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    Burida, retour sur scène : ex-President de la famille Zouglou, Nicaise Kanga fait des révélations

    Burida, retour sur scène : ex-President de la famille Zouglou, Nicaise Kanga fait des révélations
    Publié le
    Par
    Dasse Claude
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Ancien président de la FAZ (Famille Zouglou) membre du célèbre duo musical ‘’El Mutino’’, Nicaise Kanga avait disparu de l’échiquier musical ivoirien. Nous avons, plusieurs années après, retrouvé les traces de l’artiste résidant désormais en Europe. Il parle de sa nouvelle vie, mais également donne sa part de vérité sur le débat lié à la question du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida).

    Que devient Nicaise Kanga qui a quasiment disparu de la scène musicale il y’a quand même longtemps ?

    Depuis 2001, je vis en Angleterre avec ma famille. Je suis marié et père de 6 enfants. Comme métier, je suis administrateur de projet.

    On sait que vous avez été le premier président de la FAZ (Famille Zouglou) aujourd’hui FENAZ (Fédération Nationale des Artistes Zouglou), quel lien avez-vous aujourd’hui avec la musique ?

    Je continue la musique. J’ai d’ailleurs mis sur pied une bande appelée ‘’Zouglou Royal’’.

    À cet effet, nous avons appris que vous projetez, semble-t-il, la sortie d’une nouvelle œuvre musicale. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

    Nous enregistrons en France un single qui, nous l’espérons, pourra être sur le marché en décembre prochain.

    Lors de notre dernier échange, concernant le débat relatif à la relation ministère-Burida, vous avez dit ceci : « Il est temps qu’on parle largement et vraiment de façon franche. Je suis prêt à dire ma part de vérité ». Qu’avez-vous à dire sur le sujet ?

     (…) Faut-il le rappeler, le Burida n’est pas une banque qui génère des intérêts. La structure collecte des royalties des artistes et les distribue. Nous avions donc reçu des documents de personnes crédibles nous relevant une sorte de malversation qui s’opérait au niveau du Conseil d’administration. Certains s’étaient octroyés des avances financières et des prêts qui forcément ont fait des manquants. Ceci étant, il devenait difficile d’opérer les répartitions aux artistes. Nous avions assisté impuissants au décès de Eric, un de nos collègues parce que ne pouvant pas payer une ordonnance de 1500 FCfa. Face à cela, notre combat était devenu syndical et nous avions exigé un toilettage des textes du Burida dont le siège a été bâti avec l’argent des artistes et acquis grâce à l’avènement du Zouglou.

    Toujours lors de la préparation de cette interview, Vous aviez également révélé que chaque vendredi, le ministre chargé de la Culture recevait une enveloppe kaki contenant de l’argent venant du Burida. Pouvez-vous le confirmer ?

    Par le biais de certains collègues qui siégeaient au sein du Conseil d’administration du Burida, que je ne citerais pas pour le moment, et aussi grâce à Gustave Bado, le leader vocal des ‘’Djigbô’’ (un groupe Zouglou : Ndlr), nous avons reçu des informations sûres qui précisaient que tous les vendredis, une enveloppe kaki était déposée au cabinet du ministre de la Culture, Monsieur Zadi Zaourou, paix à son âme ! Si vous prenez dans les années 90 et début 2000, des maquis, au nombre de 5000 payaient 5000 Fcfa par mois. Faites le calcul et vous verrez la somme qui entrait dans les caisses du Burida par an. Sans compter les prélèvements faits au niveau de la Douane sur chaque instrument ou outils relatifs à la musique…

     Est-ce à dire que le rapport argent du Burida et ministère de la Culture ne date pas d’aujourd’hui ?

    Ouiiii ! Comment peut-on expliquer qu’une structure créée sans apport du ministère de la Culture puisse être sous sa tutelle, voire, dirigée par ledit ministère via son Directeur général qu’il nomme. J’ai côtoyé les doyens Amédée Pierre, Lougah François, Jean-Marie Adiaffi, Guédéba Martin, Léonard Grohuet…et croyez-moi, ils m’ont beaucoup dit. Le Burida génère beaucoup d’argent qui malheureusement, alimente d’autres structures. Certains parleront de preuves. Je leur demanderais donc de nous expliquer où va l’argent des collectes des espaces sonorisés et aussi des droits de télé et Radio. Il y a longtemps que j’ai quitté le pays, je peux ne pas être au même diapason, en terme d’actualité avec les nouvelles réalités du terrain, seulement, une chose est certaine : la situation sociale de nos artistes n’a pas changé. Nous continuons de vivre dans la précarité. C’est à eux, le ministère de nous dire pourquoi ils sont au Burida ?  Que le ministère de la Culture crée son organe de prélèvement de droits d’auteurs et qu’il le gère. Le Zouglou a financé à plus de 90% l’achat du bâtiment actuel, le siège du Burida (…). C’est décevant qu’en 2018, dans mon pays, dès qu’un artiste touche aux problèmes qui sont liés à sa survie, certains détenteurs d’un quelconque pouvoir brandissent des menaces de Justice etc. Nous savons bien comment cela se passera. Muni du butin que nous leur avons favorisé l’obtenir, ils pèseront de leur poids de nouveau riche pour tordre le cou à la justice. Heureusement que le changement arrive très bientôt et ces brebis galeuses seront élaguées. (…) Que fait le ministre de la Culture au Burida, qu’on nous l’explique.

    Quel commentaire faites-vous de la déclaration de Michel Baroan, ancien DG du Burida qui dit ceci : «Lors d’un entretien avec Madame Vieira (DG) ici à Paris, elle m’a confirmé qu’elle donnait 14 millions au Ministre, au titre du fac (Fonds d’action culturelle), par trimestre (…). C’est une parade !» ?

    On ne peut pas cacher le soleil avec la main. Voilà deux acteurs et locataires du Burida qui sont cités dans une affaire d’argent. Cet argent doit bel et bien provenir de la collecte des droits des artistes, si non, qu’on me dise d’où provient-il ? Quels sont les investissements du ministère de la Culture qui vont générer des fonds pour le Fac ? Une assemblée générale doit être organisée pour expliquer clairement aux artistes les activités financières du Burida. J’ai vu Fadel Dey que je salue au passage, se plaindre de son dernier payement sur les réseaux sociaux. Que fait le Fac ? Qu’on nous l’explique. Attendez, soyons sérieux. Je vends 12 mille albums, j’attends qu’on me reverse mon argent par album vendu, et on préfère financer le Fac. Il y a un budget que le gouvernement attribue au ministère de la Culture ou pas ? Tout ceci doit nous être expliqué. Au lieu de chercher à traduire X ou Y en Justice parce qu’on a la puissance d’agir sur le jugement de la Cour. Jamais je n’ai reçu de droits de télé et de radio. Et pourtant, ‘’El Mutino’’(le clip du duo qu’il formait à l’époque avec Alan et qui fut un véritable tabac dans la période du coup d’Etat : Ndlr) passait et repassait à la télé au moins deux fois par jour, entre 2000 et 2001. Mais rien de  tout cela. C’est trop facile de s’asseoir là à ne rien créer pour les artistes et se récompenser de leurs initiatives. On se plaint que tous les artistes zouglou sont en Europe. Les raisons sont là (…). Toutefois, je tiens pour conclure à vous dire que bientôt Alan et Nicaise seront de retour dans un single baptisé ‘’Ce que tu peux pas, tu laisses’’. Merci beaucoup à vous, surtout témoin privilégié de notre combat depuis longtemps.

     Claude Dassé

     

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