La Côte d’Ivoire, sous la houlette de son gouvernement, s’impose progressivement comme un modèle d’autonomie et de souveraineté militaire en Afrique de l’Ouest. Entre la construction d’infrastructures stratégiques, l’acquisition de compétences locales et la coopération internationale, Abidjan manœuvre habilement pour asseoir sa puissance militaire tout en affirmant son indépendance.
Rétrocession des bases militaires : un symbole d’indépendance
La rétrocession graduelle de la base de Port-Bouët aux Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI) illustre cette dynamique. Une fois le processus achevé, les militaires ivoiriens auront le contrôle total de cette base, renforçant ainsi leur souveraineté sur une infrastructure stratégique.
Cette transition s’inscrit dans une volonté politique forte de réduire la dépendance vis-à-vis des partenaires internationaux, tout en préservant une coopération basée sur des besoins spécifiques.
La montée en puissance des FACI : formation et équipements
La modernisation de l’armée ivoirienne ne se limite pas à la récupération des bases. Elle s’appuie également sur des investissements massifs dans :
• La formation : En novembre 2024, l’exercice aéroterrestre Touraco, organisé à Bouaké, a démontré les progrès réalisés dans les capacités de surveillance, de contrôle et de combat des FACI, en collaboration avec des partenaires comme la France.
• L’équipement : Abidjan poursuit ses efforts pour doter ses forces armées de matériels modernes adaptés aux enjeux sécuritaires régionaux.
Vers une armée régionale influente
Grâce à cette stratégie, la Côte d’Ivoire s’affirme comme une puissance militaire régionale. Ses FACI, mieux formées et équipées, jouent un rôle clé dans la sécurisation du territoire national et la prévention des menaces transfrontalières, notamment face à la montée du terrorisme dans la région des trois frontières.
Un modèle pour l’Afrique de l’Ouest
Le modèle ivoirien repose sur une vision équilibrée : renforcer l’autonomie tout en cultivant des partenariats stratégiques. Contrairement à des ruptures brutales observées dans d’autres pays de la sous-région, Abidjan mise sur une transition réfléchie et pragmatique pour préserver la stabilité nationale tout en réaffirmant sa souveraineté.
Cette trajectoire inspire de nombreux pays voisins qui cherchent à concilier souveraineté et coopération dans un contexte géopolitique complexe.
Philippe Kouhon