À l’image des faux bitumes, le monde sportif connaît aussi le phénomène de faux gazon sur les airs de jeux. Plusieurs fois critiqué, les Éléphants de Côte d’Ivoire viennent d’être victimes de l’état des gazons plantés en vue d’accueillir la 33ème édition de la coupe d’Afrique des nations qui se déroule au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022.
Lire aussi : CAN 2021 : Maroc, Nigeria, Guinée, Cameroun et Burkina Faso qualifiés, 11 pays entre doutes et espoirs
Le monde entier a été surpris du geste du portier des Éléphants de Côte d’Ivoire au cours du temps additionnel face à la Sierra Léone le dimanche 16 janvier dernier au stade Japoma de Douala. Un faux geste qui trouve des explications aux conséquences prévisibles : l’état du gazon.
C’est l’ancien international sénégalais, Demba Ba, qui le premier tance la qualité des pelouses camerounaises. Dans une sortie au vitriol publiée le 12 janvier 2022 sur le site www.africatopsports.com, le consultant de la chaîne indique en substance que « la pelouse du stade Japoma de Douala, où s’est déroulé le match Algérie-Sierra Léone n’est pas de bonne qualité ».
Pour l’ancien Lion de la Teranga, cet espace de jeu est tout simplement « catastrophique et ne permet pas de pratiquer un football convenable ».
Lire aussi : CAN 2021 : Vincent Aboubakar égale le record de neuf meilleurs buteurs et menace cinq autres artificiers
Le consultant de la chaîne de télévision qatari beIN SPORTS à l’occasion de cette CAN 2021 est sentencieux sur son compte Tweeter : « Vraiment j’aime mon Continent, mais quand je vois l’état de la pelouse ça me fait mal ». L’ancienne star de Chelsea et de Newcastle n’est pas le seul à décrier le piteux état des pelouses des stades camerounais.
Pour sur son site web, le journal Le Point Afrique les désigne comme « de véritables champs de patates où il est peu évident de pratiquer du jeu ». Et le journal français de revenir sur la blessure du gardien de la Côte d’ivoire, Badra Ali Sangaré, lors du match contre la Serra Léone (2-2) le 16 janvier 2022 au stade Japoma. Selon plusieurs internautes, « sa sortie ratée et sa blessure sont le fait de cette pelouse ».
Les clubs européens et la CAN 2021 : À tort ou à raison
L’état des pelouses aurait-il fini par donner raison aux clubs européens qui avaient refusé de libérer leurs internationaux pour venir disputer cette CAN au Cameroun ? Leur inquiétude n’a d’égale que le risque élevé de blessures de leurs meilleurs joueurs.
Pour expliquer le mauvais état des pelouses camerounaises, plusieurs compétiteurs, à l’exemple du Sénégalais Sadio Mané qui évolue à Bafoussam, pointent un doigt en direction de « l’enchaînement des rencontres le même jour dans le même stade. Du coup, le risque de détérioration des pelouses est élevé. »
Lire aussi : CAN 2021- Cissé Abdoul Karim (Gardien des Éléphants) : “Nous sommes sous pression mais …”
Dans un contexte où le Cameroun a obtenu l’attribution de cette Coupe d’Afrique des nations en 2014, le pays n’a aucune excuse sur la piètre qualité des pelouses alors qu’il a eu huit ans pour se préparer afin quelles ne se décapent pas au moindre tacle comme on l’observe depuis le début de la compétition.
Le scandale de Garoua
En 2019, l’on se souvient que le ministre camerounais des Sports et de l’éducation physique (Minsep) avait écrit au président de la République, en qualité de maître d’ouvrage des 4 stades d’entraînement que construit Prime Potomac à Garoua, le chef-lieu de la région du Nord où se jouent les matches de la poule D.
Narcisse Mouelle Kombi demandait alors à Paul Biya « le retrait des 4 marchés ». Il arguait « l’incapacité de Prime Potomac à conduire jusqu’au bout lesdits chantiers ».
Lire aussi : CAN 2021-Groupe E : La foi de Cissé Abdoul Karim pour la qualification après Côte d’Ivoire-Sierra Leone
Pourtant, tous ces marchés étaient déjà au stade des finitions. Ce n’était pas la première fois que le Minsep tentait un passage en force pour faire attribuer la sous-traitance du marché de gazon à l’entreprise française Gregori.
Il avait déjà été bloqué quelques mois auparavant par la commission interministérielle mise en place par le Premier ministre et qui avait recommandé l’attribution dudit marché à l’Italienne Sartori dont la facture était de 400 millions FCFA contre 1,6 milliard exigé par le poulain du Minsep.
À cause des atermoiements du Minsep, Prime Potomac avait observé un arrêt de chantier de 6 mois au terme desquels le gazon, de type Bermuda Tiffway 419, adapté pour les zones désertiques, avait jauni et donnait l’impression d’être brûlé.
Lire aussi : CAN 2021-Face à la Côte d’Ivoire Djamel Belmadi (sélectionneur de l’Algérie) avertit qu’il n’est pas encore mort
Narcisse Mouelle Kombi avait alors exigé qu’il décape ce gazon à la reprise des travaux en fin mai 2019. Une décision contraire à l’avis de Prime Potomac qui exigeait qu’on lui laisse 2 semaines pour réveiller le gazon. Ce que réussirent Ben Modo et ses équipes. Malgré ce résultat, le Minsep fera procéder au décapage des gazons. Pour plus tard « dénoncer » une catastrophe annoncée à Garoua.
Le même manège avait été observé sur tous les autres chantiers de la CAN où Narcisse Mouelle Kombi avait insisté pour que des sous-traitants qui lui étaient favorables soient désignés pour la pose du gazon sur les pelouses. Avec le résultat qu’on connaît aujourd’hui qui, selon un internaute camerounais, « souille mon pays » ?
Philippe Kouhon avec Bernard Bangda à Douala