Il existe des intellectuels «critiques» qui remettent en question la légitimité de l’institution de la propriété privée. Ils jugent idéologiquement la propriété plutôt que factuellement. La propriété privée n’est pas une idée importée de «l’Occident». Il s’agit juste d’un corollaire de la nature humaine.
La propriété commence par notre propre corps
La propriété signifie que nous possédons l’autorité ou l’emprise finale sur une chose. Il transforme les choses trouvées dans la nature en « propriété ». Les premières « choses » que nous possédons en tant qu’êtres humains sont nos corps. En tant qu’individus, nous avons l’autorité finale sur nous-mêmes: nous seuls pouvons contrôler notre corps, notre esprit et notre conscience parce que nous sommes les seuls responsables de nos actions. Ce contrôle exclusif et cette responsabilité créent un lien objectif entre nous-mêmes et nos droits de propriété. C’est ce qu’on appelle la propriété de soi.
La propriété des choses
La terre et les objets ne sont pas conscients. Les animaux sont incapables d’assumer la responsabilité de leurs actions. En tant que choses de la nature, ils ne peuvent donc pas être propriétaires d’eux-mêmes. Les êtres humains, cependant, peuvent posséder des choses dans la nature. Nous, en tant qu’individus ou groupes, nous sommes en mesure d’acquérir la propriété sur les choses – qui deviennent notre propriété – lorsque nous établissons un lien objectif entre nous et la chose. Il s’agit alors d’une propriété privée. La chose (ou la propriété), peut être volontairement transférée à un autre dont la propriété est légitimée par le lien objectif du premier utilisateur et son transfert ultérieur volontaire de la chose.
Le lien est « objectif » car il est établi par les faits: premier usage, ou transfert volontaire suite à la première utilisation. Tout autre lien ne serait pas objectif puisqu’il pourrait être basé sur une simple déclaration de propriété ou sur la prise de la propriété par la force. Vous ne pouvez pas établir un lien objectif avec la propriété en la prenant par la force, car cela n’établirait pas l’autorité finale sur la chose. En effet, l’acte même présuppose qu’aucune autorité n’est définitive si la prise de la propriété par la force est autorisée. Il n’y aurait donc pas de propriété, seulement une possession et des choses, étant donné que n’importe qui, à n’importe quel moment, pourrait «légitimement» prendre la chose pour lui-même.
Qu’en est-il de la propriété publique ?
L’invention relativement récente de la propriété dite «publique» n’exige pas un tel lien objectif. Dans les mains du gouvernement, la propriété «publique» est l’outil commode utilisé pour réclamer la propriété de choses non possédées ou même des propriétés déjà possédées simplement parce que leur appropriation est considérée, par quelqu’un, être «dans l’intérêt public». La soi-disant propriété est alors réclamée par un décret appuyé par la force de la loi. Beaucoup de personnes en Afrique du Sud ont fait l’erreur de soutenir une telle action parce qu’elles conçoivent la propriété communale précoloniale comme étant essentiellement la même chose que la propriété publique étatique.
Les fondements de la propriété en Afrique précoloniale
Les communautés africaines précoloniales jouissaient d’un lien objectif avec leurs biens et leurs terres, qu’elles cultivaient et utilisaient quotidiennement, bien que la propriété privée n’était pas encore connue. La simple existence du lien objectif, reconnu ou non, établit la propriété privée. La propriété communale était et est une propriété privée. La propriété publique, qui est un abus de langage, devrait être conçue comme une propriété du gouvernement ; propriété acquise non par la coopération et par des moyens pacifiques, mais plutôt par la force.
Que la propriété communautaire et privée ne soient pas opposées c’est évident au regard de la nature du cadre que la propriété privée offre: c’est en effet le ou les propriétaires qui décident. Les communautés peuvent être gérées comme elles le souhaitent. Si la propriété est collective, il n’est pas nécessaire que chaque individu possède un titre de propriété sur une parcelle. Quelle que soit la situation, il faut qu’il y ait un lien objectif entre le ou les propriétaires et la propriété, et non un instrument juridique superficiel qui «juge» que la propriété appartient à quelqu’un.
Un titre de propriété ne fait que reconnaître un lien naturel existant
La propriété privée a été réduite par certains intellectuels à un simple titre de propriété. Un titre de propriété et le concept de propriété privée ne doivent pas être confondus. Les actes ne confèrent pas de droits de propriété privés. Ce sont les outils administratifs qui reconnaissent à un individu ou une communauté la qualité de propriétaire d’une chose. Correctement compris, les titres de propriété ne «marchandisent» pas la terre, ils reconnaissent simplement un état de fait déjà existant : un lien entre une personne et une chose.
Un titre de propriété ne crée pas la propriété privée à partir de rien, c’est juste un constat d’un lien déjà existant qui est reconnu par l’administration. C’est un lien qui confère une responsabilité au propriétaire. Tant que la violence criminelle et étatique seront maîtrisées, la propriété privée existera.
Martin Van Staden, analyste pour the free Market Foundation.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique.