Le massacre de Solenzo est une découverte macabre de plus au Burkina Faso. Ces atrocités commises par les volontaires de la Défense de la patrie, mettent en évidence l’automutilation du gouvernement burkinabé pour assurer sa sécurité.
Entre le 10 et le 11 mars 2025, des vidéos relatant des exactions sur des communautés peuls ont effaré les internautes. Largement relayées sur X et Telegram, ces vidéos montrent des dizaines de corps violentés, sans vie et parfois mourants. Des individus identifiés comme membres du 18e bataillon d’interventions rapides et des volontaires de la défense de la partie (VDP) enjambent les corps. Ces mêmes hommes, œuvrant à la faveur du gouvernement d’Ibrahima Traoré, justifient leur violence dans une vidéo publiée le 12 mars dernier. « C’est le travail de vos parents qui vous a amenés ici. Vous pensez que vous pouvez avoir tout le Burkina Faso. C’est votre fin. » affirment ils.
Avec ces mots, les hommes de main du président Traoré font référence aux activités terroristes de certains Peuls de la ville de Solenzo. En effet, depuis 2022, le gouvernement burkinabé maintient que la communauté peul soutien le djihadisme. C’est pourquoi, le cas de Solenzo n’est pas un cas isolé. En effet, depuis 2023, le mouvement « Servir Et Non se Servir » recense près de 500 morts, victimes de ce type d’attaque. Dans cette perspective, le gouvernement burkinabé par ses diverses branches armées entretient des cycles de violence, dont sa population est la première victime.
Le gouvernement burkinabé bourreaux de sa propre population ?
À la suite des accusations et de l’indignation internationale, le gouvernement Traoré désamorce : « Le gouvernement regrette et condamne la propagation […] de fausses informations visant à mettre à mal la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans notre pays ». Pourtant, des ONG comme Human Rights Watch sont formelles et affirment avoir comptabilisé 58 victimes. En réaction, le porte-parole du gouvernement a justifié ce bilan en qualifiant les défunts de « terroristes » ou de civils ayant servi de « boucliers humains ».
Quoi qu’il en soit l’ONG Armed Conflict Location & Event Data rappelle que depuis 2015, 26 000 Burkinabés ont perdus la vie dans cette lutte contre le terrorisme. La moitié auraient disparus depuis 2022. Un chiffre montrant que l’utilisation des VDP n’est pas efficaces dans la lutte contre le djihadisme. Pire, les missions de sécurisation de l’État burkinabé se retournent contre sa propre population. De surcroît, de tels massacres renforcent la résilience des groupes, djihadistes misant sur l’argument de la « vengeance » pour recruter de nouveaux soldats et organiser des représailles.
Le 31 octobre 2024, le GSIM (Groupes de Soutien à l’Islam et aux Musulmans) a ôté la vie de 51 civils dans le village de Ban, situé à une quinzaine de kilomètres de Solenzo. Ce village était accusé par le groupe djihadistes d’être le lieu d’origine de nouveaux membres ayant rejoint les VDP. Par conséquent, le Burkina Faso est-il destiné à s’enfoncer dans ces cycles de violence ?
Constantine Ndoko