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    Douanes : les pays de l’AES restent dépendants de la CEDEAO

    Douanes : les pays de l’AES restent dépendants de la CEDEAO
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Après avoir fait part de leur volonté de quitter la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), en Janvier 2024, les pays de l’AES (Mali, Niger, Burkina Faso) restent des acteurs clé de l’organisation africaine. Les trois États sahéliens se sont lancés dans un processus de nouvelles stratégies douanières aux côtés de leurs partenaires régionaux.

    De manière générale, les services douaniers exercent des missions économiques, fiscales et de sécurité intérieure. Ils soutiennent la compétitivité des entreprises, perçoivent les taxes d’assises, et sont en première ligne pour assurer la sécurité du territoire national. Ainsi, les douanes sont essentielles à la sécurisation d’un territoire, notamment en Afrique de l’Ouest.

    En effet, cette zone est traversée par de larges mouvements et organisations terroristes qui s’étendent au-delà des frontières. En conséquence, chacun des pays de l’AES a besoin de coopérer avec les autres pays de l’Afrique de l’Ouest, engagés dans la CEDEAO. Le Niger partage environ 1 500km de frontière avec le Nigeria. Les importations et exportations du Burkina Faso passent par les pays voisins : le Bénin, le Togo, le Ghana ou encore la Côte d’Ivoire. Pareillement, pour le Mali pour lequel près de 90 % de ses exportations et importations transitent par Abidjan et Dakar.

    De ce fait, que ce soit pour des intérêts économiques, ou sécuritaires, les services douaniers des pays de l’AES doivent prendre le pli de la « transnationalisation » des enjeux régionaux.
    Pour cela, l’AES et la CEDEAO ont conjointement acté la mise en place d’une modernisation des services douaniers afin de gagner en efficacité.

    De nouvelles stratégies émergent pour les douanes en Afrique de l’Ouest

    La 29e réunion du Comité des Experts de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC) de l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD), qui s’est tenue à Niamey, du 27 au 29 novembre dernier, a dessiné les contours de la modernisation des douanes de l’Afrique de l’Ouest. Pour favoriser la sécurité économique et répondre à la prolifération djihadiste, la modernisation des douanes mise sur l’innovation.

    Les conclusions de la réunion prévoient l’intégration de nouvelles technologies, pour fluidifier les procédures administratives et augmenter l’efficacité des contrôles aux frontières. L’objectif est d’optimiser la gestion du commerce et de la sécurité pour s’adapter à un contexte régional et mondial en perpétuelle évolution. Ce processus se matérialisera par le renforcement des capacités des jeunes agents douaniers, de la lutte contre la fraude transfrontalière et de la numérisation des systèmes douaniers. Des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle et la blockchain élèveront les services douaniers aux exigences d’une région qui doit s’adapter à un monde globalisé.

    Pour les pays de l’AES, ce rafraîchissement des douanes de l’Afrique de l’Ouest est le prolongement de l’officialisation, en octobre dernier, de l’interconnexion de leurs systèmes douaniers. Cette mesure vise à réduire le coût et le délai de transit des marchandises. De plus, les échanges seront numérisés ce qui facilitera la traçabilité des flux. Cette interconnexion reste néanmoins, ouverte à d’autres pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée ou encore le Togo. Ces nations sont essentielles aux pays de l’AES pour la réalisation de leurs intérêts économiques et sécuritaires. L’inverse est également vrai, puisque l’AES reste l’épicentre du djihadisme régional et est un partenaire économique pour ces pays. En atteste le ministre des Finances togolais qui a signifié que l’interconnexion avec les pays sahéliens pourrait sécuriser jusqu’à 75 % des marchandises passant par le Togo.

    Cette stratégie douanière démontre l’ambiguïté dans laquelle les pays de l’AES se trouvent. En effet, malgré leurs revendications isolationnistes, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ne peuvent se développer sans leurs voisins. Les ambitions régionales de l’AES, ne peuvent être réalisable qu’avec leurs partenaires, géographiquement plus ouverts sur le commerce international. En retour, les pays de l’Afrique de l’Ouest ont besoin des États sahéliens, créant ainsi une interdépendance. Après avoir planifié sa sortie de la CEDEAO en janvier 2025, on peut se demander quelles sont les limites de cette stratégie à double-faces ?

    Constantine Ndoko

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