C’est un vice-président de l’union des forces démocratiques de Guinée -UFDG-, frustré contre des responsables de son parti qui est arrivé dimanche 24 janvier à Conakry. Accueilli au siège national par son président Cellou Dalein Diallo et des sages de la formation politique, Bah Oury n’a pas donné sa langue au chat pour dire ce qui lui fait mal.
« Durant ces quatre années et demi d’exil, j’ai beaucoup vu, j’ai beaucoup entendu, j’ai beaucoup appris. J’ai beaucoup vu de reniement d’amitié, j’ai beaucoup vu de traitrise, j’ai beaucoup vu des personnes que j’estimais me tourner le dos. Ce n’est pas important puisque si ça ne concerne que moi, ce n’était pas grave. Ce qui est le plus important, c’est l’avenir de la démocratie dans ce pays. Et concernant l’avenir de la démocratie durant ces quatre années, je n’ai pas manqué d’alerter, de dire que tel chemin ne correspond pas à notre intérêt et à l’intérêt de la cause. On n’a pas écouté », a lancé le 1er vice-président.
Pendant qu’il lance ces piques , des militants crient : »unité, unité, unité! »
Et M. Bah de répliquer par une interrogation: « Qui peut me parler d’unité ? « Je suis l’incarnation de l’unité qui a fait de l’UFDG ce qu’elle est aujourd’hui. Peut-on parler d’unité lorsque Mamadou Barry a été exclu de l’UFDG ? (murmure au sein de la foule). Je dis et je répète que l’UFDG sera unie. Pourquoi ? Parce que la mémoire des morts nous impose l’unité. Parce que l’avenir de la Guinée dépend de l’unité au sein de l’UFDG. Mais l’unité signifie avant tout, une justice, une clairvoyance des politiques, des positions justes par rapport à l’intérêt national », a-t-il précisé.
Ce qui a le plus marqué dans son propos et qui a mis Cellou Dalein Diallo dans une colère, en présence de Fodé Oussou Fofana et de son épouse Halimatou Dalein Diallo, c’est la phrase suivante de son vice-président : « la politique c’est l’intérêt de la population, c’est l’intérêt national. Ce n’est pas seulement une ambition personnelle. Une ambition personnelle au dessus de l’intérêt national, ça devient du cynisme, cà devient une dictature ».
Se voulant tendre, « docile » mais ferme , Cellou Dalein Diallo reprend la balle au rébond, indiquant qu’il est le Président du Parti. Il explique : « je voudrais inviter mon frère Bah Oury à faire preuve de tolérance pour qu’ensemble nous puissions poter haut le flambeau de l’UFDG ».
Parce que, précise le chef de file de l’opposition guinéenne, « pour que nous soyons à ce stade, nous avons tous travaillé. Les gens ont fait des sacrifices. Bah Oury a joué un grand rôle, nous ne l’avons jamais nié. Chacun a joué sa partition. Chacun de nous doit s’impliquer. Il y’a des frustrations partout. L’intérêt de l’UFDG exige qu’on taise ce qui nous désunit et qu’on exhalte ce qui nous unit. Je suis le président du parti. Je voudrais inviter mon frère Bah Oury pour qu’il fasse preuve de tolérance. Depuis qu’il est en exil, on a travaillé. C’est en restant uni en reconstruisant la confiance et en chassant la méfiance que nous pouvons avancer. Il faut que l’UFDG parle d’une seule voix. Il faut qu’il y ait le débat. Le débat sera ouvert. Le parti, c’est un seul discours ou bien c’est son éclatement. Nous avons besoin de l’unité du parti. Je l’invite à cela. Il y un seul président. M. Bah Oury vient directement après le président du parti. Il ne faut pas que les gens continuent à dire qu’ils sont pro Bah Oury ou pro Cellou. Il faut être simplement pro UFDG. Si on doit appartenir au même parti, il faudra qu’une fois la décision prise que ça soit la décision de tous les responsables du parti ».
Faut-il souligner que l’arrivée du vice-président au siège a été marquée par des échauffourées entre agents de sécurité de Cellou Dalein et ceux accompagnant Bah Oury. C’est après plus d’une vingtaine de minutesde tensions que la situation a été maîtrisée et que les deux forces ont assuré la sécurité des personnes et des lieux.
Aliou BM Diallo