Dans un article publié le 16 octobre 2024, The New Humanitarian pointe du doigt des cas de viols et d’agressions sexuelles impliquant des casques bleus rwandais en République Centrafricaine (RCA). Trois femmes, identifiées sous des pseudonymes, témoignent d’abus présumés survenus en 2023 et 2024. Ce récit, poignant, décrit des violences sexuelles qui auraient été perpétrées dans plusieurs régions du pays où sont stationnées les troupes de la MINUSCA, la mission de maintien de la paix des Nations Unies.
Les Forces Rwandaises de Défense (FRD), accusées dans ces incidents, ont rapidement démenti ces affirmations, les qualifiant de “sans fondement”. Selon le communiqué officiel du 16 octobre, les viols supposés auraient eu lieu dans des zones où les troupes rwandaises n’étaient pas présentes ou dans des circonstances jugées impossibles par l’armée.
Une réputation en jeu
Depuis son engagement aux côtés de la MINUSCA en 2014, le Rwanda a déployé plus de 3 000 soldats en Centrafrique, devenant ainsi l’un des plus grands contributeurs de troupes à cette mission. Les troupes rwandaises ont joué un rôle clé dans la protection des civils et la stabilisation de plusieurs zones sensibles, comme Bria et Bangui. Ces accusations d’agressions sexuelles, si elles sont avérées, risqueraient de ternir la réputation de cette force. Pourtant, l’armée rwandaise insiste : non seulement les faits rapportés sont impossibles, mais elle rappelle également que les violences sexuelles, qui étaient courantes dans certaines régions de la RCA avant leur déploiement, ont considérablement diminué depuis leur arrivée.
Une baisse des agressions sexuelles
Selon les chiffres de la MINUSCA, les cas de violences sexuelles documentées en RCA ont baissé de 60 % entre 2019 et 2023 dans les zones où les troupes rwandaises étaient stationnées. À Bria, par exemple, une région en proie à des conflits intercommunautaires violents, les attaques sexuelles contre les civils ont chuté dès 2020, année marquée par un renforcement des forces de la MINUSCA, incluant un important contingent rwandais.
Ces statistiques contrastent avec les témoignages rapportés par l’enquête du média basé en Suisse, où trois femmes accusent directement les casques bleus rwandais. D’abord, il y a le cas de Jeanne, une vendeuse de fruits et légumes, qui affirme avoir été violée dans une base militaire rwandaise à Bangui en 2023. Les FRD ont rejeté cette accusation, soulignant que l’accès aux bases est strictement contrôlé et qu’aucun civil n’y pénètre sans enregistrement. Ensuite, il est fait mention du viol présumé de Grace à Paoua, une région où les troupes rwandaises n’ont, selon l’armée, jamais été déployées.
Un contexte complexe
Les missions de maintien de la paix en République Centrafricaine sont particulièrement sensibles. Le pays, plongé dans une guerre civile depuis 2013, est devenu l’un des principaux théâtres d’opération des forces onusiennes en Afrique. La MINUSCA, déployée en 2014 pour rétablir l’ordre, fait face à des milices armées et à une instabilité politique chronique qui a déplacé plus d’un million de personnes.
L’article de The New Humanitarian relance donc le débat sur la responsabilité des casques bleus dans des situations de conflit. Bien que des abus commis par des soldats onusiens aient été documentés dans d’autres pays par le passé, il est crucial que les enquêtes soient menées avec rigueur, d’autant plus que la réputation de toute une force de maintien de la paix est en jeu. Pour les soldats rwandais, habitués à opérer dans des environnements complexes, cette affaire pourrait devenir une véritable épreuve, tant sur le plan de l’image que sur celui de leur engagement futur dans les opérations de paix.