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    AES vs CEDEAO : les conséquences de la rupture

    AES vs CEDEAO : les conséquences de la rupture
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    La nouvelle année 2025 marque un point de rupture pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. Le 29 janvier prochain, le retrait des pays de la l’AES de la CEDEAO sera effectif. Une décision qui risque d’accentuer l’instabilité sécuritaire et de ralentir le développement de cette sous-région.

    Le 28 janvier 2024, l’alliance des États du Sahel (le Mali, le Niger et le Burkina Faso) annonçait son retrait « sans délai » de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Un an plus tard, le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO est proche d’être officialisé.

    L’organisation en charge de l’intégration territoriale de l’Afrique de l’Ouest, a tenté de retenir les trois pays de l’AES. Le 15 décembre dernier, le président de la commission de la Cédéao, Omar Touray soutenait que : « les portes de la CEDEAO resteront ouvertes » à l’AES durant encore six mois.

    Cet attachement s’explique par la mission unificatrice et inclusive pour l’Afrique de l’Ouest, le fondement même de la l’organisation. Ainsi, le retrait des pays de l’AES constituerait un accroissement de la fragmentation de la région, débutée depuis l’arrivée des gouvernements militaires à la tête du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

    À ce titre, l’AES avait été crée en septembre 2023, contre les mises en garde de la CEDEAO envers les prises de pouvoir non-démocratiques. En conséquence, le retrait de l’AES, freine les projets de développement de l’Afrique de l’Ouest et risque même d’approfondir l’instabilité sécuritaire de la sous-région.

    Un bouleversement économique et sécuritaire

    Si l’objectif principal de la CEDEAO demeure le développement de l’économie Ouest-Africaine, la situation sécuritaire de la sous-région reste indispensable à la réalisation de cet objectif. L’instabilité économique de l’Afrique de l’Ouest s’explique, en partie, par la prolifération de la menace terroriste islamiste. Celle-ci parvient à se mouvoir à travers les États et son évanescence l’a rend difficile à appréhender.

    En ce sens, la réponse au terrorisme doit être transnationale pour pouvoir suivre les allers-retours de la mouvance djihadiste. C’est pourquoi, le retrait de l’AES, épicentre du djihadisme local, est susceptible de creuser un vide sécuritaire en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, Niger et Burkina Faso. Cette fragmentation pourrait profiter aux terroristes, se jouant des dissensions entre l’AES et les États démocratiques de la CEDEAO.

    En cas de séparation, les deux blocs devront réorganiser leur politique sécuritaire. De quoi alimenter une instabilité qui pourrait profiter à des acteurs extérieurs comme les sociétés militaires privées étrangères (Wagner et Sadat). Ces dernières, restent indispensables à la sécurisation des sites stratégiques de l’AES, telles que les exploitations aurifères.

    De cette manière, le retrait de l’AES de la CEDEAO et l’instabilité en découlant, pourrait avoir des effets sur l’économie de la sous-région. En effet, l’AES et ses voisins ouest-africains sont interdépendant au niveau de leurs infrastructures et des biens échangés : (carburant, électricité, denrées alimentaires, produits manufacturés et minerais).

    Or, selon M. Touray : «Le retrait des trois États-membre pourrait entraîner l’arrêt ou la suspension de tous les projets et programmes mis en œuvre par la CEDEAO dans ces trois pays et dont la valeur est estimée à plus de 500 millions de dollars américains ».

    Par conséquent, le prochain retrait de l’AES reconfigurera l’espace économique ouest-africain, devraient perdre en attractivité d’ éventuels nouveaux investisseurs. Ce retrait « irréversible » bouscule l’équilibre d’une sous-région œuvrant pour sa stabilité et son développement. En définitive, avec cette décision l’AES diffuse un vent d’instabilité et poursuit un isolement qu’elle pourra difficilement assumer.

    Constantine Ndoko

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