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    14 juillet 2023 en Côte d’Ivoire : Alafé Wakili décrypte les relations entre la France et son pays 

    14 juillet 2023 en Côte d’Ivoire : Alafé Wakili décrypte les relations entre la France et son pays 
    Publié le
    Par
    Yaya Kanté
    Lecture 5 minutes

    Alafé Wakili décrypte les relations entre la Côte d’Ivoire et la France à l’occasion de la célébration de la fête nationale française du 14 juillet 203 à Abidjan.

    Silhouette et visage bien connus des plateaux de télévision, Alafé Wakili est un journaliste-éditorialiste, patron de médias et analyste politique ivoirien et international. Après avoir répondu à l’invitation de l’ambassade de France à Abidjan, à l’occasion de la célébration de la fête nationale française ce 14 juillet 2023 en Côte d’Ivoire, il donne sa vision des relations entre les deux pays. Interview.

    Bonjour Monsieur Wakili, comment décririez-vous l’état actuel des relations entre la France et la Côte d’Ivoire ?

    Je peux dire que les relations sont excellentes, très excellentes mêmes. Cependant la convergence de vues que l’on peut atteindre sur des questions majeures, ne cachent pas quelques spécificités, quelques insatisfactions de part et d’autre, comme dans un couple par exemple.

    Quels sont les domaines clés de coopération et de collaboration entre les deux pays ?

    Il y a l’économie et les affaires naturellement. Il y a la diplomatie. Il y a de plus en plus la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, avec l’académie dé Bingerville. Il y a enfin la relation culturelle et humaine entre ivoiriens (nes) et français (es) au-delà des relations entre États.

    La situation politique actuelle dans la sous-région a-t-elle affecté ces relations ?

    Pas négativement. Elle a plutôt renforcé. Les coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, ont renforcé les relations Abidjan-Paris. Quoi qu’on dise, même si ce n’est pas le rôle de la France de s’opposer à un coup d’État militaire, la survenue de ces putschs pose le problème au niveau de la capacité d’alerte, de la capacité de prévention et d’empêchement de telles aventures. 

    Il y a une réflexion à mener à ce niveau. Ainsi Abidjan, Dakar, Cotonou, Lomé, Niamey devraient mettre en place un mécanisme pour renforcer la démocratique d’une part, mais aussi empêcher les coups d’État. C’est un élément sécuritaire important, car face au terrorisme, la démocratie, l’État et non l’aventure militaire et armée, reste la meilleure arme. 

    Les terroristes refusent l’État de droit, la loi, la démocratie, et veulent imposer leur propre loi. Le coup d’État militaire est un terrorisme d’État qui tend à légitimer les hors la loi, qu’ils soient militaires ou terroristes !

    Quel rôle la France joue-t-elle dans le soutien au développement économique et à la stabilité de la Côte d’Ivoire ?

    La France fait sa part et joue son rôle. Ce rôle est important. En même temps, la Côte d’Ivoire a diversifié ses partenaires. La France n’offre pas tout. Elle n’a pas le pétrole par exemple, qu’elle importe. Par contre, le pays bleu blanc rouge a un leadership au niveau mondial sur des secteurs. Sans complexe, la Côte d’Ivoire sollicite cette expertise, et elle n’hésite pas à se tourner vers d’autres partenaires dans le monde, aussi bien la Chine, que d’autres. 

    Y a-t-il des sujets sur lesquels les deux pays sont en froid ?

    La question de la démocratie, de la gouvernance peut être souvent considérée comme une affaire intérieure dans laquelle, il ne faut pas s’immiscer, de part et d’autre. Par exemple, il y a eu la question de la candidature du Président Alassane Ouattara en 2020. Le dossier avait embarrassé les autorités françaises. Elles étaient partagées entre le réalisme politique et la question des principes, face au cas de force majeure évoqué par le chef de l’État, pour renoncer à son engagement de ne pas être candidat à l’élection présidentielle de cette année. Ce fut une période délicate entre les deux autorités des deux pays. Il n’est pas exclu que ce type de discussion ait existé sur d’autres sujets aussi bien économiques que politiques. Tout ne s’expose pas sur la place publique. Mais après nécessité fait loi, et le réalisme politique s’impose !

    Comment évaluez-vous l’implication de la France dans la montée en puissance de l’appareil de défense et de sécurité en Côte d’Ivoire ?

    Difficile de parler des détails spécifiques de la puissance de l’armée ivoirienne, ni de l’origine de l’armement et des moyens militaires d’assaut ou de de défense dont dispose la Côte d’Ivoire. Sans doute, la part de la France paraît évidente, car elle est une puissance militaire qui fournit des équipements à plusieurs pays, mais en même temps, je me dis qu’Abidjan n’exclut pas la diversification à ce niveau, pour donner d’autres expériences, d’autres horizons et d’autres compétences à son armée.

    Quelles sont les principales priorités pour les deux pays afin de renforcer davantage leurs liens bilatéraux ?

    Le partage de renseignements dans la lutte contre le terrorisme, l’éducation et la formation, la technologie, la science, la culture, l’électrification, l’accès à l’eau potable, à la santé, l’industrialisation du pays, voici des secteurs importants pour la Côte d’Ivoire et dans lesquels la France peut inter agir ….

    Comment envisagez-vous l’avenir de la relation entre la France et la Côte d’Ivoire, et quels sont les secteurs sur lesquels elle reposera à l’avenir ?

    Pour le deuxième point de la question, je crois avoir évoqué les secteurs plus haut. Relativement à l’avenir, je ne vais dire que ce sera toujours radieux ou excellent, car comme on l’a dit, des insatisfactions peuvent exister souvent entre les autorités actuelles des deux pays. Même sous le Président Houphouët Boigny, francophile et père de la France-Afrique, des désaccords et des divergences sont apparus à des moments donnés. Cela n’a pas été souvent évoqué sous le Président Bédié, mais on a vu les tensions et désaccords durant les années Gbagbo. 

    Néanmoins au-delà de la relation difficultés entre les autorités de la Côte d’Ivoire et de la France de l’époque, il y’a eu cette tentative d’appropriation par des élites ou pour des populations, pour maintenir les liens et sauver l’essentiel. Les binationaux, le poids des échanges économiques et financiers, le français, les occasions d’échanges, sont autant de canaux, qui permettent de dire que la relation France Côte d’Ivoire, va au-delà des États et des dirigeants du moment. 

    La relation est là. Il ne faut pas encourager la Côte d’Ivoire à s’ouvrir à tous les pays du monde, pendant que l’on l’incite à une rupture avec la France. Il s’agit plutôt de traiter tous les partenaires sur le même pied avec le même respect. Il ne s’agit surtout pas de laisser les anciens amis et partenaires, pour sauter corps et âme au coup des nouveaux amis. Les anciens amis restent utiles à côté des nouveaux, dans une relation de vérité et de respect partagée, dans une relation mutuellement bénéfique.

    Yaya K

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