Comment faire pour résoudre les crises sociales au Bénin (crise à l’Université d’Abomey-Calavi, crise entre le gouvernement et les syndicats, etc.) ? Madame Nouratou Zato Koto Yérima, chargée de programmes à la fondation Friedrich Ebert Stiftung à Cotonou a accepté d’echanger sur la question avec Afrikipresse.fr. Selon elle le climat de méfiance entre les différents acteurs est un verrou qu’il faut sauter. Par ailleurs elle invite les dirigeants à s’approprier le principe de la bonne foi.
« Ce qu’on regrette de plus en plus entre les acteurs impliqués dans la résolution des crises sociales, c’est qu’il y a un climat de méfiance entre eux. Et ça c’est le premier verrou qu’il faut sauter, parce qu’on ne peut rien construire dans la méfiance. Une fois que ce verrou sera sauté, l’on pourra améliorer le cadre juridique. Dans la charte sociale qui va être signée par les centrales et confédérations syndicales et le gouvernement, il y a un certain nombre de dispositions qui visent à améliorer ce cadre juridique là. Si ce cadre est amélioré, les organes qui ont en charge le dialogue social au Bénin, et qui ne faisaient pas correctement leur travail de prévention, vont pouvoir le faire. Lorsque les crises dégénèrent et atteignent un point culminant, et que les organes constitutionnellement reconnus pour la résolution des crises tels que le Conseil économique et social (Ces) veulent intervenir, ceux-ci ne sont pas vu d’un bon œil par les partenaires sociaux parce qu’ils pensent que ces organes-là auront un parti-pris , leurs dirigeants étant nommés par le gouvernement. Or, ces organes jouent un rôle très important. »
Madame Nouratou Zato Koto Yérima met également l’accent sur le respect de la parole donnée et le principe de la bonne foi que doivent s’approprier les dirigeants pour une bonne résolution des crises sociales. « Il nous faut au Bénin un organe indépendant et permanent, chargé de la résolution des dialogues sociaux. (…). Aussi, ce que nos dirigeants doivent faire, c’est d’ouvrir automatiquement le dialogue quand il y a crise. C’est le principe de la bonne foi. Et nos dirigeants doivent se l’approprier. C’est très capital ! Il ne pas attendre que les crises s’enveniment avant d’ouvrir le dialogue. Il faut qu’ils anticipent. Et quand ils prennent des engagements au cours des négociations, il faut qu’ils les respectent. La parole donnée en Afrique est sacrée ! Quant aux partenaires sociaux, il faut qu’ils se forment et s’informent davantage et qu’ils sachent qu’on ne va pas à une table de négociation pour tout avoir. Il faut qu’ils fassent des concessions. »
Ariel Gbaguidi