Michel Dussuyer parle de son retour à la tête du Sily National de Guinée, des défis à relever, de Serhou Guirassy, de la Côte d’Ivoire. Il aborde aussi d’autres points dans cette interview.
Deux matches et deux victoires sur les deux oppositions contre l’Éthiopie. Michel Dussuyer, le sélectionneur du Sily National de Guinée a bien entamé son retour à la tête de la sélection nationale de Guinée. Appelé d’urgence pour sauver les meubles après trois défaites d’affilée de l’équipe en éliminatoires du Mondial 2026 et de la CAN 2025 de football, le technicien français donne du sourire aux Guinéens. Il est confiant pour la suite même s’il est conscient que la tâche ne sera pas facile. Michel Dussuyer l’a confié à afrikipresse.fr dans cet entretien exclusif au lendemain de la victoire lors du second match contre l’Éthiopie.
- afrikipresse.fr : Vous avez obtenu deux victoires en deux matches pour vos deux premiers matches avec cette sélection. Peut-on dire que votre objectif est atteint ?
Michel Dussuyer : Tout à fait pour ces deux oppositions. Mais c’est la première étape et il reste la seconde en novembre 2024 avec tout l’objectif de continuer à prendre des points puisque les six points ne sont pas suffisants pour se qualifier. D’ores et déjà, on se projette sur la suite, car l’objectif c’est la qualification et il n’est pas question qu’on s’arrête en route. C’est bien que cette première étape se soit bien passée parce que ça met tout le monde dans une énergie positive, cela donne de la confiance au groupe pour justement affronter les prochaines échéances.
- afrikipresse : Le statut de l’adversaire ne vous a-t-il pas facilité la tâche, puisque la Guinée a l’habitude de battre l’Éthiopie ?
MD : L’Éthiopie fait de temps en temps de bons résultats, c’est une équipe et vous l’avez vu, qui pratique un bon football, qui a une ossature locale, qui travaille beaucoup et qui a des certitudes dans son jeu; elle est intéressante au niveau de la maîtrise collective. Après je dirais que la différence s’est faite dans les deux surfaces et cela a été à notre avantage. Je trouve que c’est une équipe qui pratique un très beau football, qui a une maitrise collective, qui a un très bon fond de jeu. Malheureusement ’ elle est inefficace dans les deux surfaces.
- C’est la troisième fois que vous êtes appelé au cheveu du Sily National malade. Cette fois avez-vous des appréhensions ?
Non, je n’ai pas d’appréhensions. Je me mets au travail et je fais de mon mieux pour faire progresser l’équipe. À ce niveau, j’ai une expérience assez importante pour pouvoir gérer ces émotions et faire face à ces défis.
- Il y a maintenant les deux derniers matches à jouer et pour le prochain, vous croisez la RD Congo qui vous a battu à aller et qui est première de votre groupe. N’est-ce pas un gros challenge ?
La RD Congo est une très bonne équipe qui est en nette progression qui est arrivée en demi-finale de la dernière CAN. C’est une équipe qui est très présente sur le continent africain. C’est un adversaire redoutable. Mais nous aussi, nous sommes en progression et nous entendons prendre notre revanche par rapport au match aller, et également par rapport au match des quarts de finale de la CAN 2023. On aura besoin besoin de ces points pour continuer d’avancer. Donc il y a une grande motivation.
- Le fait que la RD Congo soit déjà qualifiée vous motive-t-il d’avantage ?
Tout ce qui nous motive c’est notre destin d’aller chercher la qualification. Par la suite, on verra la motivation de l’adversaire, on la verra sur le terrain.
- Il y a ensuite le match contre la Tanzanie qui se jouera chez elle…
Il faut se focaliser déjà sur le match contre la RD Congo, c’est le plus important. Naturellement, on aura une arrière-pensée sur ce dernier match qui pourrait être éventuellement une finale entre nous aussi. On sait ce qu’on veut et on sait ce qu’on fera pour aller chercher une finale chez l’adversaire. Je crois qu’on sera prêt pour le faire.
- Il y a six points à prendre. Quelle est la proportion qui vous arrange ?
Ce qui m’arrange c’est la qualification.
- Revenons au groupe : dans quel état l’avez-vous trouvé ?
Elle était sur deux défaites en éliminatoires de la CAN et une défaite en éliminatoires du Mondial, cela fait trois défaites d’affilée. Tous avaient à cœur de réagir. On ne pouvait pas s’habituer à perdre des matches surtout au niveau international. Donc j’ai senti de la part du groupe beaucoup d’envie, de la fierté et de l’écoute. On a bien travaillé sur une semaine et c’est le fruit de notre travail sur ces deux matches.
- Quel est le message que vous avez pu donner aux joueurs qui a pu les motiver , eux qui étaient pourtant démobilisés avant votre arrivée ?
Il y en a plusieurs. Il fallait déjà relever la tête, faire preuve de fierté et d’orgueil. Ensuite se retrouver dans le travail parce que si on travaille bien, on aura une meilleure production dans le jeu et si dans le jeu on est efficace offensivement et défensivement on aura la chance de battre l’adversaire. C’est un travail psychologique et sur le terrain, les deux sont importants.
- Il y a aussi le retour de Serhou Guirassy qui n’arrête pas de marquer. Comment l’avez-vous trouvé ?
Je l’ai trouvé très bon. Un joueur qui marque cinq buts en deux matches c’est une bonne moyenne tout de même. S’il continue sur ce rythme ce sera bien. Il y aura d’autres adversaires et d’autres challenges à relever. Tout ce que j’espère c’est qu’il sera dans toutes ses meilleures dispositions au mois de novembre parce que les calendriers sont très chargés pour lui et compte sur lui et sur l’équipe dans sa globalité.
- Justement parlant du groupe on note que Guirassi est le seul buteur puisque quand il est remplacé les autres joueurs marquent le pas.
Franchement c’est aussi notre niveau de jeu qui a tendance à baisser quand on fait rapidement la différence dans un match. C’est toujours compliqué de garder la même intensité et la même qualité de jeu. C’est pourquoi quand les autres rentrent à une demi-heure de la fin, on ne semble pas être dans les meilleures conditions pour pouvoir s’exprimer.
- Comment avez-vous retrouvé la Côte d’Ivoire après votre départ de la tête des Éléphants en 2017 ?
Il y a de belles infrastructures. J’ai vu le stade d’Ebimpé et le stade Félix Houphouët-Boigny dans une nouvelle tenue beaucoup plus jolie. Je vois que beaucoup de choses ont évolué. On a vu la CAN 2023, ça été difficile au départ mais à l’arrivée la Côte d’Ivoire a remporté le trophée, et ça été une immense joie pour tout le peuple ivoirien.
- Avez-vous l’intention de revenir un jour en Côte d’Ivoire ?
Pas de réponse et long rire. (NDLR)
Entretien réalisé par Adou Mel