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    Interview sur la Crise Unjci : Alafé Wakili dit ses vérités et solutions après le 11ème congrès qui n’a rien réglé 

    Interview sur la Crise Unjci : Alafé Wakili dit ses vérités et solutions après le 11ème congrès qui n’a rien réglé 
    Publié le
    Par
    Yaya Kanté
    Lecture 40 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Wakili Alafé est journaliste professionnel. Il est également membre de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire. Il est titulaire de la carte numéro 15 de journaliste professionnel, faisant ainsi partie des premiers détenteurs après la mise en place de la carte. Dans l’interview ci-dessous, le patron de l’Intelligent d’Abidjan donne son avis sur la crise que traverse l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci). Il dit clairement soutenir l’idée d’un congrès extraordinaire dans les meilleurs délais comme solution à la crise. Pour lui, c’est le meilleur moyen d’éviter que les dissensions durent trois ans, c’est-à-dire la période d’un mandat, et jusqu’au congrès de 2025, année de l’élection présidentielle. Le congrès à cette période devant avoir lieu si les textes actuels ne changent pas, au plus tard  entre le 10 et le 15 janvier 2026, pour tenir compte des 45 jours nécessaires pour lancer le processus électoral, par l’appel à candidature. 

    Comment mettre fin à la crise à l’Unjci, qui n’est pas terminée après le congrès des 25 et 26 novembre 2022 ? En effet, alors que le président sortant Jean Claude Coulibaly et ses soutiens ont fait le choix d’organiser coûte que coûte le congrès des 25 et 26 novembre 2022, et malgré les appels timides et peu crédibles à la réconciliation doublés de petits mots contraires et belliqueux, la crise liée à l’exclusion de la liste Lance Touré, en vue d’organiser un plébiscite en route libre pour l’équipe sortante, n’est pas prête de finir. Le patron de Socef/Ntic qui est membre de l’Unjci, et qui faisait partie des congressistes de 2022, dit ses vérités, dans l’interview ci-dessous. 

    Wakili Alafé, vous qui avez été vice-président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci) quel est votre regard sur la situation actuelle de crise que traverse l’union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire ? 

    Merci de me donner l’occasion de réagir et de faire savoir mon point de vue sur la situation de crise évoquée par vous.

    Je vous invite à interroger d’autres journalistes, que j’encourage à ne pas avoir peur de faire connaître publiquement leurs positions, en dehors des groupes WhatApps et au-delà des réseaux sociaux. C’est un débat majeur pour notre association. 

    Les défis à relever pour le bien être des journalistes en Côte d’Ivoire, et notre légitimité à nous immiscer dans la gouvernance de toutes les entités de la société, imposent ce débat, pour que notre union demeure rassemblée et soudée d’une part, et d’autre part pour que notre parole de journaliste demeure forte et crédible, malgré la baisse des audiences des médias et des ventes des journaux.

    Mon regard sur la situation de crise actuelle à l’Unjci est un regard d’inquiétude, même si un groupe de personnes favorables au comité exécutif sortant de l’Unjci qui s’est fait réélire dans des conditions à déplorer, estime que tout va bien dans le meilleur des mondes, et qu’il n’y a pas de crise. 

    J’avais d’ailleurs inspiré un titre d’un article pour indiquer qu’il s’agit de leur part d’une attitude de « y’a rien en face ».  Il ne s’agissait pas d’une bonne attitude de mon point de vue. 

    NOUS SOMMES DANS UNE CRISE 

    Nous sommes dans une crise qui se poursuit toujours après la tenue d’un congrès qui devait pourtant permettre de vider les contentieux, parce que le conseil d’administration sortant n’a pas pu rendre la liste définitive des candidats dans les délais. 

    Nous sommes dans une crise qui se poursuit, malgré la tenue du congrès les 25 et 26 novembre 2022, parce que le conseil d’administration a rendu une décision hors délai dans la forme, également parce qu’il a rendu une décision contestable dans le fond, une décision contestée entre ses membres avec une qualité de 1er vice-président qui n’existe pas. 

    Nous sommes encore en crise parce qu’il y’a eu ensuite une déclaration du président du conseil d’administration disant endosser la décision précédemment contestée par lui-même. 

    Lorsque le président du conseil d’administration a affirmé s’être entendu avec les autres membres de son conseil, il n’a pas cru nécessaire de convoquer une autre séance pour délibérer à nouveau, pour examiner la question en vue de produire un procès verbal circonstancié et motivé, tenant compte de la déclaration précédente rejetant la décision querellée. 

    Une lettre disant endosser ce qui a été récusé, ne suffit pas pour conférer de la valeur à ce qui a été rejeté. Ce qu’il fallait, c’était une nouvelle délibération avec la signature du président du conseil d’administration, et non une simple lettre pour dire, j’accepte ce que je refusais. 

    Lorsqu’un acte administratif, légal, ou associatif est dit nul et de nul effet, il faut un autre acte régulier, pour produire un effet. L’acte récusé précédemment ne peut plus prospérer.

    Par exemple, lorsque le président de la République dit qu’un décret est nul, lorsqu’un ministre dit qu’un arrêté est nul, lorsqu’un maire, un préfet dit qu’un acte est nul, il prend un autre acte régulier. Il ne fait pas une lettre pour dire que le décret qui est nul, est désormais valable. 

    Le président du conseil d’administration s’est contenté de dire qu’il endosse une décision qualifiée lui-même de non régulière.  Cela ne suffit pas à conférer de la valeur à l’acte qualifié de nul par lui-même. 

    Avec ça, on était déjà dans la crise grave ! Comme il n’y avait personne pour entendre la liste qui se plaignait, celle-ci a alors saisi le ministère de tutelle et la justice. Tout cela est bien le signe de ce qu’il y’a crise, même si des éléments de langage des autres parties prenantes, tendaient à minimiser la situation. 

    DE LA SAISINE DU CONSEIL DES SAGES 

    Ensuite nous avons appris par le conseil des sages lui-même, que le président du conseil d’administration qui a saisi le dit conseil des sages, a dit que tout va bien, que le conseil d’administration s’est entendu, et qu’il n’y avait plus crise.  À cet effet, le Président du conseil d’administration a signé sa lettre pour endosser la décision avant d’aller voir les sages, craignant que ceux-ci entrent en scène, après la forclusion avérée et indiscutable de son conseil d’administration.

    Face à cette situation pas du tout courtoise à l’égard des aînés qui ont ainsi été éconduits après avoir été sollicités, le conseil des sages a pris acte. Il a souhaité un bon congrès, alors que la crise était déjà là avec ce qui est passé. Le conseil des sages n’a pas voulu entrer dans la polémique, en constatant de façon légitime et avec pertinence que la précipitation du conseil d’administration à régler la question de son dysfonctionnement était totalement suspecte ; et en constatant que cela cachait une volonté d’entraver son action de médiation en cours sur la base des articles pertinents de nos statuts, notamment l’article 35 qui confèrent des prérogatives de médiation et de propositions à cet organe, d’ailleurs nommés lui-même au mépris des dispositions statutaires. 

    Faut-il rappeler qu’avant même cette situation  ouverte, le conseil des sages appelait à la cohésion, et tentait à ses propres frais, de prendre les devants pour prévenir la crise. Alors que manifestement ses messages sont tombés dans des oreilles de sourds, le conseil des sages a pu donner ensuite l’impression que tout allait bien, et qu’il n’y avait pas crise, que c’est une seule partie qui entretenait la crise. 

    UNE PROPOSITION FOULÉE AUX PIEDS 

    Il se trouve fort heureusement que par la suite, le conseil des sages a essayé de rattraper les choses pendant qu’il était encore temps, en suggérant un congrès ouvert avec la prise en compte de la candidature exclue. Les sages ont subi une autre revers après le revers de la saisine du conseil d’administration. En effet, leur proposition a fait l’objet d’une fin de non recevoir. Lorsqu’un organe statutaire fait une proposition, qui n’est certes pas une décision, cette proposition mérite d’être prise en compte et même soumise au congrès. L’on a vu le sort qui a été réservé aux sages, qui ont encaissé. Leur proposition n’a même pas été soumise au congrès seul organe compétent en la matière.

    Je tiens à saluer les membres du conseil des sages, à saluer leur intégrité même s’ils ont eux-mêmes déploré et constaté qu’il y’a eu des suspicions et des insinuations à leur égard. L’histoire retiendra les noms et les visages de ceux qui ont dit non au conseil des sages, mais qui parlent à présent de réconciliation. 

    Il est bon de noter que la liste rejetée comprenait quand même 24 membres, qu’elle était conduite par un candidat qui avait eu plus de 200 voix au second tour en 2019. Cette liste, même si elle était minoritaire, elle compte. Il n’était pas possible de dire « y’a rien en face », et de laisser le processus continuer tel qu’il était engagé. 

    LE VOTE DU PRÉSIDENT DU CONGRÈS A ÉTÉ IRRÉGULIER 

    Au congrès, dans des conditions non transparentes, ce groupe a quand même obtenu 74 voix à main levée, dans une élection sans enjeu, véritable pour la suite car d’autres majorités pouvaient se dégager au cours du congrès. Par ailleurs, eu égard à nos textes, le vote du président du bureau du congrès, est un vote irrégulier. J’y reviendrai ! 

    Brandir 310 voix sans avoir donné la possibilité d’avoir un adversaire pour un contrôle de tout le processus électoral n’est pas suffisant, pour avoir la légalité et la légitimité souhaitées. 

    L’Unjci n’est pas à sa première tension. Vous-mêmes aviez à l’époque au centre d’une crise qui n’était pas directement liée à l’Unjci. Comment cela été réglé ?

    Oui à l’époque j’étais vice président de l’Unjci et j’avais manifesté l’ambition d’être président. Je ne voudrais pas revenir sur les détails des circonstances de cette situation dont j’ai déjà assez parlé dans un de mes livres. Ce que je veux noter, c’est la sagesse et la solidarité du comité exécutif de l’époque conduit par Amos Béonaho, et aussi la confraternité de l’ensemble des journalistes. 

    Amos Béonaho. © DR

    En effet, alors que le processus électoral pouvait bien se poursuivre sans moi, tout ce monde a accepté la requête de mes partisans pour reporter le congrès. Vous avez vu que malgré les griefs qu’il était possible d’avoir, j’ai été ensuite reconnaissant et fidèle à l’Unjci dont je suis resté membre, refusant de rejoindre les amis qui ont crée l’Ojpci dans la même période. 

    UN REPORT EN 2008 QUI ÉTAIT SIGNE DE SAGESSE ET DE FRATERNITÉ 

    Avoir accepté la demande de report du congrès a été pour moi un acte de confraternité et de camaraderie qui a été d’un réconfort dans les difficultés que je traversais. L’attitude de l’Unjci à l’époque a consisté à dire Alafé Wakili est un des nôtres. Pour cette raison, je ne peux pas quitter l’association. C’est ce même chemin de la maturité et de la sagesse, par le dialogue qui était aujourd’hui suggéré par une partie des protagonistes face à ceux qui estimaient tenir le bon bout. 

    La requête faite était de consentir à reporter le congrès pour assurer une organisation plus ouverte, plus transparente afin de mettre l’association à l’abri des difficultés post congrès. Croire que la stratégie du fait accompli allait s’imposer, n’est pas une bonne option. 

    En 2019, les vaincus avaient accepté leur défaite. En 2022, les exclus n’acceptent pas ce qui s’est passé. Ils n’ont pas été défaits, ils n’ont pas été vaincus. Ils ont exclus ! Il n’y a pas eu de compétition. 

    Ceci étant, quelle est la différence entre la crise présente et d’autres crises passées, notamment 2019 et celle 2015 qui s’était même poursuivie en justice  ?

    La crise de 2019 est simple. Nous avions un processus électoral consensuel, ouvert, équitable et démocratique. Les candidats se sont engagés dans le processus avec vigilance et contrôle des différentes étapes. Il se trouve qu’au cours d’une étape du congrès, il y’a eu des tensions et des perturbations ayant conduit à l’ajournement du congrès. Avant cela, il n’y avait pas eu de blocage, ni d’entraves. Tout s’était passé sans remise en cause du processus, dans le respect des textes et de bonnes pratiques avec l’accord de tous les candidats. Cela est aussi lié au fait qu’on avait un président sortant plus candidat, qui était soucieux de faire adhérer toutes les parties au processus, malgré les réserves de deux parmi les trois candidats. Des sages qui n’étaient pas encore un organe statutaire opérationnel, mais dont la mise en place venait d’être actée par le congrès ajourné, ont alors été sollicités dans le cadre d’un comité ad’hoc pour aider à la sortie de crise. Ils ont validé un schéma de congrès extraordinaire avec un ordre de jour unique, sans reprendre l’ensemble du processus électoral, ni des décisions du congrès déjà validées. L’élection a eu lieu ensuite avec les trois candidats déjà retenus. Il n’y a pas eu de contestation après le scrutin et le calme est revenu .  

    UN DÉBAT ENTRE LES CANDIDATS EN 2019

    Lance Touré © DR

    J’avais même été à l’initiative d’un débat contradictoire entre les trois candidats, avant que les choses ne dégénèrent lors de la première phase du congrès. Trois ans après, les uns et les autres se parlent à peine. Je me souviens après le cafouillage de 2019, avoir appelé les deux adversaires de Jean Claude Coulibaly pour leur parler et leur faire savoir mon point de vue. Je leur expliquais qu’ils donnaient l’occasion à leur adversaire de mieux se préparer. En effet même s’ils l’ont contraint par la suite à second tour, il a pu gagner. Leur attitude inflexible au sujet des procurations avait suscité des inquiétudes, qui ont conduit des partisans de leur adversaire à perturber le congrès par des actions que l’on sait. Finalement, les procurations ont bel et bien été prises en compte. J’attirais alors leur attention sur le fait que le report était favorable à leur adversaire, et qu’ils n’auraient pas dû en donner l’occasion. Cela donne une idée de l’esprit positif de 2019, malgré tout. Je ne peux pas dire que cet esprit a existé en 2022. 

    La situation de 2022 est totalement différente, comme était également la situation de 2015. 

    À l’époque en 2015, les adversaires du Président sortant étaient allés au congrès pour défendre leur point de vue. C’est eux qui estimaient que le président sortant était inéligible, alors que cette fois, c’est le contraire, avec l’équipe sortante qui a récusé une candidature. Les tenants de cette thèse de l’invalidation du Président Moussa Traoré avaient été mis en minorité au congrès. C’est alors qu’ils ont suspendu leur participation, et annoncé leur intention de saisir la justice. Ce qu’ils ont fait ensuite. La saisine de la justice n’est donc pas une situation inédite, ou nouvelle dans la vie de l’Unjci, alors que l’on a entendu une indignation à cet effet.  

    Moussa Traoré. © DR

    LA JUSTICE SAISIE CETTE ANNÉE AVANT LE CONGRÈS ET NON APRÈS 

    Pour la situation en 2022, la justice a été saisie avant le congrès. Ainsi après le congrès, la procédure entamée peut se poursuivre pour s’attaquer aux questions de fond, le procédé de l’urgence et des référés n’ayant pas été concluant pour la partie qui avait saisi la justice. Chaque congrès présente sa spécificité et les situations ne se ressemblent pas tout à fait. Je pense que si le congrès avait accepté les débats sur la question de la décision contestée, un débat se soldant par un vote clair et démocratique, la crise aurait pris fin au congrès. Malheureusement tel n’est pas le cas aujourd’hui. 

    Le fait que l’Unjci arrive toujours à survivre à ces crises, a pu conduire à banaliser la situation d’avant le congrès des 25 et 26 novembre 2022. Certains peuvent se dire que la crise présente passera comme la crise qui avait conduit un nombre important de journalistes pour l’époque, à aller créer l’Ojpci. Cette association fait son bonhomme de chemin. Elle a gagné sa place dans les Organisations professionnels des médias, avec désignation de représentants dans des instances. Toutefois, elle n’a pas réussi à ravir à l’Unjci son leadership. Cela peut maintenir dans la logique de « y’a rien en face , ils vont se dégonfler », les tenants actuels du sceau à l’Unjci. Ce serait dommage de leur part. 

    Avant chaque congrès l’on parle de toilettage des textes mais pendant les congrès, l’on dit les journalistes sont aux abonnés absents. Comment expliquez-vous cette situation ?

    Ce n’est pas avec les journalistes seulement, cela se passe dans d’autres associations. Cela dit, il reste difficile de mobiliser tout le monde pendant de longues heures, dans les travaux en commission qui sont ainsi désertés. Cependant dans les commissions relatives aux statuts et règlements intérieurs, ou à la politique générale, il y’a généralement plus de monde. Lorsqu’il s’agit d’un congrès électif, et lorsqu’il n’y a pas eu d’assemblée générale avant les élections pour regarder justement les textes sans intention électorale de façon sereine, les congressistes préfèrent éviter les questions qui fâchent ou qui divisent comme une modification non consensuelle des textes.

    L’assemblée générale ordinaire est une obligation statutaire. Elle peut être l’occasion de réfléchir aux textes à proposer lors du congrès ordinaire. Par ailleurs, il est bon d’envisager que les propositions d’amendements au congrès se fassent à l’AG, et qu’elles se fassent deux semaines ou un mois avant la date de l’AG, qui a son tour doit être convoquée trois mois avant sa tenue. 

    INSUFFISANCE DES TEXTES 

    La crise en cours ayant fait ressortir quelques lacunes et insuffisances dans l’application et l’interprétation de nos textes, il n’était pas possible de les changer dans le congrès de la division qui vient de se tenir. L’organisation d’une assemblée générale ordinaire ou extraordinaire, permet de préparer avec sérénité l’examen des textes à soumettre au congrès. L’on voit qu’il n’y a pas eu d’assemblée générale ordinaire au mépris des textes, au cours du mandat 2019-2022 qui s’est achevé. 

    Que pensez-vous de l’action du conseil des sages ?

    Le conseil des sages est certes un organe consultatif, et non exécutif, mais il est bel et bien un organe statutaire. Sans oublier que le conseil d’administration n’est pas non plus un organe exécutif en dehors des questions électorales. C’est en 2008, alors que je devais être candidat qu’un accord avait été signé pour permettre au conseil d’administration que je devais présider, de mener des activités. Lorsque je le suis retiré de la course , le projet de modification a été abandonné. 

    L’on a l’impression que le conseil des sages a estimé qu’il était question de l’inciter à se prononcer sur la question de l’éligibilité, de la part de la liste exclue.  Non, il ne s’agissait pas de cela. 

    Il était plutôt attendu de lui qu’il se prononce sur le cadre général de la contestation de la décision du conseil d’administration, pour faire une médiation, pour faire des propositions, après un examen rigoureux des textes, et après l’écoute des parties en contentieux. D’ailleurs, si la liste exclue et rejetée n’avait pas jugé utile de saisir le conseil des sages, c’était justement parce que celui-ci avait été déjà saisi par le conseil d’administration. 

    En effet, de façon spécifique le conseil des sages avait été saisi par le Président du conseil d’administration, en vertu de l’article 35. 

    C’était une opportunité qui pouvait être saisie pour regarder les questions de forme, les questions de respect des textes et des procédures, en sollicitant au besoin des avocats et des juristes, la commission paritaire de la CIJP, des responsables de la fonction publique pour trancher la question qui divisait. 

    Il a été aussi question de cartel dans cette crise … De quoi s’agit-il ?

    (Rires) Cette affaire de cartel n’est pas un fait nouveau en réalité. C’est juste un autre nom qui apparaît. Car en 2019, en 2015, en 2011-2012 et même avant, en 2009, ça parlait d’un esprit cartel, c’est-à-dire un groupe qui défend des intérêts et des préoccupations, qui défend une vision dans laquelle d’autres ne se reconnaissent pas. Par contre ce qui est nouveau, c’est là où les doigts sont pointés s’agissant des acteurs du cartel. 

    En général, c’est l’équipe au pouvoir à l’Unjci, qui était perçue comme un groupe d’amis, un bois sacré, pour ne pas dire une confrérie, un cartel. Ainsi les allusions de ce genre ont plutôt toujours existé à l’égard du conseil exécutif sortant ou des proches du conseil exécutif au pouvoir. 

    La nouveauté c’est quand l’on tente de faire croire actuellement que le cartel est dans l’opposition. Les mêmes acteurs présumés du cartel avaient d’ailleurs été dénoncé en d’autres mots en 2019. Donc il n’y a rien de nouveau.  

    Nous les jeunes journalistes que nous étions en 95-96, c’est parce qu’on considérait les aînés comme un cartel , un groupement pour la  défense et la promotion des préoccupations qui n’étaient pas forcément les nôtres, que nous avions créé l’association des jeunes journalistes de Côte d’Ivoire, qui a organisé des activités remarquables. 

    UN PROFOND RESPECT POUR LES ANCIENS 

    Mais comme nous avions un profond respect pour les aînés, nous n’avons pas utilisé le mot cartel à l’époque contre eux, même si au fond, en dehors de l’allusion à la drogue, l’usage du mot cartel peut être accepté, comme on peut accepter bois sacré, caste, confrérie…, groupe d’amis, ou tout autre équivalent et non injurieux. Je crois qu’il est possible d’avoir un langage plus courtois, sans que chaque partie renonce à ses points de vue, ni à ses opinions. 

    Pourquoi malgré tout ce que vous dites, d’aucuns affirment que tout va bien, et qu’il n’y a pas crise ?

    J’ai déjà fait le même constat. C’est leur droit de penser que tout va bien. L’avenir et le temps nous en diront plus. Dans tous les cas, notre souhait c’est justement que tout aille bien. Si tout va bien, s’il n’y a rien en face, si le congrès est derrière nous, si la contestation étouffée, empêchée et exclue ne pèse que 74 électeurs, si la vie est belle, tant mieux donc ! C’est qu’il n’y a pas de réconciliation à faire ! Si tout va bien, de quelle réconciliation parle-t-on ? 

    Ne craignez-vous pas des pressions, un découragement, des désistements ?

    C’est possible. Les jeunes qui ont décidé de se battre contre l’injustice et l’arbitraire peuvent être découragés. Et puis comme tout le monde le dit, ils ne vivent pas de l’Unjci. Ceux qui vivent en ce moment de l’Unjci, c’est ceux qui gagnent de la visibilité et de la notoriété à travers l’Unjci. Ils peuvent soupçonner d’autres gens de vouloir leur ravir cette position, mais à condition de reconnaître que c’est eux qui tirent profit de l’association. Il ne sert à rien de faire des allusions à ceux qui veulent tirer des profits en manipulant. Seuls ceux qui n’ont pas d’autres possibilités d’avoir des ressources, peuvent faire de l’Unjci un objectif de vie. Ceux qui accusent, qu’ont-ils réalisé ! Savez-vous qu’en 2008 déjà, je proposais la déclaration des biens pour le candidat à la présidence de l’Unjci. Personne n’en parle. Quand après des gens parlent d’intégrité, de moralité, je n’ai pas envie de faire comme Gobbels lorsqu’on lui parlait de culture. Je préfère être André Malraux. 

    Par rapport à votre question, je reconnais que nous sommes dans un secteur difficile, où les entreprises ont des difficultés. Les journalistes ne sont pas à l’abri de certaines tentations ni pression aussi bien en entreprise, que dans leur environnement social. Cela n’empêche pas ceux qui sont à lus libres, et à l’abri du besoin, de parler pour l’histoire, pour demain. 

    Vous savez, malgré la détermination à leur niveau, qu’à un moment donné même les acteurs politiques abandonnent la pression ou reculent pour mieux sauter. On le voit avec l’opposition en Côte d’Ivoire qui a calmé le jeu après l’épisode CNT en 2020, et aussi par le passé notamment après 2000 face à Laurent Gbagbo. Il n’est pas exclu que les journalistes soient dans le même état d’esprit, tout comme il est possible qu’ils restent constamment mobilisés et déterminés durant 3 ans. Le temps dira. (…) 

    Ce qu’il faut surtout espérer c’est la capacité à créer un cadre pour mener un dialogue et une médiation. C’est pour cela qu’en appui à la saisine de la justice, la liste qui considère qu’elle avait été rejetée abusivement par le conseil d’administration, avait saisi la tutelle pour l’informer et solliciter également sa médiation comme en 2019. Le ministère a dit qu’il ne comptait pas s’immiscer dans les affaires des journalistes. Il a eu une bonne posture. Sur cette base, il n’a pas été invité au congrès. Il a cherché à s’informer. À côté de ceux qui disent que tout va bien, qu’il n’y a rien en face qu’il faut écouter, il y’a aussi lieu d’écouter ceux qui contestent le processus tel qu’il s’est déroulé. 

    Pensez-vous que les amitiés et la confraternité vont résister à cette crise ?

    Oui, je le pense, mais je le pensais davantage avant le congrès des 25 et 26 novembre 2022. Cela va prendre du temps, et cette situation n’est pas à l’avantage de notre association, ni des vainqueurs du moment, les tenants momentanés du pouvoir pour trois années maximum. Une personnalité que je ne citerai pas ici a dit que dans l’amitié ou dans le conflit avec une personne, il ne faut aller trop loin. Il faut penser à la rupture dans l’amitié, ou à la réconciliation dans le conflit. Ceux qui agissaient avant le congrès n’ont pas pensé à la nécessaire réconciliation d’après. Ils ont refusé d’écouter les sages. À présent, ils parlent de réconciliation. 

    Yao Noël qui a été votre patron, est le président du conseil des sages, Bamba Alex un de vos mentors en est également membre, alors que vous semblez n’être pas d’accord avec le conseil des sages …

    C’est la démocratie et cela est un bon signe. En effet si Yao Noël qui est mon premier patron et parrain, et Bamba Alex qui est mon parrain, devaient soutenir une personne, c’est assurément moi. Mais il ne s’agit pas de moi, il ne s’agit pas de ma personne, il ne s’agit pas d’un problème personnel ou familial. Il s’agit de l’Unjci, et ils sont tenus de prendre en compte tous les paramètres. Cela montre leur probité, et leur intégrité. C’est un bon signe que moi je ne sois pas d’accord avec eux. 

    J’imagine si c’est les autres qui ne bénéficiaient pas de leurs préconisations, de leurs propositions, ce qui aurait été dit. D’ailleurs pour ne pas embarrasser Yao Noël et Bamba Alex, je me suis gardé d’aborder la question avec eux. 

    Yao Noël © DR

    L’affection et les liens entre nous n’ont rien à voir avec ce qui se passe. Ils devaient faire la preuve de leur impartialité à l’égard de tous, y compris moi. C’est ce qu’ils ont fait dans le contexte que nous connaissons. Je n’aurais pas été fiers d’eux s’ils devaient prendre une décision simplement pour me faire plaisir, ou pour faire plaisir à ceux que je soutiens. Je suis fier qu’ils aient manifesté des positions libres et indépendantes, même si cela a été perçu comme favorable à nos adversaires, à un moment. Par la suite, vous avez vu le sort qui leur a été fait.

    Vous savez, j’avais 25 ans quand je créais l’association des jeunes journalistes de Côte d’Ivoire. Yao Noël le fondateur de l’Unjci était mon patron, mais il n’a pas cédé aux inquiétudes de ceux qui voyaient mal cette association. Dans la même période, Bamba Alex a été d’une sollicitude inoubliable au cours de ma carrière. Les deux le sont d’ailleurs jusqu’à ce jour, sans oublier les autres membres actifs ou non du conseil des sages. Cela dit, je fais savoir que le conseil des sages devait être mis en place trois mois après le congrès de 2019, et non quelques mois avant le congrès des 25 et 26 novembre 2022 pour tenter d’embellir le bilan moral, marqué par la non tenue d’une AG ordinaire statutaire et obligatoire.  

    Bamba Alex. © DR

    Alors permettez-moi de vous rassurer que de mon point de vue, cette crise à l’Unjci, est vraiment du menu fretin dans mes relations avec Yao Noël, Bamba Alex, Mam Camara, Amedé Assi, et Marie Paule Aboh. Jamais l’Unjci ne mettra pas à mal mes relations avec les membres du conseil des sages ; et d’autres anciens et aînés. Jamais ! Pour pour les autres, ne me demandez rien pour le moment. (Rire). 

    D’aucun craignent l’intrusion du politique dans l’affaire, que pouvez-vous en dire ?

    J’ai entendu cela. J’ai eu échos de certains discours même. J’ai entendu que certains des nôtres se vantaient d’avoir des relations politiques, des relations au tribunal, des relations au gouvernement, des relations au Rhdp, des relations à la présidence. J’ai aussi entendu des inquiétudes sur les postures et engagements politiques des têtes de liste et des listes.

    Mam Camara. © DR

    Face à ces allégations, je m’en tiens à la déclaration du ministère de tutelle, et à la lettre qui lui a été écrite pour l’informer de la situation, afin qu’il examine la question, et aide l’Unjci à éviter une situation plus compliquée. De toutes les façons, tout finit par se savoir (rires). Les amitiés et les relations des uns et des autres sont connues; et tout finira par se savoir avec le temps sur ce que chacun et chacun a fait ! 

    Vous n’avez pas abordé la question de Inza Diomandé … 

    Inza Diomandé. DR

    Mais c’est parce que vous n’avez pas posé de question sur cet aspect ? Cela dit, est-il besoin d’y revenir ? Il y’a tant à dire. Je voudrais simplement rappeler que les plaignants avaient saisi la commission paritaire de la carte de journaliste professionnel et de professionnel de la communication. Cela signifie qu’ils savent qu’elle pouvait être bien compétente pour connaître de la question. Autrement, elle n’a rien à voir dans l’élection à l’Unjci. Elle était même plus compétente que le conseil d’administration, en la matière d’appréciation du respect des conditions de délivrance, ou de maintien de la carte de journaliste professionnel. Le conseil d’administration devait saisir également cette commission et attendre sa décision. 

    ILS VOULAIENT RESPECTER LE DÉLAI DU DÉBUT DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE 

    En face, il y’a avait bien entendu d’une part le respect du délai des 7 jours (qui n’a d’ailleurs pas été respecté) mais également l’exigence du respect des 15 jours avant la date du congrès pour le début de la campagne électorale. Je crois que c’est surtout l’obligation statutaire de respecter cet autre délai pour éviter une double forclusion après le non respect du délai des 7 jours, qui a conduit le conseil d’administration à prendre une décision en lieu et place de la commission d’attribution de la carte d’identité de journaliste professionnel, sans oublier que l’administration pouvait également être sollicitée sur la question. Pourquoi se précipiter pour respecter ce délai quand le délai de publication de la liste électorale, et le délai de publication des candidatures définitives, n’ont pas été respectées ? 

    Bon après, quand on a vu les postures des uns et des autres au Congrès, on n’a pas compris pourquoi les formes n’ont pas été respectées. Il était en effet possible pour la commission paritaire de la carte de journalistes professionnels, de connaître de la question, d’examiner la requête, et de rendre une décision dont le conseil d’administration, aurait pu se prévaloir. Cela aurait été moins inacceptable que ce qui a été fait. 

    De plus, ce cas devait faire l’objet d’un débat démocratique profond au congrès, avec à la clé un vote pour confirmer la décision, ou non. Aujourd’hui la confusion demeure, et seule une instance indépendante peut fournir une réponse motivée sur tous les aspects de la question. 

    Que dites vous des anomalies sur la liste adverse ?

    On aura l’occasion d’y revenir dans d’autres circonstances plus apaisées, mais cet aspect soulève encore la question de la publication de la liste électorale trois mois avant le congrès en année électorale, selon les textes…

    Imaginez la Cei, publier la liste définitive des électeurs, et après dire que l’électeur qui y figure ne doit pas y figurer, alors que sur cette base les gens ont déposé leur dossier pour être candidat. C’est exactement ce qui s’est passé chez nous. La liste électorale définitive qui devait servir de base à l’ouverture des candidatures a été publiée le 10 novembre 2022. Pourtant cette liste devait être publiée, trois mois avant la date arrêtée du congrès, c’est-à-dire le 25 août 2022. Et avant sa publication à titre définitif, elle devait faire l’objet de tous les recours possibles. Ensuite seuls ceux qui étaient sur la liste étaient éligibles, dans le respect des autres conditions de recevabilité de la liste (10 ans de détention de la carte pour le conseil d’administration, prise en compte de la pluralité et de la diversité des lignes éditoriales, absence de doublon etc, absence de sanctions). Il n’existe pas d’autres cas d’invalidations dans nos textes, parce que les textes ont prévu que les candidatures se présentent sur la base d’une liste électorale disponible trois mois avant le congrès, de sorte à permettre que 45 jours avant le congrès, le conseil d’administration ouvre les candidatures. Comment le conseil d’administration a-t-il pu accoter de recevoir les candidatures sur la base d’une liste électorale provisoire, d’une liste de congressistes non à jour ? 

    Et la question du comité d’organisation désigné par le président sortant pour organiser le congrès ?

    C’est une coutume, une habitude, un usage, une pratique comme il a été dit. Cependant cela n’est pas dans les textes. Nos textes ne disent pas qui organise le congrès, et cela montre bien un peu l’esprit cartel et bois sacré qui a pu régner souvent. Vous savez, selon moi, l’esprit de la candidature du conseil d’administration au moment du congrès, c’est d’une part pour montrer la prééminence du comité exécutif sur le conseil d’administration, mais d’autre part c’est aussi pour éviter que l’organe de contrôle entre en campagne et en compétition avant la mise en place du bureau du congrès. Cela signifie que c’est au conseil d’administration de regarder le dispositif d’organisation du congrès, et non le comité exécutif qui se doit d’être impartial et équitable dans le processus. Cela nous ramène encore à l’idée de cartel. de cooptation, de groupe d’amis se renvoyant l’ascenseur avec l’idée longtemps répandue que le candidat du conseil exécutif sortant est toujours élu. Il est important de mettre en place des organes plus indépendants pour organiser les élections. Le niveau d’exigence de transparence est plus accentué de nos jours. Malheureusement cette année, nous avons eu un membre du bureau sortant, un candidat à l’élection du 26 novembre 2022, qui était le président du comité d’organisation. La liste définitive des congressistes a été publiée par lui deux semaines avant le congrès. 

    LA LISTE DES CONGRESSISTES PUBLIÉE SANS RESPECT DU DÉLAI EN ANNÉE ÉLECTORALE AU CENTRE SU CONFLIT 

    Pourtant les textes disent que la liste des congressistes doit être connue trois mois avant le congrès. Lorsque l’on est dans une démarche de consensus et de confiance entre les parties, il était possible de fermer les yeux sur ces choses. Mais dans le contexte actuel, cela fait partie du contentieux. Si le contentieux sur la liste électorale avait été vidé dans les délais et dans les normes pour avoir une liste définitive, trois mois avant, croyez-vous que le cas Inza Diomandé aurait été possible ? Non ! Pourquoi faire payer à une liste, les manquements dans le respect des dispositions statutaires de l’Unjci ? 

    Pourquoi, alors que vous faites parties des aînés et que vous avez des gens qui vous respectent de part et d’autres, et dans les deux camps, vous semblez prendre cette position alors que d’autres n’affichent pas leur posture exacte ? 

    Je parle pour l’histoire. Pour rappeler que je n’ai pas changé par rapport à mes positions passées. Pour rappeler qu’en 2019, j’ai été à l’initiative d’un débat entre les trois candidats avant l’ajournement du congrès, alors que j’étais soupçonné de soutenir un candidat. Trois ans après, les donnés ont changé (rires). Il est important de parler et de faire connaître clairement sa position, afin que nul n’en ignore. Il y va de l’avenir et de l’histoire ! Les archives retiendront et les générations à venir auront de la matière pour servir et nourrir les débats à venir. Vous savez il y’a des silences qui parlent. Il y’a aussi des silences qui sauvent. En même temps, il y’a des silences à éviter. Je comprends la position des uns et des autres. Je respecte la position des uns et des autres. En retour, je souhaite que la mienne soit  respectée, acceptée ou combattue avec des arguments. 

    Pour terminer, peut-on savoir ce que vous reprochez à Jean Claude Coulibaly que vous semblez avoir soutenu en 2019 ?

    Ne faut-il pas plutôt aller lui demander ce qu’il nous reproche, ce qu’il me reproche  ? Il paraît qu’il a vaincu le Cartel, qu’il nous a vaincus. Bravo donc à lui ! S’agissait-il de convaincre les journalistes à la loyale et à la régulière comme en 2019, ou bien s’agissait-il de tricher, de magouiller, d’exclure pour vaincre un cartel prétendu ? Quelle gloire dans cette forme de victoire !!! 

    Jean Claude Coulibaly. DR

    Allez lui demander ce qu’il me reproche, ce que son staff me reproche, le mal que j’ai pu faire à ceux qui le soutiennent pour mériter une sorte de lâche calomnie de leur part ! Oui j’estime qu’il s’agit d’une lâche calomnie, car parmi eux, personne n’a jamais eu le courage de me citer nommément. 

    Ils savent, oui ils savent que ce sera avec regret s’ils le font ! Car j’ai un mot pour chacun, une histoire sur chacun ! Depuis près de 30 ans, je suis journaliste. À part les sages  que j’ai cités auxquels j’ajoute faites ainés comme Honorat de Yedagne, Dan Moussa, Zio Moussa, Samba Koné, Sy Savané, René Bourgouin, et tous ceux que je ne peux citer, je peux dire un mot sur beaucoup de journalistes en Côte d’Ivoire. J’ai fait savoir clairement que je ne soutiens pas ce que Jean Calude Coulibaly. Je continue de dire que je n’accepte pas comme d’autres jeunes, ce qui a été fait. En quoi cela mérite ces allusions calomnieuses et lâches de la part de certains ?  Alors j’attends les accusations directes, loin des allusions lâches. J’attends ! 

    C’EST À JEAN CLAUDE COULIBALY ET À SES SOUTIENS QU IL FAUT DEMANDER CE QU’ILS ME REPROCHENT 

    Pour revenir à Jean Claude Coulibaly, je sais qu’il a tenté ces dernières semaines de parler avec moi,  par personnes interposées. Il a tenté d’aplanir ce qu’il considère lui-même avec pudeur comme incompréhensions et malentendus. Je lui ai fait connaître ma position clairement en ces termes : je ne ferai rien contre toi, mais je ne peux rien pour toi. J’ai ensuite dit à la personne qui a organisé plusieurs rencontres de conciliation ceci : tu soutiens Jean Claude et s’il gagne tu organises la réconciliation. Si Lance Tourė gagne, moi j’organise la réconciliation. J’ai dit cela dans l’esprit d’un combat loyal ! Je ne dirai pas plus pour le moment. 

    Honorat De Yedagne. © DR

    Mais un jour, il sera temps de revenir sur ce qu’il a appelé lui-même malentendus et incompréhensions. 

    Votre message de fin de cet entretien, en votre qualité d’ex deuxième vice-président de l’Unjci, de candidat avorté en 2008 et de doyen par rapport à d’autres journalistes, même si vous aussi vous avez vos propres doyens … ! 

    Candidat avorté, pas mal dit, vous avez le sens de l’humour… par rapport à un contexte qui fut plutôt douloureux, mais dont on peut en effet rire aujourd’hui… 

    Ce que je peux dire, c’est que les hommes passent, mais les institutions restent. Nous allons passer et l’Unjci va rester.

    Entre organiser coûte que coûte un congrès le 25 et 26 novembre 2022 d’une part, et d’autre part reporter le congrès pour trouver une approche consensuelle dans le cadre du respect des procédures et des textes, le choix devait être fait, selon moi, de reporter.

    UN CONGRÈS EXTRAORDINAIRE AIDERA A SORTIR DE LA CRISE 

    Il n’y avait pas d’hésitation à avoir sur les décisions à prendre, car on voit bien que la tenue d’un congrès les 25 et 26 novembre 2022, n’a pas mis fin à la crise. 

    Je saisis l’occasion pour saluer l’ex président Moussa Traoré, Coulibaly Brahima, Beaudelaire Mieu, et tous les 74 (rires) courageux qui ont exprimé à main levée leur position dans un contexte difficile au congrès.  

    À cet effet, d’ailleurs je note encore par rapport à nos textes, qu’il y’a un souci au sujet de ce scrutin. Je le disais plus haut.

    LA VOTE DE LA DÉCISION PORTANT PRÉSIDENCE DU CONGRÈS N’A PAS ÉTÉ FAIT À LA MAJORITÉ DES MEMBRES PRÉSENTS AU CONGRÈS 

    En effet, il est dit l’article 7 des statuts ceci : « Les décisions du Congrès sont prises à la majorité simple des membres présents, sauf celles concernant les exclusions, les réadmissions ou la dissolution de l’UNJCI pour lesquelles une majorité de 2/3 des membres présents est requise »

    Beaudelaire Mieu. © DR

    La majorité des membres présents, c’est bien la majorité des membres présents, et non la majorité des votants. Le vote du président du congrès est bien une décision du congrès. À ce titre, un tel vote doit refléter la majorité des membres présents. Sur 452 personnes, la majorité c’est 227, et non 152. 152, c’est plutôt la majorité des votants , et non la majorité des membres présents. 

    Comment cela a-t-il pu échapper au comité d’organisation, au président du congrès qui semble être un homme d’expérience ? 

    Aucune idée. Mais ceux qui ont suivi savent que je suis sorti de la salle du congrès après cette étape, car je venais de comprendre que le congrès ne pouvait pas être validé. Il était simple de reprendre le vote avec les mêmes candidats, ou de trouver un candidat à même de recueillir la majorité des voix des membres présents. Si j’avais suggéré cela, les 152 ne m’auraient pas écouté et n’auraient écouté personne d’autre, comme ils ne voulaient pas écouter ceux qui parlaient de procédure et avaient des préalables. J’ai choisi de partir. Je rappelle : la majorité des membres présents , ce n’est pas la majorité des votants. Il faut respecter les textes et les procédures, de notre association.

    Je termine en invitant au bon ton, dans le débat en cours. Je ne crois pas avoir injurié quiconque à travers cette interview. J’ai exprimé ma position avec conviction et avec courtoisie. J’invite les autres à faire de même, et à construire un débat civilisé, courtois et responsable en pensant au passé, au présent ainsi qu’à l’avenir. 

    APPEL AU BON TON ET DEMANDE DE PARDON 

    Je demande pardon si au cours des débats sur WhatApps, j’ai offensé; notamment lorsque j’ai eu à réagir à ceux qui parlaient de cartel. Je suis désolé pour ce moment, qui avait donné lieu d’ailleurs, et à juste titre, à une interpellation des administrateurs de notre groupe WhatApps. Je n’oublie pas d’inviter les membres de notre Ong Confrère Journalistes, à notre rendez-vous du 16 décembre 2022 à Tiassalé. 

    Avant vraiment de terminer, comme avez parlé des groupes WhatApps, l’on a appris que vous ne vous y exprimé plus trop, pourquoi ? 

    D’abord parce que ces groupes n’ont pas été créé pour le congrès Unjci ; ni pour parler uniquement de notre association,  ensuite parce que je ne voulais pas entretenir la polémique sur la base de ces allusions peu courageuses dont j’ai parlé. Vous savez j’aime les débats, mais je veux les débats francs avec des gens qui assument leur position, dans la courtoisie. 

    En Côte d’Ivoire, et à l’étranger, je n’ai jamais fui les débats même les plus délicats. Dans les groupes WhatApps, il y’a des gens de tous les niveaux, de tous les âges, et certains membres, peuvent être tentés de s’adonner à l’irrévérence, à l’arrogance, à la calomnie sans raison. J’ai choisi le débat public à travers cette interview pour montrer que personne ne peut effrayer , pour convoquer un débat sain, et pour inviter à trouver des espaces publics de débats contradictoires. 

    POUR DES DÉBATS CONTRADICTOIRES EN DEHORS DE WHATAPPS 

    Si nous les journalistes, nous ne pouvons pas parler avec sérénité et responsabilité des problèmes au sein de notre association, comment pouvons-nous être crédibles et légitimes, lorsque nous donnons nos opinions sur ce que les autres font, sur la vie dans les autres associations et partis politiques. C’est à juste titre que le ministre de la communication avait dit que nous-mêmes, nous voici mis à l’épreuve de la démocratie. En effet nous les donneurs de leçons,  nous sommes à l’épreuve. Si nous choisissons la voie des arrangements et des piétinements des textes, pour ne retenir que ce qui peut arranger un groupe, nous allons en répondre devant l’histoire. Des élections municipales arrivent en 2023 dans le pays, en attendant 2025 et 2026. Alors attention ! 

    Ma position a le mérite d’être claire , d’être libre et d’être assumée, au-delà des groupes WhatApps. 

    Le congrès des 25 et 26 novembre 2022, est entaché d’irrégularités, il n’a pas été démocratique, il ne met pas fin à la crise qui peut perdurer jusqu’à 2025 si la partie qui estime tenir momentanément le bon bout, n’accepte pas de mettre balle à terre pour envisager un congrès extraordinaire en vue de la reprise des élections, et la mise à jour des textes, avec la mise en place pour les années à venir d’une commission électorale indépendante, qui organise le processus électoral. 

    Enfin, je ne réagis plus trop sur WhatApps parce que tous les journalistes ne sont pas dans les groupes WhatApps, même si l’on peut avoir désormais plus de 250 membres par groupe. Je reste actif dans les différents groupes, mais je le suis de moins en moins sur la question Unjci, pour aider au maintien de la cohésion dans ces groupes, en évitant les polémiques peu productives sur la base d’insinuations et d’allusions. Parler en dehors de WhatApps, urbi et orbi, c’est-à-dire devant le monde entier, est plus courageux du reste ! Sortons des débats confidentiels sous le sceau souvent de la calomnie gratuite et lâche ! Parlons au monde ! Parlons pour demain ! 

    Propos recueillis par Yaya Kanté

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