Guillaume Gbato est le secrétaire général du syndicat national des agents de la presse privée de Côte d’Ivoire. Il vient d’être suspendu d’écriture pour une période de six mois. Par une ailleurs, une action pénale est annoncée contre lui. Afrikipresse.fr a recueilli sa réaction.
Quel commentaire faites-vous de la procédure pénale annoncée contre vous devant le Procureur de la République par le Conseil national de la presse (CNP), après le retrait pour 6 mois de votre carte de presse par la même institution ?
En quelle qualité le CNP va-t-il remettre le dossier au procureur ? Pour le faire, il faudrait qu’il ait une qualité. Il se trouve que le CNP n’est ni membre du Synappci, ni agent comptable de l’État , encore moins du FSDP qui a décaissé l’argent. Donc la poursuite pénale est motivée par quoi ? Le CNP est dans une logique de forfaiture et depuis le début, je l’ai dit : Lakpé veut donner un coup de pouce aux patrons de presse pour casser le principal syndicat de la presse en Côte d’Ivoire qui se bat pour les meilleurs conditions de vie et de travail des journalistes de Côte d’Ivoire . Sinon tout ce qui est en cours, ce n’est pas le travail du CNP. En matière de justice, pour porter plainte, il faut avoir un intérêt dans l’affaire. Quel est leur intérêt ? Dites-leur que je suis un monsieur serein. Aujourd’hui, la décision que le CNP a rendue me concernant, tout le monde voit qu’elle est ridicule. (…) Devant la Justice, je vais démontrer que Raphaël Lakpé et certains de ses conseillers sont à la solde des patrons de presse. Aujourd’hui, nous avons mis la barre haut , nous avons mis la pression aux patrons de presse pour faire payer les journalistes à la convention collective et cela ne plaît pas à tout le monde. (…) J’ai été réélu pour un mandat de 5 ans, à la tête du Synappci , et si j’ai des comptes à rendre c’est aux membres du syndicat, pas au CNP.
Selon vos détracteurs, vous vous êtes fait réélire par des personnes non membres du Synappci ?
C’est De Bouaffo qui s’agite, et rêve debout. Nous venons du tribunal. Ils ont dit que je me suis fait élire par des gens qui ne sont pas membres du syndicat et le juge les a déboutés. La décision a été rendue lundi dernier. De Bouaffo a été radié du syndicat et il est actuellement dans le syndicat adverse, le Saappci (Syndicat autonome des agents de la presse privée de Côte d’Ivoire). Puis, en tant qu’organe de régulation, le CNP ne peut pas me poursuivre, il ne faudra pas qu’ils se mentent. Concernant la décision du CNP, elle est d’une légèreté déconcertante et d’une malhonnêteté intellectuelle. L’article 3 de la convention 87 de l’OIT (Organisation internationale du travail), sur la liberté syndicale et du droit syndical interdit à toutes autorités publiques de s’immiscer dans la gestion des syndicats. Un traité qui a d’ailleurs été ratifié par notre pays, le 21 novembre 1961.
Vos adversaires vous accusent de prendre cet article de l’OIT comme alibi pour détourner les fonds alloués au Synapci ?
Ce n’est pas moi qui ai créé cette convention. Elle existe ou pas ? Les fonds ont été mis à disposition pour être utilisés ou pas ? Et ceux qui m’accusent d’avoir détourné l’argent ont-ils des preuves ? Car depuis 7 mois, mes détracteurs n’apportent aucune preuve contre moi. Même le CNP dans la déclaration ne dit pas que j’ai détourné. Voilà le problème. Depuis janvier dernier, je demande qu’on me fournisse toutes ces preuves, ce qui n’a jamais été fait.
Après votre suspension, quelle action comptez-vous mener?
D’abord, comme je l’ai dit, cette suspension est illégale parce qu’on me suspend d’écriture pour des faits concernant le syndicat. Ce qui n’a rien à voir. C’est un abus d’autorité. Je vais donc faire appel, bien entendu de cette décision devant la Cour suprême qui est l’autorité judiciaire compétente en la matière. Puis, je vais prendre tout moyen pour obtenir le départ de Lakpé à la tête du CNP, parce qu’il est dangereux pour la presse, et incompétent. Ces 6 mois seront sans répit pour Lakpé. Et puis, lui qui parle d’éthique, comment mon adversaire Gustave De Bouaffo qui est membre du CNP peut-il assister à mes auditions au CNP et même me poser des questions? Mais attendez, où sommes-nous ? C’est une intimidation qui ne passera pas. Dites à Lakpé qu’il peut compter sur moi pour que justice soit faite et il sera débarqué. Ce monsieur a un passé sulfureux qui est connu. Il est connu comme un mauvais payeur, un mauvais patron de presse qui n’a jamais payé ses travailleurs. Et puis, s’il est vraiment un homme, je lui lance un défi : qu’il accepte un face-à-face, avec moi, à la Télévision. La guerre est déclarée…
Claude Dassé