Fabrice Atitoh, artiste-musicienne ivoirienne résidant en France, est en Côte d’Ivoire depuis peu dans le cadre la promotion de son nouvel album. Plus d’une semaine après son premier spectacle en terre ivoirienne, offert à Gagnoa le samedi 5 aout 2017, au foyer polyvalent de la radio de Gagnoa, la fille de Niaprahio (village natal de Didier Drogba) s’est confiée à Afrikipresse.
Quelles sont vos impressions après votre spectacle à Gagnoa ?
C’est la satisfaction. Je suis satisfaite et émue. Émue parce que de l’amour a été partagé ce soir là dans la salle. Très souvent, on fait des spectacles dans de grandes salles où on ne sent pas d’amour entre le public et l’artiste. Mais, aujourd’hui, j’ai senti beaucoup d’amour dans cette salle polyvalente de la radio de Gagnoa. Ceux qui étaient là ce soir m’ont vraiment porté. Concernant la mobilisation, nul ne peut aller contre la volonté de Dieu. Je le dis parce que ce n’est pas une décision humaine qui a empêché les gens de sortir nombreux; c’est plutôt la nature. (Une forte pluie est tombée sur la ville, dans la soirée et a occasionné une panne générale d’électricité, à quelques heures du concert. Ndlr). Seul Dieu est le maître de la nature. C’est pourquoi je dis que cette grosse pluie , l’électricité coupée, ont été sa volonté. Lui seul sait pourquoi c’est arrivé.
Vous est-il venu à l’esprit, à moment donné, de reporter ou annuler le spectacle ?
Jamais. Vous savez, en matière de spectacle, il faut un peu de chance. Je pense que la chance n’a pas été de mon côté aujourd’hui. Mon souhait était faire le plein de cette salle qui fait près de 350 places. Mais, je reste plus motivée que jamais. C’est aussi cela, le métier d’artiste. Tout ne peut pas être toujours rose. Je tenais à faire mon premier spectacle en terre ivoirienne, à Gagnoa. Aujourd’hui c’est fait. Pour moi, le devoir est accompli. Ceux qui sont venu ont beaucoup apprécié. Le reste est entre les mains de Dieu. Je suis vraiment heureuse que le public ait apprécié. Ils passeront, à coup sûr, le message aux autres. Quand tu es une guerrière, il faut tout donner. Même s’il y n’y avait que deux personnes dans la salle, j’allais prester pour leur respect. À plus forte raison devant plusieurs dizaines de fans qui ont bravé les intempéries pour venir me voir. À aucun moment, je n’ai pensé à annuler ce spectacle. Il me tenait à cœur. J’ai donné ce que j’avais dans le ventre. Je suis heureuse que le public ait apprécié.
C’est qui Fabrice Atitoh, à l’État civile et comment êtes-vous arrivée à la musique ?
À l’État civil, je me nomme Zeze Seko Fabrice Renne. Native de Gagnoa, je suis originaire de Niaprahio (le même village que footballeur international Didier Drogba, à 26 km de Gagnoa, sur l’axe Gagnoa-Issia. Ndlr), dans la Sous-préfecture de Guibéroua (27 km de Gagnoa. Ndlr). J’ai fait mes premiers pas à l’émission “Appelez-moi Léo” de Tantie Léo. J’avais 6 ans à l’époque. Après, j’ai intégré des écoles de dance comme le Kiyi M’bok, la Quemado. La dernière année, j’ai été recrutée par Marie Rose Guiraud qui est, malheureusement pour moi, partie peu après, aux États-Unis. Après, j’ai participé à l’émission de vacance “Variétiscope”. J’ai aussi joué au football. J’ai participé au championnat ivoirien de football féminin. Je me suis retrouvée à la Jeunesse Club Abidjan Treichville (Jca-T). La Juventus de Yopougon a tenté de me recruter par la suite. Mais, j’ai refusé. Simplement parce que, résidant à à Marcory, je n’étais pas fan de Yopougon. J’ai donc tout fait pour que ce transfert ne se fasse pas. C’est à la même occasion que j’ai été convoquée en sélection. Je rêvais d’une vraie carrière de footballeuse. Malheureusement, le destin m’a attirée en France , où je suis désormais une carrière d’artiste chanteuse.
Lorsqu’on parcourt vos deux albums, on sent que vous faites de la variété….
C’est effectivement de la variété. Je dis toujours que, lorsqu’on est danseuse professionnelle, on a envie de danser à tous les rythmes. Je l’ai fait quand j’étais danseuse professionnelle. C’est ce que je fais dans ma carrière. Tu aimerais danser du Gbégbé, du Zahouli, du Dombolo, etc. Et moi, je réunis toutes ces choses pour les danser. Je pense que c’est mon passé de danseuse qui joue sur mon répertoire.
C’est quand même une variété à forte coloration bété …
Il y a effectivement beaucoup de couleurs bété, ma langue maternelle. C’est parce que je chante dans la langue. Et c’est une langue que j’ai apprise à parler depuis l’âge de 13-14 ans. J’adore cette langue. Elle me passionne beaucoup. Erickson Le Zoulou (Artiste ivoirien du Coupé décalé. Ndlr) m’a dit un jour que j’avais une grande chance; celle de parler couramment la langue bété. Il m’a dit comme ça, « Eeeh, si j’étais bété ». Et je lui ai répondu en disant qu’on ne peut pas tout avoir dans la vie. Donc, je suis fier de chanter en langue. Je m’exprime mieux dans cette langue. Quand je chante en bété, je donne tout. Je fais des efforts pour mettre du français dans ce que je veux dire. Mais, je suis plus à l’aise en bété quand je m’exprime. Donc, oui, on aura beaucoup de mots bété dans les chansons de Fabrice Atitoh.
C’était déjà le cas dans votre premier album …
Tout à fait ! Le premier album s’appelle “Béhi mon cheri“. Comme celui-ci qui se nomme “Zèkpara“, qui signifie “La vie“ en Bété, il était de 8 titres. Je sais que le premier a porté en Europe. Mon manager et moi n’avons pas voulu faire du “m’as-tu vu“. Quelque chose du genre, elle vient de Paris. Envahir les plateaux de la télévision nationale et faire un tapage médiatique, pour finir par s’évanouir après dans un long silence radio. On a voulu faire autrement. C’est-à-dire, communiquer dans les journaux, faire du porte-à-porte. Me faire connaître dans les villages. Aujourd’hui, Gagnoa, Guibéroua, Issia, bref toute la région bété parle de Fabrice Atitoh. Le travail de fourmi commence à porter. Ce nouvel album se vend assez bien. À Gagnoa, les gens l’achète comme de petits pains, à cause de ma chanson intitulée “Sai Man Nani“ qui signifie “Avant de parler de moi, parle d’abord de toi“. Ou encore, un autre titre où je demande aux commères de balayer devant leurs portes avant de critiquer les autres. Donc, je pense qu’il y’a du bon. J’ai vu la manière dont le public qui est venu à mon concert à Gagnoa a vibré. Cela démontre que je suis sur la bonne voie. Je ne suis pas prétentieuse, mais, plutôt motivée plus que jamais.
C’est quoi la suite du programme, pour ce qui concerne cette promo en terre ivoirienne ?
Je suis là jusqu’à fin août 2017. Après Gagnoa, et Abidjan où j’ai fait la première partie du Concert de Magic Système, j’ai eu quelques spectacles dans ma région (Région du Gôh) où j’ai honoré quelques contrats. Le 19 août , je serai à nouveau à Gagnoa pour le Festival d’Aloukou où je suis aussi annoncée en vedette. Imaginez qu’il y aura de grosses têtes de la musique ivoirienne tels que John Yalley et Affou Kéita. Si je me trouve parmi des dinosaures comme ceux-là, une petite comme moi ne peut en être que fier. J’ai pas mal de spectacles à faire avant de partir. J’espère que tout va bien se passer.
Entretien réalisé par Jean-Hubert Koffo