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    Des stylites disent « non » au travail forcé dans la mode

    Des stylites disent « non » au travail forcé dans la mode
    Publié le
    Par
    Yaya Kanté
    Lecture 4 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Son grand-père était tailleur, et sa grand-mère couturière. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que Soraya Wancour ait tissé un lien émotionnel avec le secteur de l’habillement. Lorsque la styliste belge a fondé Studio AMA à Gand en 2020, elle voulait créer des vêtements qui plaisent, bien sûr, mais que les gens puissent aussi être fiers de porter.

    Soraya Wancour fait partie d’un nombre croissant de stylistes qui tiennent à ce que les vêtements soient produits de manière durable et sans recours au travail forcé : le profit compte, mais l’aspect humain aussi. Savoir comment, où et par qui ses vêtements sont fabriqués, autrement dit, avoir une chaîne d’approvisionnement transparente est essentiel pour elle.

    Pour ses créations, elle recycle les tissus en fin de vie ou mis au rebut et elle travaille avec des ateliers locaux qui emploient des personnes handicapées ou dont l’insertion professionnelle est difficile pour d’autres raisons. Le fait de coordonner ses activités avec des producteurs locaux lui permet de limiter la mesure dans laquelle ses vêtements pourraient être entachés par le travail forcé et d’autres pratiques contraires à l’éthique, si répandues dans la chaîne d’approvisionnement mondiale de l’habillement.

    Le marché a soif de « produits durables dont la chaîne de valeur est transparente, des produits qui racontent une histoire », a déclaré Soraya Wancour à ShareAmerica, ajoutant que les gens veulent des produits auxquels ils peuvent s’identifier « avec émotion ».

    Trop souvent, l’industrie de la mode « ne fait pas grand cas des personnes qui fabriquent ces vêtements et elle ne fait pas grand cas non plus de celles qui les portent », déplore-t-elle.

    Une femme debout dans un atelier de confection (© Kevin Faingnaert)
    Soraya Wancour dans son atelier de confection. (© Kevin Faingnaert)

    Cette observation trouve une triste confirmation dans ce qui se passe au Xinjiang, région de la République populaire de Chine (RPC) grande productrice de coton. Dans un rapport établi en 2020*, le département du Travail des États-Unis estime que plus de 100 000 Ouïghours à majorité musulmane et de membres d’autres minorités religieuses et ethniques pourraient être soumis au travail forcé, pour produire des textiles, du fil à coudre et à broder, des gants et d’autres articles. Par ailleurs, depuis 2017, la RPC a détenu plus d’un million de Ouïghours et d’autres personnes dans des camps d’internement.

    Pour sa part, la Coalition pour mettre fin au travail forcé des Ouïghours (End Uyghur Forced Labor, EUFL) a calculé qu’un vêtement en coton sur cinq* sur le marché mondial pourrait être issu du travail forcé ouïghour.

    Images de coton, de fil et de tissu avec la description des étapes du travail forcé ouïghour (Département d’État/S. Gemeny Wilkinson)
    (Département d’État /S. Gemeny Wilkinson)

    Sur le marché mondial, les fibres de coton et les articles qu’elles servent à confectionner peuvent changer de main plusieurs fois, ce qui rend la « chaîne d’approvisionnement opaque », explique Patricia Jurewicz, fondatrice et directrice générale de l’ONG Responsible Sourcing Network à Berkeley, en Californie.

    Les gouvernements et les groupes de pression prennent des mesures pour rendre les chaînes d’approvisionnement plus transparentes. En 2021, les États-Unis ont interdit l’importation de toutes les marchandises, produits en coton y compris, en provenance du Xinjiang. Le département d’État des États-Unis encourage les consommateurs à se renseigner sur les produits qu’ils achètent pour savoir s’ils sont issus du travail forcé ou d’autres pratiques d’exploitation, et à faire part de leurs préoccupations aux entreprises.

    De même, l’Union européenne, la France et l’Allemagne ont adopté ou proposé des mesures obligeant les grandes entreprises à s’acquitter de leur devoir de diligence pour protéger les droits humains dans leurs chaînes d’approvisionnement.

    L’ONG Fashion Revolution*, basée à Londres, a lancé la campagne « Who Made My Fabric » (Qui a fabriqué mon tissu) en 2021 pour mettre en lumière les violations des droits de l’homme dans les chaînes d’approvisionnement ayant leur origine en Chine et dans d’autres pays. Elle note les entreprises en fonction de la quantité d’informations qu’elles divulguent sur l’origine de leurs produits.

    Carry Somers, sa fondatrice, a constaté que les entreprises divulguaient davantage d’informations à mesure que le public prend conscience des violations des droits fondamentaux. « Il incombe clairement aux marques et aux détaillants d’examiner leur chaîne d’approvisionnement afin d’identifier les risques et les répercussions sur les droits humains, souligne-t-elle. Cartographier et divulguer leurs chaînes d’approvisionnement constitue impérativement la première étape pour faire face à ces risques et à ces répercussions. »

    Une ouvrière emballant des bobines de coton (© Mark Schiefelbein/AP Images)
    Les Ouïghours et les membres d’autres minorités ethniques sont astreints au travail forcé dans les champs et les usines en Chine. Ci-dessus, une ouvrière dans une usine de fabrication de fils de coton dans la région du Xinjiang, en 2021. (© Mark Schiefelbein/AP Images)

    Source : share.america.gov

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