Alors qu’il avait un avenir meilleur et une bonne retraite en restant au FMI, Alassane Ouattara décide de quitter l’institution financière après avoir occupé le prestigieux poste de directeur général adjoint durant cinq ans. (Livre Moriba)
En quittant le FMI le 31 juillet 1999, l’ex et unique premier ministre de Houphouet avait une seule chose en tête : se consacrer entièrement à œuvrer au développement et à la reconstruction de sa chère Côte d’ivoire. Mais en le signifiant ainsi à ses camarades du RDR réunis ce 1er août 1999 dans un grand hôtel Abidjanais lors de son investiture comme le candidat de cette formation politique à la présidentielle d’octobre 2000, le plus brillant économiste de sa génération ne s’imaginait pas que son ancien rival politique, Henri Konan Bédié, désormais confortablement installé dans le fauteuil de Houphouet, n’avait pas fini avec lui.
Ouattara sera à nouveau victime de la dérive mortifère de l’ethno-nationalisme, non seulement de Bédié, mais également de Robert Guei puis de Laurent Gbagbo successivement président de la république.
« De la pénible et éprouvante audition, cinq heures durant, de sa vieille mère alors âgée de près de 80 ans, par des officiers de police judiciaire qui voulaient savoir si elle était bien…’’ la mère de son fils” , à son élimination de la présidentielle d’octobre 2000 pour cause de ‘’ nationalité douteuse ‘’, Alassane Ouattara aura subi toutes sortes d’avanies et d’humiliations (…) De la fabrication d’un faux certificat de nationalité destiné à faire invalider le vrai, délivré, lui, par le bien nommé juge Épiphane Zoro-Bi, à l’ouverture d’une procédure pour faux et usage de faux portant sur ses papiers d’identité et ceux de sa mère, en passant par la délivrance contre lui d’un mandat d’arrêt international et enfin un faux certificat de mariage fabriqué par les services du général Robert Guei avec la mention ‘’ mère décédée ‘’, Alassane Ouattara, le fromager comme le surnomme Zadi Zaourou, va se battre comme un diable pour recouvrer ses droits », écrit Moriba Magassouba dans son livre « Alassane Ouattara, La passion du devoir, chapitre 9, pages 145-146 ».
Mais, après avoir dirigé le pays de 1993 à 1999, sur fond de la xénophobie, le pouvoir ivoiritaire de Bédié sera chassé le 24 décembre 1999 par la junte militaire conduite par le général Robert Guei.
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Mais l’arrivée du père Noël (le surnom de Robert Guei) ne changera rien. À son tour, il aura le RDR et son président (Ouattara prend la tête du Rdr après le décès de Djéni Kobenan en octobre 1998) dans son viseur.
Afin de le dissuader à ne pas se présenter aux élections présidentielles de 2000, son épouse Dominique Ouattara fera l’objet de plusieurs tentatives d’enlèvement.
N’eut été la vigilance et la baraka de son chauffeur, Moussa Seni, elle serait enlevée le 3 octobre 2000.
Amateur et impopulaire, Guei Robert sera lui aussi balayé par une foule montée et manipulée par le frontiste, Laurent Gbagbo au lendemain du scrutin présidentiel du 22 octobre 2000.
« Ce combat politique pour l’identité, qui concernait, au premier chef, des millions d’Ivoiriens relégués au rang de citoyens de seconde zone ou spoliés de leur nationalité et qui s’identifient aujourd’hui encore à Alassane Ouattara pour s’opposer à d’autres Ivoiriens littéralement dévorés par leurs prurits nationalistes, a débouché sur une véritable insurrection armée dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 » rappelle Moriba Magassouba en fin du chapitre 9, page 168 de son livre.
Philippe Kouhon