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    55 ans de l’OIF : suite à leur retrait, quel impact pour les trois pays de l’AES ?

    55 ans de l’OIF : suite à leur retrait, quel impact pour les trois pays de l’AES ?
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    Dans un communiqué conjoint daté du 18 mars, les pays de la Confédération des États du Sahel (CES) annoncent leur sortie de l’Organisation Internationale de la francophonie (OIF). Ils risquent la perte de plusieurs subventions.

    La décision des gouvernement malien, burkinabé et nigérien intervient peu avant la Journée internationale de la francophonie, célébrée le 20 mars de chaque année. Cette date est choisie en référence au jour où la création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) est signée à Niamey, le 20 mars 1970. L’ACCT devient l’OIF en 2005.

    Le Niger est le premier pays à quitter l’organisation. C’est un acte fort, puisque, à l’instar du Mali, il est l’un des membres fondateurs de l’OIF. Les gouvernements de l’Alliance des États du Sahel (AES) communiquent leur volonté de retrait  par le biais de notes diplomatiques. Les raisons sont essentiellement politiques : selon les termes de leur communiqué conjoint et de leurs déclarations, l’OIF n’est plus en accord avec leurs principes de souveraineté absolue.

    Suite aux coups d’États, l’OIF a suspendu temporairement les trois pays. Ils proclament que l’OIF « s’est illustrée par l’application sélective de sanctions sur la base de considérations géopolitiques et le mépris pour leur souveraineté». La Confédération des États du Sahel estime que l’organisation ne les a pas soutenus lorsque les « transitions politiques » ont eu lieu, et ne les a pas appuyés dans ce qu’ils décrivent comme « la réalisation de leurs aspirations souveraines et démocratiques ». Le gouvernement malien qualifie l’OIF d’être devenu « un instrument politique téléguidé », et celui du Burkina Faso déclare que « l’organisation s’est éloignée de ses objectifs de promotion de la coopération culturelle et technique ».

    La directrice de communication de l’Organisation internationale de la francophonie déclare respecter la souveraineté des États et leur choix de se retirer, non sans regret ni surprise. Une période de six mois permet d’assurer la transition, avant que la sortie ne soit définitive. 

    Une décision qui ne sera pas sans conséquences

    Le retrait des pays de la Confédération des États du Sahel aura un impact sur les nombreux partenariats culturels, éducatifs, sportifs et techniques et sur les soutiens financiers. Cela mettra très certainement fin à de multiples projets financés au profit des jeunes. Les ressortissants des pays de l’AES qui travaillent au sein de la Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports et de la Conférence des Ministres de l’Éducation Nationale, deux structures mises en place par l’OIF, voient leur avenir devenir incertain. L’organisation dispense des ateliers de lectures et d’animations culturelles dans les milieux défavorisés. Ce retrait risque de les en priver. 

    L’OIF apporte un soutien financier au FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ougadougou) depuis le début des années 70. Lors de la dernière édition, 34 pays africains sont soutenus par l’OIF. Elle a contribué à la réalisation de plusieurs centaines d’œuvres cinématographiques et télévisuelles, notamment en 1988 avec la création du Fonds Images.

    En rompant leurs liens avec l’Organisation internationale de la francophonie, les dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina Faso ne recevront plus de financements de l’organisme, et perdront l’accès aux nombreuses actions pour soutenir la culture et l’éducation, le développement de la paix et de la démocratie.

    Une organisation historique 

    Sous le nom d’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), l’OIF a vu le jour sous la direction des présidents du Niger (Hamani Diori), de la Tunisie (Habib Bourguiba) et du Sénégal (Léopold Sedar Senghor). Le but de cette organisation, qui compte 93 États, est de mettre en avant le partage de la diversité culturelle et de la langue (considéré par l’UNESCO et l’OIF comme un élément important « pour la paix et le développement »). Il s’agit également d’assurer un partenariat dans de nombreux domaines (politique, économie, commerce, éducation), souvent sous forme de missions, à destination des citoyens des différents pays membres.

    L’OIF met en avant la paix, les droits de l’Homme, la démocratie, le développement durable, l’égalité entre les hommes et les femmes, et mène des actions en faveur des jeunes. Elle travaille avec de nombreux acteurs comme des investisseurs, des entrepreneurs, des décideurs politiques. Pour permettre la réalisation des missions de l’OIF, les États membres fondent plusieurs structures : la Confemen (Conférence des Ministres de l’Education Nationale), la Confejes (Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports) et l’AIMF (Association internationale des maires francophones).

    Tous les ans, le 20 mars, se tient la Journée internationale de la Francophonie, célébrée dans les différents pays membres de l’OIF autour de plusieurs évènements et d’une thématique annuelle. En 2025, le thème porte sur l’éducation, intitulé « Je m’éduque donc je suis ».

    Le but est de mettre en avant l’impact de l’éducation dans le développement durable et d’assurer la formation de « générations engagées et responsables ». Un sujet relié à l’actualité numérique, qui est l’essor des outils de l’IA, mais aussi la lutte contre « les désordres de la désinformation » (un des projets du sommet de l’OIF 2024).

    Constantine Ndoko 

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