Dans un article récent, le journal français Libération présente Abidjan comme une ville aux deux visages, entre opulence et précarité. La critique de cette “ville miracle ou mirage” reflète une vision partielle, voire méprisante, de la dynamique ivoirienne. Cette analyse appelle une mise en perspective, notamment avec les propres défis et paradoxes de la France.
L’article intitulé « Côte-d’Ivoire : Abidjan, ville miracle ou ville mirage ? » publié dans Libération illustre une perception biaisée de la capitale économique ivoirienne. Bien que soulignant la croissance économique rapide et les projets ambitieux d’Abidjan, l’article insiste sur les inégalités et la précarité sociale, tout en omettant de reconnaître les efforts considérables du gouvernement pour transformer le pays. Une telle critique, émanant d’un pays comme la France, n’échappe pas à la contradiction, car elle pourrait tout autant s’appliquer à Paris, ville aux multiples visages et berceau de défis sociétaux similaires.
Abidjan : des efforts visibles, des défis partagés
Depuis 2011, la Côte d’Ivoire a amorcé une transformation spectaculaire sous l’impulsion de son gouvernement. Avec un taux de croissance annuel avoisinant 7 %, des infrastructures modernes émergent, et Abidjan se positionne comme un hub économique régional. Toutefois, comme toute métropole en développement rapide, les défis persistent : inégalités, pression urbaine et accès aux services publics. Ces réalités ne sont ni spécifiques à la Côte d’Ivoire ni ignorées par ses dirigeants.
Paris : une métropole aux paradoxes éclatants
Paris, ville lumière et symbole de la modernité européenne, incarne également des disparités. La crise migratoire, les manifestations régulières sur les droits sociaux, la gestion des quartiers sensibles et la précarité dans certaines banlieues rappellent que l’opulence et la pauvreté coexistent aussi en France, comme dans d’autres grandes villes de pays développés. Les mêmes critiques de “deux visages” pourraient être dirigées vers Paris, sans qu’elle perde son statut de capitale prestigieuse.
Immigration et exploitation : un autre angle d’analyse
La France critique souvent l’immigration en Afrique tout en profitant des ressources du continent. Depuis des décennies, les multinationales françaises dominent des secteurs stratégiques en Afrique, générant des bénéfices souvent peu réinvestis localement. Paradoxalement, les aides françaises aux pays africains se transforment souvent en dettes, perpétuant une dépendance économique. À l’inverse, la Côte d’Ivoire tente d’ouvrir des perspectives à ses citoyens malgré des ressources limitées.
Qui propose un avenir meilleur ?
La réponse dépend de la perspective adoptée. La Côte d’Ivoire offre à sa population une vision de développement tournée vers l’avenir, malgré les obstacles. La France, en revanche, demeure empêtrée dans ses propres crises sociales et économiques, remettant en question sa capacité à garantir un avenir meilleur à tous ses citoyens.
L’article biaisé de Libération à l’égard d’Abidjan.
Il semble intimiste et peu objectif, eu égard à l’angle d’accroche choisi. L’article peut même pousser au soupçon de condescendance, alors qu’il n’en est rien.
Loin d’être un “mirage”, et sans prétendre être un “miracle” Abidjan reflète une Afrique qui avance, tout en reconnaissant ses défis. Après tout, toute proportion gardée, la ville lumière et la perle de la lagune sont-elles si différentes, ou plutôt n’affrontent-elles pas les défis communs à toutes les grandes villes ?
Par Philippe Kouhon