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    Gros plan sur Laureen Kouassi-Olsson: « Je veux permettre à la France et à l’Afrique de se reconnecter autrement à travers la mode »

    Gros plan sur Laureen Kouassi-Olsson: « Je veux permettre à la France et à l’Afrique de se reconnecter autrement à travers la mode »
    Publié le
    Par
    Christian Gambotti
    Lecture 5 minutes

    Le Monde Afrique vient de consacrer un article (1) à Laureen Kouassi-Olsson, une figure reconnue du capital-investissement et des services financiers en Afrique. De nombreux prix et distinctions sont venus récompenser son talent. Elle a figuré en particulier dans le classement des 100 leaders africains de demain de l’Institut Choiseul, un classement qui fait autorité. Elle a été nommée, par Advance Media, parmi les 100 femmes africaines les plus influentes. Membre de conseils d’administration de plusieurs groupes industriels et financiers présents en Afrique, Laureen Kouassi-Olsson a occupé des fonctions importantes dans le monde de la finance. En 2006, elle est recrutée par la banque d’affaires Lehman Brothers. Fortement marquée par la faillite de Lehman Brothers, elle décide de se consacrer au développement de l’Afrique. En 2009, elle rejoint Proparco, la filiale de l’Agence Française de Développement (AFD) dédiée au secteur privé. En 2013, Amethis, un fonds d’investissement entièrement consacré au financement de long terme en Afrique, lui confie la direction du bureau d’Afrique de l’Ouest et le Département « Institutions Financières ». En 2020, elle quitte Amethis avec l’objectif de mettre ses compétences professionnelles et sa connaissance des services financiers au service de sa passion pour la mode et le design africains. En 2021, elle crée Birimian Ventures, une plateforme de promotion et d’investissement destinée aux marques africaines du secteur de la mode et du luxe.

    La vocation de Birimian Ventures

    Grande spécialiste des fusions-acquisitions et des investissements de long terme en Afrique, Laureen Kouassi-Olsson, a voulu se recentrer sur le secteur de la mode et du luxe en Afrique. Elle connaît bien l’importance de ce secteur en France, puisqu’il représente 2,7% du produit intérieur brut (PIB) français, dégage un chiffre d’affaires direct entre 180 et 220 milliards d’euros et emploie, directement et indirectement, 1 million de personne. Le secteur de la mode et du luxe est le plus dynamique de l’économie française avec des dizaines de marques reconnues à l’étranger. Il pèse plus que l’aéronautique ou l’automobile. De plus, à travers la mode et le luxe, la France rayonne à l’international et projette son identité. Laureen Kouassi-Olsson a créé Birimian afin de permettre aux créateurs africains d’entrer dans l’ère de la finance et de l’économie en articulant créativité et projet industriel. La mode et le luxe représentent pour l’Afrique un enjeu économique et culturel fort. Economiquement, c’est un secteur qui a vocation à devenir stratégique ; culturellement, le rôle de ce secteur est de contribuer au rayonnement international du continent. Avec Birimian Ventures, Laureen Kouassi-Olsson crée la pièce qui manquait entre créativité africaine et économie mondialisée. Aucun créateur africain ne peut accéder au marché international, s’il n’est pas soutenu financièrement et accompagné à chaque étape de son développement.

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    Dans l’article qu’il consacre à Laureen Kouassi-Olsson, le journaliste Cyril Bensimon écrit : « Créée en avril et dirigée par une équipe uniquement féminine, Birimian est aujourd’hui la première société consacrée à l’investissement et à l’accompagnement stratégique des marques de luxe africaines. Portée par des capitaux français, européens, africains et américains, elle ambitionne de servir de pont entre les créateurs du continent et un marché de la mode qui serait désormais prêt à s’ouvrir à leur talent. Pour creuser ce sillon, Birimian a lancé, lundi 28 juin, un accélérateur dédié aux jeunes marques africaines, en partenariat avec l’Institut français de la mode (IFM). » Franco-ivoirienne, Laureen Kouassi-Olsson tient à ce partenariat entre la France et l’Afrique.

    La stratégie de l’accompagnement

    Pour un fonds d’investissement, la stratégie habituelle est de s’en tenir à de l’investissement pur. Laureen Kouassi-Olsson apporte la précision suivante : « Au début, j’étais partie sur une stratégie d’investissement pur, mais une marque n’a pas forcément besoin d’investissements quand elle n’est pas prête à les absorber. Elle a surtout besoin de conseils en développement et d’accéder à l’écosystème à travers des acheteurs, un renforcement de son site Web, une amélioration de sa relation clients. » (2) La stratégie de Birimian Ventures est donc celle de l’accompagnement, car il ne suffit pas de résoudre les problèmes d’accès aux financements, de levée de fonds et de structuration. Laureen Kouassi-Olsson note « la forte décorrélation entre l’image de succès que peut donner un styliste africain et la réalité ». Quelle est cette réalité ? Les créateurs africains et les marques vivent surtout dans l’informel.

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    L’esthétique africaine et ses codes ont transformé l’esthétique mondiale. Aujourd’hui, le monde est prêt à accueillir la créativité africaine dans tous les domaines (mode, luxe, musique, peinture, sculpture, danse, etc.). Le numérique a permis aux tendances africaines de se projeter hors des frontières du continent. La corrélation entre créativité et économie est désormais possible pour les créateurs africains. Laureen Kouassi-Olsson, avec Birimian, met en place un dispositif qui permet d’avoir accès à des financements (entre 30 000 et 1 million de dollars), mais aussi le soutien nécessaire afin de consolider la croissance des marques (conseils financiers, définition des besoins spécifiques, programmes d’accompagnement, accès aux grands temples mondiaux de la consommation). Les partenariats signés par Birimian le sont, pour l’instant, exclusivement avec des acteurs français du luxe et de la mode. Ce choix est volontaire, car, en dehors du fait que Paris reste la première capitale mondiale de la mode, Laureen Kouassi-Olsson « souhaite offrir une possibilité à la France et à l’Afrique de se reconnecter autrement à travers la mode. » Il est temps de sortir du wax, ce faux tissu africain industriel fabriqué aux Pays-Bas qui nous fait croire que la mode en Afrique, c’est le wax.

    Christian GAMBOTTI
    Agrégé de l’Université,
    Président du think tank Afrique & Partage-CEO du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain)
    Directeur des Collections L’Afrique en Marche, Planète francophone
    Directeur de la rédaction du magazine Parlements & Pouvoirs Africains.

    ⦁ Le Monde Afrique, Cyril Bensimon, article publié le 28 juin 2021.
    ⦁ Propos recueillis par Cyril Bensimon.

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