La Côte d’Ivoire peut perdre gros. En effet, depuis le 2 avril 2025, les États-Unis appliquent une taxe de 21 % sur les exportations ivoiriennes, mettant fin aux avantages de l’AGOA. Le cacao est le plus visé. Une note technique au gouvernement ivoirien alerte sur l’impact sur le PIB et appelle à une riposte structurée.
Un changement tarifaire brutal
Depuis le 2 avril 2025, les produits ivoiriens exportés vers les États-Unis sont soumis à une taxe douanière de 21 %. Cette nouvelle mesure met fin aux avantages commerciaux accordés à la Côte d’Ivoire dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un dispositif qui permettait jusque-là l’accès en franchise de droits à près de 7 000 lignes tarifaires.
Avant cette date, le taux moyen de droit de douane appliqué par les États-Unis était de 3,3 %. L’augmentation s’applique même aux accords commerciaux existants, selon l’interprétation faite du décret présidentiel américain.
Le cacao, première victime
En 2024, la Côte d’Ivoire a exporté pour plus d’un milliard de dollars de marchandises vers les États-Unis. Près de 750 millions USD concernaient uniquement neuf lignes tarifaires liées au cacao et à ses dérivés, jusqu’ici exonérées de droits grâce à l’AGOA.
La Côte d’Ivoire étant le premier producteur mondial de cacao, représentant 45 % de la production mondiale, ce secteur stratégique est directement menacé. Les acheteurs risquent de se détourner vers d’autres marchés, notamment le Ghana, où les droits s’élèvent à 10 %.
Une perte estimée de 0,39 % du PIB
Une étude du Center for Global Development, basée sur les données de 2022, estime l’impact économique de cette nouvelle taxe :
• Les exportations vers les États-Unis représentent 5,3 % du total des exportations ivoiriennes ;
• Elles pèsent 1,25 % du PIB ;
• La nouvelle taxe de 21 % pourrait entraîner une baisse de 0,39 % du PIB ivoirien.
Une mesure qui frappe toute l’Afrique
La Côte d’Ivoire n’est pas seule. De nombreux pays africains sont touchés par cette révision de la politique commerciale américaine. Voici quelques exemples des nouveaux taux appliqués :
• Lesotho : 50 %
• Maurice : 40 %
• Angola : 32 %
• Côte d’Ivoire et Namibie : 21 %
• Ghana, Kenya, Sénégal, Égypte, Maroc, etc. : 10 %
Cette approche, qualifiée de « réciprocité commerciale », pourrait remettre en question les partenariats établis de longue date entre les États-Unis et l’Afrique.
Quelle riposte pour la Côte d’Ivoire ?
Face à cette situation, le gouvernement ivoirien est invité à renforcer sa diplomatie économique, à diversifier ses marchés d’exportation, et surtout à accélérer la transformation locale des produits agricoles, notamment du cacao.
Cette crise peut également devenir une opportunité de redéfinir une stratégie industrielle plus résiliente, moins dépendante des fluctuations internationales, et plus tournée vers la valeur ajoutée locale.
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