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    Développement économique : donner des moyens aux agricultrices

    Développement économique : donner des moyens aux agricultrices
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    En Afrique en général et en Afrique de l’Ouest en particulier, la contribution des agricultrices au développement économique et social n’est plus à démontrer. Elles pourraient cependant faire encore plus, si elles bénéficiaient de droits équivalents à ceux de leurs homologues masculins. Mais il reste encore de nombreux verrous à faire sauter.

    Un rapport de la Banque mondiale indique qu’au Nigeria, alors que les femmes représentent environ 60 % à 80 % de la main-d’œuvre agricole, ce sont généralement les hommes qui prennent les décisions importantes concernant la gestion des exploitations. « De ce fait, les services de vulgarisation agricole du pays se concentrent habituellement sur les hommes et leurs besoins en matière de production. », souligne ce rapport.

    L’une des raisons pour lesquelles les femmes adultes africaines sont exclues de la prise de décision dans leurs foyers, tient à leur taux élevé d’analphabétisme : 22 % au Ghana, 50 % au Sénégal, 55 % en Côte d’Ivoire, 59 % au Togo 78 % au Mali et au Niger. Cette méconnaissance de la langue les limite dans de nombreux autres accès : à la terre, au crédit et à d’autres facteurs de production (engrais, machinisme….).

    L’Organisation des nations unies (ONU) et sa branche alimentation-agricole (FAO) prônent une égalité de traitement dans l’accès à l’éducation pour les garçons et les filles, considérant que c’est l’une des clés pour le développement économique. Les deux entités onusiennes appellent aussi à dépasser certains clivages politiques, culturels et religieux pour atteindre cet objectif qualifié « d’intérêt général ».

    « J’ai tenu bon »

    Cette distorsion de traitement entre les hommes et les femmes est également importante dans l’accès au crédit qui permet d’acquérir des terres et des moyens de production (engrais,  systèmes d’irrigation…). Certaines banques ne facilitent pas l’accès au capital nécessaire. La très grande majorité d’entre elles demandent notamment un garant de sexe masculin ou exigent du bénéficiaire qu’il sache lire et écrire. Avec aplomb et volonté, certaines femmes passent outre et parviennent à imposer leurs marques, à l’image de Fambaye Diop,  agricultrice et productrice de riz résidant à Richard-Toll, ville située au nord-ouest du Sénégal.

    « Durant toute ma vie, j’ai été guidée par la volonté de ne pas être une femme objet. Je me suis lancée dans l’entrepreneuriat sachant que beaucoup de personnes ont essayé de me décourager,  mais j’ai tenu bon et j’ai pu m’épanouir dans l’agriculture . » témoigne-t-elle. L’élevage représente en effet, 40% du PIB du secteur primaire et environ 15% du PIB national, fait vivre 85% des paysans et génère des revenus pour environ 30% de la population (environ six millions de personnes). En outre, le Mali possède le deuxième plus grand cheptel après le Nigeria parmi les pays de la CEDEAO avec 60,1 millions de têtes de bétail en 2019.

    En 2016, Fambaye Diop a délaissé le riz paddy pour une variété locale qu’elle a cultivée, transformée et commercialisée elle-même. Avec son groupement d’intérêt économique « Xaritu djëkëreum » (« amie de son époux »), elle emploie aujourd’hui 17 personnes et a permis à quatre jeunes de se lancer dans une aventure agricole. Ils sont aujourd’hui autonomes et prospères.

    Activité rentable

    Fambaye Diop est un exemple de réussite parmi d’autres. D’autres agricultrices ont mis leur efforts en commun et créé des coopératives à l’image des « Femmes vaillantes d’Anié » au Togo. Cette coopérative créée en 2007 par 12 agricultrices produit un riz étuvé de qualité supérieure, vendu sur de nombreux marchés locaux. D’autres ont choisi le modèle associatif comme les 2.000 femmes rurales de Divo (Côte d’Ivoire) regroupées au sein de Walo  (“amour” en langue dida), une association pour lutter contre la pauvreté. « C’est une activité rentable », se réjouit Agathe Vanié, agricultrice. Toutes ces femmes parviennent à tirer un revenu décent de leur activité et à assurer leur autonomie tout en contribuant au développement économique d’une région et de leur pays.

    Constantine Ndoko

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