L’attaque terroriste qui a récemment frappé le Bénin dévoile une réalité inquiétante : les stratégies adoptées par les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger fragilisent la sécurité de toute la sous-région ouest-africaine. Alors qu’elles se posent comme des remparts contre le terrorisme, leurs actions démontrent des limites évidentes et contribuent, paradoxalement, à aggraver l’instabilité régionale.
Depuis leur prise de pouvoir, ces régimes militaires s’enferment dans une logique de confrontation avec leurs voisins, à cause de leur refus de mettre en place un agenda clair de transition vers des gouvernements civils. Ces tensions politiques, nourries par un populisme irresponsable et par leur volonté de demeurer au pouvoir, ont des conséquences graves sur le plan sécuritaire.
Absence de coopération : une aubaine pour les terroristes
Une lutte efficace contre le terrorisme doit reposer sur la coopération et le partage de renseignements. Or, les relations tendues entre les juntes et les autres États de la région rendent impossible toute coordination efficace. Par exemple :
• Refus de collaboration : Les gouvernements militaires peuvent souvent ignorer ou rejeter les renseignements partagés par d’autres pays, comme ceux-ci peuvent rester dans leur coin à cause des procès d’intention.
• Défaut d’action commune : L’absence de stratégies concertées comme les manœuvres militaires communes affaiblit les réponses face aux groupes armés.
Cette fragmentation est un cadeau pour les terroristes, qui exploitent les failles des frontières poreuses et les faiblesses de gouvernance pour s’installer durablement. Ces groupes, loin d’être contenus, ont le temps de déployer dans des pays voisins comme le Bénin, ou le Togo créant des zones de conflit étendues.
Les limites de l’option militaire au pouvoir
Les juntes militaires ont justifié leurs coups d’État par la promesse de combattre le terrorisme. Pourtant, les résultats sont loin des attentes. Malgré les discours martiaux ou guerriers , les discours souverainistes et populistes, les attaques terroristes se multiplient, et les populations subissent des violences accrues.
Cette incapacité à stabiliser la situation souligne une vérité incontournable : le pouvoir militaire n’est pas une solution durable pour faire face à la menace terroriste. La militarisation excessive des institutions conduit à un isolement international et à des tensions régionales, sapant les efforts communs indispensables pour éradiquer le terrorisme.
Leçons à tirer et voie à suivre
Pour garantir la sécurité de la sous-région, il est impératif que les juntes militaires tirent les leçons de leurs échecs et ouvrent des perspectives comme :
- Engager une transition politique : Les pays concernés doivent définir rapidement des agendas clairs pour un retour à des gouvernements civils légitimes.
- Favoriser la coopération régionale : La lutte contre le terrorisme nécessite une synergie entre États, notamment par le biais d’organisations comme la CEDEAO.
- Renforcer le partage de renseignements : Une collaboration ouverte et efficace entre pays est indispensable pour anticiper et contrer les menaces terroristes.
L’attaque récente , ( une autre ) , au Bénin , après celui du Togo, est un signal d’alarme pour toute la sous-région. Le temps est venu de dépasser les querelles politiques pour bâtir une véritable union contre un ennemi commun : le terrorisme. Si les juntes continuent sur leur lancée, elles ne feront que plonger l’Afrique de l’Ouest dans une spirale de violence et d’instabilité.
Charles Kouassi