pouvez-vous donner à un tel évènement ?
Merci de nous donner l’occasion de parler de ce qui nous emmène à Lomé. Il s’agit justement d’un sommet des chefs d’États et de gouvernements relatif à la sécurité maritime. C’est des enjeux importants en terme d’économie et nous, dirigeant de port, vous comprenez que nous ayons un intérêt particulier pour ce type de sommet. Parce que de ces instructions qui sont prises des fois par ces types de sommets, défendent parfois la sûreté dans les ports et les eaux territoriales. 90% des échanges du monde, ce font par la mer. Et l’intégrité de ces marchandises-là est importante pour le ravitaillement des économies et des exportations. Et si quelque part, on n’a pas l’assurance qu’il y a une sécurité et une sûreté sur les mers, ça hypothèque l’approvisionnement, les économies des pays. Les chefs d’États se saisissent du sujet. Après Yaoundé, vous avez aujourd’hui, Lomé. C’est dire combien le sujet est important. Et à ce sommet, nous sommes là, parce que techniciens. Notre rôle a consisté à aider à préparer un peu les éléments techniques pour permettre aux chefs d’États de plancher et de prendre des décisions qui nous permettrons d’avancer sur la question.
Un sommet sur les questions de sécurité et de sûreté maritimes, laisse entrevoir qu’il y a vraiment problèmes. Alors au niveau de la Côte d’Ivoire, vous qui êtes le directeur général du port d’Abidjan, quels sont les difficultés auxquels vous êtes confrontés relativement à ce fléau ?
Disons que, on n’attendra pas que les problèmes se posent réellement. Chacun fait son expérience, parfois on tire aussi les leçons des expériences des autres. Vous savez, cette histoire de piraterie maritime, c’est vieux, ça n’a pas commencé par nous. Sauf qu’aujourd’hui, l’économie mondialisée, les échanges étant vraiment par la mer, le problème se pose de plus en plus et ça intéresse vraiment le monde. D’abord c’était la corne de l’Afrique pendant longtemps, mais avec les expéditions et des actions volontaristes, ça été un peu endigué mais ce phénomène se propage maintenant sur le golfe de Guinée. La Côte d’Ivoire n’est pas particulièrement exposée. Mais vous savez que la Côte d’Ivoire n’est pas loin des zones qui sont des zones de perturbation en la matière, le delta du Niger notamment et aujourd’hui, il s’agit de prévenir pour que le phénomène ne déborde pas cette zone là pour se retrouver dans les autres eaux territoriales. Mais ce n’est pas que ça. Un sujet comme ça, ne se limite pas qu’à cela. Aujourd’hui il s’impose dans le cadre de cette lutte-là, qu’il y ait une harmonisation de la réglementation , qu’il y ait des passerelles entre les États et sur le plan réglementaire et judiciaire, que les législations s’adaptent aux phénomènes nouveaux. Vous avez vu le cas où un pirate a été arrêté, dans les eaux territoriales nationales, et que son jugement pose problème. Il faut arriver à trouver des éléments juridiques qui prennent en compte ces choses-là. Au niveau des ateliers, nous en avons parlé et nous espérons qu’il y aura des suites favorables aux résolutions des chefs d’États.
Un problème aussi que nous avons au niveau de la Côte d’Ivoire, c’est le litige maritime avec notre voisin le Ghana. Est-ce que le Sommet prend en compte ce genre de questions ?
Je ne suis pas bien placé pour parler de ce genre de sujet. Quand les chefs d’États se retrouvent, il y a des choses qu’ils règlent entre eux. Et généralement, c’est des choses qu’ils gèrent dans l’intérêt des peuples. Je pense qu’ivoiriens et ghanéens ont décidé de résoudre ce problème-là dans l’intérêt des peuples, sans désordre sans problème particulier. Ces ressources appartiennent aux hommes et ce n’est pas ces ressources qui vont perturber le bon voisinage entre les deux pays.
Est-ce que la Côte d’Ivoire a déjà été victime d’actes de pirateries en mer ?
On a eu dans les années 2012-2013, deux cas qui avaient été signalés. Il faut souvent distinguer la piraterie de certains problèmes mafieux. Très souvent les navires qui en sont victimes, sont des navires pétroliers. Et ce ne sont même pas des navires de pétrole brut. C’est du pétrole raffiné. Quand un bateau est arraisonné quelque part, par des gens qui ne sont pas habilités à le faire, on parle d’acte de piraterie. Mais quelque fois l’équipage du bateau peut en être responsable. Il faut arriver à faire la distinction. Je pense que les services compétents de l’État sont là pour régler ce genre de situations. Effectivement, on a eu deux cas. Mais les dispositions ont été prises. La marine s’équipe. Au niveau du port aussi on s’est donné les moyens de pouvoir aller un peu en mer. C’est clair que quand on met de la dissuasion, ces chose-là disparaissent d’elles-mêmes. Donc depuis lors, on n’en a pas entendu parler heureusement.
Le directeur de l’Académie des Sciences et technique de la mer, Karim Coulibaly, un des experts lors de ce sommet, a dans son intervention dit qu’il fallait mettre l’accent sur la formation. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Evidemment. Ce n’est pas des domaines où n’importe qui peut avoir des succès. C’est des spécialités, c’est un background scolaire qui peut vous aider à être efficace en la matière. Déjà même pour être marin, il faut avoir une formation. C’est des actions qui sont souvent menées par des civils, par des militaires mais aussi il faut qu’il y ait des formations. Karim Coulibaly qui est le directeur d’un centre maritime est bien placé pour dire ce qu’il faut en la matière. Effectivement ça ne peut pas se faire sans formation et sans connaissance en la matière.
Quels sont vos attentes par rapports à ce sommet ?
Déjà ça mérite d’avoir été programmé. Quand les chefs d’États malgré les calendriers chargés se déplacent pour ces choses, vous comprenez bien que ça de l’intérêt. Les institutions ont travaillé. Vous avez vu, la salle était pleine. Les gens sont venus de partout, des experts en la matière, tout le monde était là. Les échanges que nous avons eus, ce que nous avons entendu et ce que nous savions, c’est déjà un plus. Les recommandations ont été faites aux décideurs. On a bon espoir que ces choses-là, mises en œuvre peuvent nous aider à lutter contre ce fléau.
Korona Sékongo, envoyée spéciale