Dans une contribution soumise à Afrikipresse, Ouattara Safiatou, une observatrice de la vie politique ivoirienne analyse les propos tenus par l’ex président Laurent Gbagbo, au cours d’une rencontre avec des chefs de villages de Ouragahio. Avant la publication de ladite contribution, nous avons contacté un membre de la cellule de communication du PPA-CI, le parti politique de Laurent Gbagbo. Notre contact a dit qu’il ne sait pas à qui répondre, vu que l’auteur lui est inconnu. « Serait-il un fou, une personnalité politique ou un intellectuel ou encore un journaliste « qui est devenu fou »? Le président Laurent Gbagbo est un homme public. Tout le monde peut l’insulter. Mais moi je ne réponds pas à un inconnu, un fou.», a dit ce proche de l’ex chef de l’État. Nous publions la contribution en restant disponible au delà des questions de forme, pour recevoir sa réaction argumentée sur le fond des idées développées.
La contribution
Le mardi 3 décembre 2024, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a rencontré des chefs de village de la commune de Ouragahio à sa résidence privée à Mama. Cette rencontre a été marquée par un retour sur son passé politique tumultueux , notamment les élections présidentielles de 2010 qu’il contribue de prétendre avoir remportées. Elle a été aussi marquée par un discours fait de contradictions et déconnecté des réalités actuelles.
C’est dans un climat fait de nostalgie , d’esprit de gaspillage des ressources comme donner des milliards Fcfa à Chirac , et d’absence de nouvelle offre politique, que Laurent Gbagbo a échangé avec ces chefs traditionnels de la commune de Ouragahio à une rencontre, le mardi 3 décembre 2024, à Mama. Entouré de figures locales telles que le maire de Ouragahio, Pierre Dacoury-Tabley, l’honorable Antoni GAROU, Député de la circonscription électorale de Ouragahio regroupant les quatre (04) sous-préfectures de Ouragahio, Bayota, Yopohué et Dahiepa-Kehi, Laurent OTTRO, un proche collaborateur, Kouassi Bertin OURAGA, le Chef du village de Mama S/P Ouragahio et par ailleurs Chef du canton Gbadi; des chefs des villages de Ouragahio, Gnaliepa, Karahi, Bodocipa, Krogbopa, Oundjibipa, Broudoumé et Zebizekou S/P Ouragahio et Kadji Adolphe GNAGNO, le Chef du village de Kpapekou S/P Ouragahio, Président du collectif des chefs traditionnels du _”Grand Ouragahio”_ regroupant les quatre sous-préfectures de Ouragahio, Bayota, Yopohué et Dahiepa-Kehi et porte-parole des chefs présents, l’ancien président a réitéré son désir de “reprendre toute sa place dans l’arène politique”.
Entre un passé marqué par des crises et une incapacité à proposer des solutions concrètes pour l’avenir, l’ex-chef d’État semble à court d’arguments pour convaincre les Ivoiriens.
Retour sur un passé tumultueux et une accession calamiteuse au pouvoir
Lors de cette rencontre, Laurent Gbagbo a une fois de plus évoqué les conditions de son accession au pouvoir en 2000, qu’il qualifie lui-même de “calamiteuses”. Soutenu alors par des puissances étrangères pour évincer le général Robert Guéï, ( Robert Guéï sera tué avec plusieurs membres de sa famille dont son épouse dans cette guerre du pouvoir en septembre 2002 ), Laurent Gbagbo avait pu s’installer au sommet de l’État, malgré des contestations et des tensions sociopolitiques. Cette gestion chaotique de la transition a laissé des plaies profondes dans la société ivoirienne.
Dix ans plus tard, en 2010, Laurent Gbagbo espérait rééditer cet “exploit” face à Alassane Ouattara, alors que les circonstances et les acteurs avaient changé. Contrairement à Guéï Robert, le président Alassane Ouattara a su imposer son leadership et bénéficier d’un soutien massif, aussi bien national qu’international, grâce à une vision claire et une gestion structurée des enjeux ivoiriens.
Un discours déconnecté des réalités
Face aux chefs de village de Ouragahio, Laurent Gbagbo s’est lancé dans un exercice de justification de ses échecs passés, évoquant notamment son séjour à La Haye et les pressions internationales qu’il dit avoir subies.
Il a abordé la médiation de l’ex-Chef d’Etat sud-africain Thabo MBEKI qui soutenait la position des puissances occidentales. Il lui aurait alors demandé de lui adresser un courrier qui lui servirait de justificatif auprès de ses militants et partisans avant un éventuel retrait.
Sur son séjour qu’il a passé à la Haye, Laurent Gbagbo a indiqué que toutes les conditions avaient été mises en oeuvre pour qu’il ne regagne plus la Côte d’Ivoire.
Si ces arguments peuvent susciter la compassion de ses partisans, ils masquent mal les limites de son bilan : une décennie marquée par le populisme, la xénophobie et une gestion qui a échoué à garantir l’intégrité territoriale et à protéger les populations.
Une absence d’offre politique crédible
Alors que le président Alassane Ouattara a su stabiliser le pays et relancer son économie dans un environnement régional et mondial marqué par des crises multiples, Laurent Gbagbo apparaît aujourd’hui comme une figure du passé et dépassée. En refusant de faire profil bas et en attaquant son successeur, il semble ignorer les avancées réalisées sous le régime actuel.
Les Ivoiriens n’attendent-ils pas des leaders politiques qu’ils proposent des solutions concrètes pour répondre aux défis du pays, plutôt que des discours nostalgiques ou revanchards. Laurent Gbagbo, en répétant les mêmes récriminations, semble avoir épuisé son crédit politique.
La fin d’une époque
Pendant que la Côte d’Ivoire continue de s’imposer comme un modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest, Laurent Gbagbo apparaît comme un homme du passé, un homme dépassé et pas à même d’apporter une offre politique nouvelle. Ne ferait-il pas mieux de se retirer dignement de la scène politique , lui qui veut faire circuler l’argent , signe de gabegie , de gaspillage, de financement occulte de campagne , de détournement dans la filière café cacao, d’achats d’usine de chocolat sans raison aux États Unis ?
Ouattara Safiatou
Observatrice de la vie politique
Le titre et le chapeau sont de la rédaction d’Afrikipresse.