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    Journalistes disparus : où en est la la liberté de la presse au Burkina ?

    Journalistes disparus : où en est la la liberté de la presse au Burkina ?
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    L’organisme Reporter Sans Frontière fait part de ses inquiétudes concernant la disparition des journalistes burkinabés. S’ils ont été enrôlés de force au sein de l’armée, aucune trace de leur présence n’a été retrouvée.

    En juin 2024, Kalifara Séré, chroniqueur chez BF1, Serge Oulon, directeur de publication au média L’Évènement et Adama Bayala, journaliste chez BF1, sont enlevés par des hommes cagoulés. Concernant Serge Oulon, il s’agit de personnes prétendant appartenir à l’Agence nationale de renseignements. Depuis, leurs familles sont sans nouvelle.

    Bien que le ministère de la Justice a affirmé quelques mois plus tard que les trois journalistes ont été engagés au sein de l’armée, il n’y aucune preuve de leur passage, et personne ne les a jamais vu. Selon Sadibou Marong, le directeur Afrique de RSF, il est coutumier de voir réapparaître des hommes (généralement des opposants au régime) refaire surface quelques mois après leur enlèvement. Mais ce n’est pas le cas des journalistes, huit mois après leur disparition.

    Le journaliste Alain Traoré, connu aussi sous le nom de Alain Alain, et qui présente son émission satirique « Le Défouloir » sur Radio Oméga, est enlevé un mois après ses confrères, et tout comme eux, n’a plus jamais donné signe de vie.

    Au Burkina Faso, la liberté d’expression n’existe plus

    Avant leur disparition, Serge Oulon menait une enquête sur des détournements de fonds destinés aux Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) par une personne haut placée dans l’armée. Kalifara Séré avait émis des doutes concernant l’exactitude des vidéos montrant le président de transition lors d’un don du sang. Adama Bayala portait des critiques contre le pouvoir en place.

    Quant à Alain Alain, son émission « Le Défouloir » et les chroniques satiriques sur le régime ont mené à son arrestation. Ces enlèvements successifs et le silence des autorités face au désespoir et aux nombreux appels des familles et des confrères sont une preuve formelle que le gouvernement de transition n’apprécie pas qu’on pointe du doigt ses dysfonctionnements, ou que l’on mette en cause son autorité.

    Entre 2023 et 2024, le Burkina Faso chute de façon vertigineuse dans le classement mondial de la liberté de la presse, passant de la 58e à la 86e place sur 180. Pour continuer d’exercer, et pour empêcher les suspensions des chaînes par le Conseil Supérieur de la Communication (CSC), les journalistes, reporters et chroniqueurs sont obligés de s’autocensurer et de suivre la voix des autorités. Le manque de transparence des médias et le manque d’informations ont un impact direct sur la sécurité des civils, surtout au Burkina Faso, qui est le pays le plus touché par les attaques terroristes.

    Pour survivre, plusieurs opposants ont quitté le pays et poursuivent le combat à distance, comme le journaliste Newton Ahmed Barry : « Vous avez le choix entre l’exil, la prison ou le front, et donc la mort ». Il dénonce les procédés liberticides des autorités burkinabés, forçant les médias à se taire ou « à faire l’apologie » du gouvernement. Deux ans après son départ, il révèle continuer de recevoir des menaces de mort.

    Constantine NDOKO

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