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    Rencontre avec Thierry Sinda sur le 19e Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs

    Rencontre avec Thierry Sinda sur le 19e Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs
    Publié le
    Par
    Yaya Kanté
    Lecture 6 minutes
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    Le 19e  Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs est dédié à la pauvreté et à l’idée nouvelle de Micro-crédit-relais. Il  aura lieu à Paris les 25, 26 et 27 mars 2022. Il a pour parrain Martial Sinda, poète révéré et professeur honoraire en histoire contemporaine à la Sorbonne, lequel  fut à l’époque coloniale un compagnon de lutte du poète et écrivain Bernard Dadié. Le festival est animé par l’acteur et metteur en scène Moa Abaïd. Rencontre avec Thierry Sinda le président-fondateur du festival  et l’initiateur du Micro-crédit-relais.

    Pourquoi avoir choisi pour la 19e  édition du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs le thème « l’éphémère pauvreté, la poésie s’engage en micro-crédit-relais » ?

    Nous sommes des poètes engagés dans la cité, et en tant que poète, c’est-à-dire en tant qu’être hypersensible, nous sommes accablés, peut-être plus que les autres, par la misère qui nous entoure. Il est donc tout  fait normal que nous nous engageons pour lutter contre la misère. Ce qui me paraît anormal, c’est qu’à ma connaissance, il n’y a pas de réunion poétique, arborant l’étendard de la lutte contre la pauvreté. Le poète, tout comme les artistes populaires de variété, peut par l’intermédiaire de son art, attirer l’attention sur la pauvreté dans le monde pour contribuer à la juguler. J’ai fait dernièrement des recherches pour une anthologie sur la pauvreté, en préparation, je me suis rendu compte que beaucoup de grands poètes chantaient l’amour, étalaient leur peine de cœur, affirmaient une identité collective sans avoir la moindre empathie envers les pauvres. Parmi ceux qui évoquent la pauvreté j’ai dégagé quatre catégories : les poètes bohèmes : Arthur Rimbaud, Dox (auteur malgache de renom), Jean-Marie Giraud dit Bodèche (auteur français oublié du 19e siècle) ; les poètes dénonçant la pauvreté due à l’esclavage et à la colonisation : Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Habib Osmani (auteur du cercle de la Néo-Négritude) ; les poètes en exil traversant des crises financières : Martial Sinda, Henri Moucle ; les poètes humanistes : Victor Hugo, moi-même et quelques autres.

    Vous n’avez pas précisé la deuxième partie du thème du 19e Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs : « le Micro-crédit-relais »

    Lorsqu’il le peut, le poète doit aller plus loin que l’engagement par le verbe miraculeux. Nous sommes des poètes de la Néo-Négritude, des poètes dans l’action. C’est ainsi, comme j’aime  à le dire poétiquement, après avoir été choqué émotionnellement par des situations d’extrême pauvreté, je me suis assis au bord d’un lac, et ma muse m’a inspiré le Micro-crédit-relais. Tous les outils pour lutter contre la pauvreté et les usuriers ont été mis au point par des  utopistes au cours des siècles : Tonti, Robert Owen, Charles Fourier, Saint Simon, et plus proche de nous Muhammad Yunus du Bengladesh, prix Nobel de la Paix en 2006. Personnellement, dans le même esprit rêveur, j’ai initié le Micro-crédit-relais. Avec des fonds levés dans le Nord on fait un micro-crédit à fonds perdus à un micro-entrepreneur du Sud, lequel remboursera avec ses bénéfices un second micro-entrepreneur en dotation de capital, le second fera la même chose avec un troisième micro-entrepreneur et ainsi de suite jusqu’à la création de 10 micro-entreprises solidaires ayant le même capital. D’où l’appellation de Micro-crédit-relais que j’ai choisi. Vous voyez que les rêveurs, les poètes ne sont pas totalement inutiles. Je prépare un livre sur la question qui sera mi-poétique, mi micro-développement. Il s’intitule Poèmes sur la pauvreté de Victor Hugo à Aimé Césaire suivi de Une idée nouvelle le Micro-crédit-relais.

    Le festival sera une sorte de lancement de votre concept de Micro-crédit-relais ?

    Oui tout à fait ! Grâce à des médias comme les vôtres, nous allons sensibiliser les gens à la pauvreté et au Miro-crédit-relais dans le but de lever des fonds  dans le Nord et de faire une expérience pilote  dans le Sud, à Tuléar, en terre Malgache. 

    Comment se déroulera la 19e édition du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs ?

    Le Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, c’est aussi de  beaux moments d’émerveillement en perspective où se mêleront poésie, danse et chant. Car dans la tradition négro-africaine la poésie est insécable du chant et de la danse. Au cours de ce week-end de la poésie des Afriques sur les bords de la Seine, nous allons investir des lieux très différents. L’ouverture se fera dans le restaurant africain Mienady situé à Château-Rouge : le fameux quartier africain de Paris. Il est important pour nous que la poésie des Afriques dialogue avec les mets et boissons des Afriques. C’est notre façon d’affirmer pacifiquement notre présence sur les bords de la Seine, et de la faire apprécier par nos amis français. La France est un pays fraternel de par ses racines, les haineux de tout bord ne pourront guère pousser durablement sur le sol de France. Le deuxième jour, nous investiront la Librairie avant-gardiste La Lucarne des écrivains. Pour des poètes, des auteurs, c’est un lieu de passage obligé. Nous y rendront hommage Moune de Rivel, une  grande de la chanson créole, une diseuse de poèmes, une muse des poètes de la Négritude. Nous rendront hommage aussi à la poétesse bénino-brésilienne Sophie Cerceau qui nous a récemment quittés. Les poètes et artistes pourront s’exprimer lors de scènes ouvertes. Au niveau du débat des idées le cinéaste et dramaturge antillais Julius-Amédée Laou nous présentera son nouveau livre : la Métropole, le pays des grands et beaux bwana. La clôture se fera à la Société des poètes français située au Quartier Latin, qui diffuse son enseignement à travers les cinq continents via le Collège de France, la Sorbonne, et les lycées prestigieux de classes préparatoires pour l’agrégation. C’est pour nous un honneur et une reconnaissance de passer par cette institution plus que centenaire, fondée à la mort de Victor Hugo.

    Pouvez-vous nous donner quelques noms des participants au festival ?

    Je vais vous énumérer tel que indiqué sur notre programme : Pascale Rabésandratana (qui est aussi l’auteur de l’aquarelle « La petite vendeuse de bananes » de Tuléar figurant sur l’affiche de la 19e édition ), Henri Moucle et Denise Chevalier (Martinique, membres du cercle de la Néo-Négritude), Gilles M’Arche (France), Julius-Amédée Laou (Martinique, cinéaste et dramaturge connu), Alain-Alfred Moutapam (bénino-camerounais, fils du grand peintre Armand Pascal Anianbossou), Rocky A. Harry Rabaraona (ancien chanteur du groupe yéyé Les Surfs), Daniel Illemay (Martinique), Cheryl Itanda (Gabon, poète et éditeur), Ivydall (Barbade), Michel Brissac (France), Marie-France Danaho (Guyane, figure de la poésie guyanaise), Francine Ranaivo (Madagascar, nièce du poète de renom Flavien Ranaivo), Pascal Batista (France, auteur-compositeur-interprète de talent), Giselle Déloumeaux (Guadeloupe, diseuse de poèmes), Nadia Guerbas (Algérie), Michaël Udofia (Nigéria), Jean-Baptiste Tiémélé (Côte d’Ivoire, l’un des premiers acteurs du cinéma ivoirien), Romuald Chery (Martinique, membre du cercle de la Néo-Négritude), Hanitr’Ony (présidente de l’Association des poètes et écrivains malgaches section France), Abel Gousseine (Congo), Amadou Gaye (Sénégal, acteur et photographe connu), Abad le prince des poètes ( performer de talent), Kam Kama (auteur antillais de BD engagées), Serge Félix-Tchicaya (neveu du poète de renom Tchicaya U Tam’si), Cécile Aveline-Collot (France, auteur d’une trentaine de livres traduits en plusieurs langues) et Jade Achard (franco-malgache, tout juste majeure,  benjamine de l’événement, et arrière-petite-nièce du poète de la Négritude Flavien Ranaivo qui figure dans l’Anthologie de Senghor). 

    Site du festival : www.neonegritude33.afrikblog.com 

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