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    Chronique du lundi – L’ONG CJCI : répondre au défi de l’importance politique, économique et sociétale de l’information locale

    Chronique du lundi – L’ONG CJCI : répondre au défi de l’importance politique, économique et sociétale de l’information locale
    Publié le
    Par
    Christian Gambotti
    Lecture 6 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    L’ONG Confrères Journalistes de Côte d’Ivoire (CJCI), créée il y a quatre ans, a tenu ses trois précédentes Assemblées Générales à Tiassalé (deux fois) et à Jacqueville. Tiassalé est la terre qui a vu naître l’ONG. L’édition de 2025 vient de se tenir à Divo, sous le parrainage du ministre Amédé Koffi Kouakou. Si la mission première de l’ONG CJCI est l’entraide entre ses membres, aucun journaliste n’oublie que les médias dans lesquels il écrit jouent un rôle essentiel qui est de bâtir une société informée, afin d’institutionnaliser et de consolider la démocratie.

    Dans un pays comme la Côte d’Ivoire, qui entend s’ouvrir sur le monde et qui affirme vouloir assumer ses responsabilités dans les nouvelles dynamiques d’un monde globalisé de plus en plus instable, chaque citoyen doit disposer d’une information fiable délivrée par une presse libre. Comment comprendre la complexité du nouvel ordre mondial, l’évolution des sociétés et comment, en politique, choisir entre des offres alternatives, sans, pour la presse, le droit d’informer, et, pour le citoyen, le droit d’être informé ? (1).

    Le droit d’informer et d’être informé, la hiérarchie de l’information

    Il ne peut pas y avoir de véritable épanouissement démocratique, ni de développement inclusif et durable, sans la construction d’une société informée à mesure que les citoyens, de plus en plus éduqués et de plus en plus conscients des enjeux globaux, nationaux et locaux, entendent s’impliquer dans les causes qu’ils souhaitent défendre et le projet de société qui correspond à leurs attentes.

    Pour Wakili Alafé, le patron de « L’Intelligent d’Abidjan », « seule une société informée permet à chaque citoyen de jouer un rôle actif qui est de faire évoluer la société. Alors que la multiplication des guerres informationnelles et la prolifération, sur les réseaux sociaux, des « fake news » engendrent des conflictualités de haute intensité, l’information fiable, non-partisane, que délivre une presse indépendante jouissant d’une véritable liberté d’opinion, contribue à consolider le caractère apaisé d’une société. »

    Le droit d’informer et d’être informé se définit comme une participation à la vie du pays (information nationale) et à la vie de la cité ou d’un territoire (information locale). Bien informer et bien s’informer, deux exigences qui permettent une meilleure compréhension du monde, contribuent à forger une identité et une attitude citoyennes, élargissent, de manière éclairée, un champ de vision encore trop souvent obscurci par des références au vieux monde et, de plus en plus, par le sentiment d’être noyé sous un déluge d’informations digitalisées.

    L’ONG CJCI, par l’intermédiaire de son président Moussa Traoré, tient à rappeler qu’elle entend poursuivre son engagement citoyen en se tenant « à équidistance de toutes les chapelles ». Elle entend aussi accorder une importance de plus en plus grande à l’information locale, afin de promouvoir le développement des territoires.

    La Journée du 1er mars 2025 ou l’importance de l’information locale

    Il existe bien une hiérarchie de l’information qui induit un classement des informations que délivre tout média (journal papier/radio/TV ou Internet), de l’information la plus importante à la moins importante. C’est donc un choix qui s’opère, ce choix déterminant la place accordée aux informations.

    Faut-il mettre à la « Une » d’un journal africain une information de portée mondiale de type « Trump et la marginalisation de l’Afrique » ou une information purement locale de type « Les réalisations de la mairie de Divo », une ville située à près de 200 kms d’Abidjan ?

    Il existe, pour tout support généraliste de l’information, une loi logique qui conduit à toujours mettre à la « Une » une information de portée mondiale ou nationale et une loi de proximité géographique qui accorde toute son importance à une information locale. Il n’existe pas des sujets nobles, l’information internationale ou nationale, que l’on met à la « Une » des journaux, et des sujets secondaires, l’information locale, que l’on relègue dans les pages intérieures.

    En choisissant de tenir son Assemblée générale 2025 à Divo, l’ONG CJCI montre l’importance qu’elle accorde aux projets structurants mis en œuvre par les élus locaux pour le développement local. À Divo, le 1er mars 2025, une centaine de journalistes ont visité les réalisations de la municipalité. Le choix de la région du Loh-Djiboua et l’organisation de cette Assemblée Générale à Divo témoignent de l’engagement de l’ONG CJCI à promouvoir un journalisme de proximité et soutenir le développement local.

    Parrain de cette journée, le ministre Amédé Koffi Kouakou, ministre de l’Équipement et de l’Entretien routier, président du Conseil Régional du Lôh-Djiboua, a tenu à rappeler l’importance de la collaboration entre les médias et les institutions locales pour une information au service des populations.

    Dans « L’Intelligent d’Abidjan », l’information locale tient une place importante. Selon Wakili Alafé, « une société bien informée se construit à partir des articles que rédigent des journalistes bien informés. Le renforcement de leurs capacités, si l’on veut que les journalistes contribuent efficacement au développement des territoires et de la nation, est donc une priorité, ce que permet une immersion au cœur du local. ».

    Le rôle des journalistes

    Les journalistes jouent un rôle essentiel dans les processus de démocratisation et de développement en Afrique subsaharienne. Le combat des patrons de presse pour l’émergence d’une société bien informée se heurte à la complexité d’un monde africain, en particulier le monde politique, souvent hostile à la constitution et au fonctionnement d’un espace public médiatique ouvert à la discussion, à la critique et à la comparaison.

    L’ONG CJCI est pleinement dans son rôle, lorsqu’elle affirme que la mission des journalistes est d’informer les populations. En se tenant au plus près du local, ils vérifient qu’il existe bien un lien entre les grandes orientations des politiques publiques, souvent abstraites et dont l’impact sur les conditions de vie des populations tarde à se faire sentir, et les projets locaux structurants qui, eux, améliorent immédiatement le cadre et les conditions de vie des populations.

    En se tenant aux côtés du CJCI, lors des journées du 1er et 2 mars, le ministre Amédé Koffi Kouakou témoigne de l’importance que le pouvoir central ivoirien accorde à la liberté de la presse et à l’émergence d’un espace public médiatique ouvert à la discussion, à la critique et à la comparaison

    (1) Concernant l’Afrique, je n’aborde pas, dans cette Chronique, la presse partisane, ni la presse de divertissement, ni la situation de la presse généraliste, ses difficultés à exister. Je salue le formidable travail des patrons de presse qui, malgré les obstacles, contribuent, par la diffusion des informations vérifiées, des idées et des opinions, à bâtir une société bien informée, un enjeu crucial pour la démocratie

    Christian GAMBOTTI – Agrégé de l’Université – Président du think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Études et de Recherches sur l’Afrique de Demain) – Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : cg@afriquepartage.org

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