C’est un gouverneur sans langue de bois qui s’est adressé à Afrikipresse.fr le 12 avril 2016 , dans le cadre de notre série de reportage à Yamoussoukro la capitale politique ivoirienne , sur les 70 ans du PDCI-RDA. Entretien avec Augustin Thiam qui déballe ses vérités sur les 70 ans du PDCI, à ses détracteurs, sur les projets pour la capitale politique et son cadet Tidjane Thiam du crédit suisse…
En votre qualité de gouverneur Rdr du District de Yamoussoukro , quelle lecture faites-vous de la célébration des 70 ans d’existence du PDCI, parti allié ?
Je n’ai pas une façon particulière de voir cette célébration. Le Pdci, très longtemps, a été le creuset unique dans lequel se sont formés tous ceux qu’on peut appeler les pères de l’indépendance ivoirienne. Le cadre qui a révélé des cadres de haut vol d’État , de grands hommes d’État. De grandes figures politiques. Pour ne citer que Félix Houphouët Boigny, Philippe, Grégoire Yacé, Jean-Baptiste Mockey, Gervais Koffi Gadeau , Charles Donwahi…qui sont décédés aujourd’hui, avec mon père Amadou Thiam. Ce sont eux qui ont façonné la Côte d’Ivoire qui le leur doit aujourd’hui. Mon grand-père maternel fait partie de ceux qu’on appelle les pionniers du PDCI. Le jour où ils ont créé le PDCI à l’Etoile du sud, à Treichville, mon grand-père était là, tout en n’étant pas PDCI. Le père de ma mère fait partie des pionniers du PDCI. Voilà, donc en tant qu’Ivoirien , je dois beaucoup au PDCI.
Vous dites que vous devez beaucoup au PDCI ; pourtant, vous n’avez jamais milité officiellement au sein de ce parti. Vous avez même, selon certains de vos détracteurs, contre toute attente, ‘’atterri’’ au Rdr. Ce qui n’est d’ailleurs pas du goût de plusieurs de vos proches, ici à Yamoussoukro ?
Je réponds que moi, mon seul parti, c’est la Côte d’Ivoire. Ce qui est important à mes yeux, ce n’est pas dans le parti où je milite mais plutôt ce que je fais au quotidien pour mon pays. Comme l’a dit le président Houphouët qui disait : «ai-je fait, ai-je bien fait pour mon pays ? » C’est ça qui me fait bouger. Le parti où je milite, à la limite, ce n’est pas important. Suis-je utile à mon pays ? Est-ce que je rends à mon pays tout ce qu’il m’a donné , à travers l’école primaire, pour aller à l’école, le collège, puis le lycée pour aller passer le Bac, l’université pour devenir médecin ? En retour de tout cela , je me demande qu’est-ce que j’ai fait pour mon pays ? Suis-je utile à mon pays ? C’est la seule question à mon sens qui a lieu d’être posée.
Au vu de votre choix politique, certains de vos proches ne cachent pas leur désarroi surtout que baptisé ‘’Nanan’’, vous êtes aujourd’hui le garant moral de la résidence de feu Félix Houphouët Boigny à Yamoussoukro?
Est-ce que je suis un mauvais garant ? Est-ce que je ne représente pas bien ma famille ? Suis-je un mauvais gouverneur ? Est-ce que je suis un mauvais chef ? Est-ce que je fais bien ce que je dois faire ? C’est cela la question. Je ne milite pas au PDCI, c’est accessoire. Est-ce que je fais bien ce que je dois faire ? C’est cela la question ? Si la question est oui, le reste n’a aucune importance. Aujourd’hui, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié s’appellent ‘’grand-frère, petit frère’’. Où est donc le problème me concernant ? Sincèrement, je ne vois vraiment pas le problème. Si j’étais devenu un djihadiste qui détruisait la Côte d’Ivoire, on pouvait peut-être me le reprocher. Mais du RDR où je suis, j’aide à la construction de mon pays. C’est tout ce qui doit être pris en considération. Pour le reste, je ne sais pas de qui vous parlez , mais ce sont des gens qui ont l’esprit étroit qui pourraient avoir un tel raisonnement. Mon père et ma mère étaient tous les deux musulmans et je suis catholique aujourd’hui ! Ça on ne me le demande pas! Mais, mon grand-père était PDCI et je suis RDR, ça on me le demande, pourquoi ? À travers l’Islam et l’Église Catholique, c’est le même Dieu que l’on sert, de la même façon à travers le RDR et le PDCI, c’est la même Côte d’Ivoire que je sers. Voilà tout ce qui est le plus important à mes yeux.
On vous reproche aussi de faire plus de politique que l’action réelle pour le développement de Yamoussoukro ?
Pas du tout ! Je vous apprends que nous devons imiter le père créateur, Félix Houphouët Boigny qui a construit pour la durée. Nous avons en tant que Gouverneur, plusieurs projets. En tant que gouverneur, nous avons terminé l’écriture de ces projets qui sont immenses, en collaboration avec nos partenaires extérieurs. C’est une stratégie de développement pour Yamoussoukro qui englobe tous les projets d’investissements que nous allons réaliser dans les 15 prochaines années qui s’élèvent autour de 500 milliards de Francs Cfa. Nous allons par exemple construire une autoroute de contournement de Yamoussoukro de 33 kilomètres de long. Nous sommes en train de faire des études, ça sera une autoroute à péage (…). Cela va faire la jonction entre l’autoroute qui vient du sud et celui qui part à Tiébissou et Bouaké…Nous avons par exemple un projet d’abattoir et un projet de construction de 5mille logements. Nous avons également un projet de construction d’un super marché trois ou quatre fois plus grand que Cap sud. Tout cela est en cours, nous avons trouvé des investissements. ..
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Au niveau de Yamoussoukro, on parle d’un conflit d’autorité entre le maire et vous. De quoi est-il question ?
Pas du tout ! Pour la réalisation de ces projets au sein de la commune de Yamoussoukro, c’est avec le concours du maire. Le maire, il gère la commune, et le gouverneur que je suis, en plus de la commune, mes compétences font jusqu’aux sous-préfectures. D’ailleurs en sa qualité de maire, il fait partie de mon Conseil.
Dites-nous un mot au sujet de votre cadet, Tidjane Thiam qui est l’actuel directeur général de Crédit suisse. L’on dit qu’il a désormais tourné dos à la Côte d’Ivoire ?
Non, pas du tout ! Et à chaque fois, cette question me revient (…), je dis la même chose. C’est un ‘’enfant’’ très intelligent, et c’est une fierté pour la Côte d’Ivoire. Il a toujours été premier partout. De la maternelle, jusqu’à l’Ecole polytechnique. Le jour où il est deuxième, il pleure. Je crois qu’il représente une fierté pour la Côte d’Ivoire et il a encore son avenir devant lui. Car, si vous continuez à vous satisfaire de ce que vous êtes, vous n’avancez plus. Il faut toujours vouloir avancer. Toujours vouloir être meilleur, toujours vouloir être devant. C’est ce qui nous fait tous avancer et c’est ce qui fait avancer le pays.
Claude Dassé