Le sommet sur l’immigration se tient depuis mercredi à Malte en France, réunissant des dirigeants Européens et plusieurs chefs d’Etat africains. Un fond fiduciaire d’1,8 milliards d’euros a été proposé pour briser le phénomène migratoire de l’Afrique vers l’Europe.
Depuis des années, ce sont des milliers de jeunes africains qui empruntent des embarcations de fortunes aux risques et périls de leur vie. En Guinée, en 8 mois, l’organisation internationale de la migration (OIM) a enregistré au moins 460 jeunes qui ont échoué et demandé de l’aide pour un retour volontaire.
Contacté par Afrikipresse à Conakry, le responsable local de l’OIM, Abdoulaye Diallo a expliqué que la principale cause qui pousse les jeunes à l’exil reste le ‘’chômage’’. « Les jeunes qui reviennent évoquent des raisons économiques qui les poussent, parce qu’ils ne sont pas persécutés. Ce sont les argumentaires qu’ils placent pour motiver leur départ vers l’Europe », a indiqué M. Diallo.
L’âge des jeunes guinéens candidats à l’immigration varie entre 15 à 25 ans. Dans le pays, le départ massif de ces jeunes est enregistré dans les zones du Fouta Djallon, la Guinée forestière et la Haute Guinée.
« Le Fouta est réputé comme étant une région très migrante. La préfecture de Koundara, ces dernières années a connu des départs considérables dus au fait que Koundara est situé à la frontière avec le Sénégal et la Guinée Bissau. Donc le déplacement vers le Nord est facilité », précise le responsable de l’OIM en Guinée.
La plupart des jeunes empruntent la voie routière pour aller Bamako pour atteindre le Maroc via l’Algérie où ils sont souvent victimes d’exploitation. « On les fait travailler et ils ne sont pas rémunérés parce qu’ils sont considérés comme étant des étrangers. Il y a aussi une forêt au Nord du Maroc où des gens ont construis de taudis, n’ayant pas les moyens pour tenir les coûts au centre ville, ils se rétractent dans cette forêt où certains peuvent passer entre 4 à 5 ans. Plusieurs parmi eux ont tenté plusieurs fois de franchir la mer ou sauter les babéliens pour tomber vers l’Espagne. J’ai vu des gens revenus blessés à plusieurs endroits du corps. Ils se bagarrent entre eux-mêmes. C’est aussi des lieux où certains se livrent à la prostitution », a relaté M. Diallo.
Quid des dangers qui guettent les candidats à l’immigration sur les plans économique et humain?
« Quand les jeunes quittent leur pays, certains quittent les campagnes, abandonnant leurs parents dans les villages, eux qui devaient développer des activités génératrices de revenu. Ils dépouillent leurs parents en vendant leur bétail, leur terrain, pour se lancer dans cette aventure, c’est une perte. Ils sont soumis à des risques de noyade ou de se retrouver mort dans le désert. Ils sont nombreux ceux qui sont décédés en se lançant dans les embarcations de fortunes. En 2014, le village de Korbé dans la préfecture de Lélouma a perdu 7 jeunes sur les îles de Lampedusa. D’autres retournent pour devenir une charge pour l’État guinéen ou leur famille après avoir bazardé le peu de biens qu’ils possédaient », répond-il.
Le responsable de l’OIM Guinée affirme, quand les gens affichent la volonté de retourner, et s’adresse à l’OIM, l’organisation paye leur billet d’avion. « Ils retournent dignement, accueillis à l’aéroport. Il y a un processus d’accompagnement qui varie selon les pays. Un certain montant leur ait octroyé pour développer des activités génératrices de revenu. Nous les écoutons, les conseillons, nous les formons dans l’esprit d’entreprise afin qu’ils puissent réaliser des micro-entreprises », a-t-il assuré.
Aliou BM Diallo