Invité de l’émission “La grande Interview”de Afrikipresse.tv, le samedi 18 juillet 2020, Me Paul-Arnaud Bertin Zéhouri, Notaire et président de l’Observatoire pour le développement, l’amitié et la prospérité Côte d’Ivoire (ODAP-CI) a condamné le contenu et le timing du dernier arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).
« Je ne peux pas accepter un arrêt aussi trouble que celui de la CADHP, à la suite duquel le pouvoir et l’opposition crient victoire, en même temps. Le pouvoir estime que la Cour lui a donné raison, parce qu’estimant qu’il a appliqué toutes les recommandations de l’arrêt de 2018. Les autres aussi jubilent parce que la Cour a condamné la composition des Commissions locales. J’estime que le moment est mal choisi pour le rendu d’une décision aussi ambiguë. Ce n’est pas après que les autorités ivoiriennes aient désigné un nouveau président de la CEI, fait un nouveau bureau central, constitué des bureaux régionaux et départementaux, que la CAHDP va venir produire un arrêt qui ne fera que perturber la sérénité de la démocratie ivoirienne. Je dis non », a condamné celui qui fut candidat malheureux à l’élection du président du Conseil régional du Lôh Djiboua, en octobre 2018. Il était arrivé 3e derrière le RHDP et le PDCI-RDA.
« J’ai été candidat, donc je sais ce qu’a fait la CEI de 2018. À l’époque, j’ai été l’une des premières personnes à dénoncer sa structuration. J’avais appelé à ce qu’elle soit remise à plat pour permettre aux Ivoiriens d’exercer la démocratie. (…) Aujourd’hui, le pouvoir a mis en pratique ce que la CADHP a demandé en 2018. C’est la Cour elle-même qui le dit. Alors, aujourd’hui, en 2020, alors que tout a été mis en place après des discussions entre le gouvernement, les différents partis politiques et les mouvements de la société civile, elle vient rendre un autre arrêt plus qu’incompréhensible », a poursuivi le juriste.
« La démission de Duncan peut-être un recul pour mieux sauter »
Toutefois, il n’écarte pas la possibilité de l’ouverture d’un nouveau dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition, afin d’analyser de plus près, ces nouvelles recommandations de la CADHP. Ceci pourrait, selon lui, constituer, avec le décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly « qui chamboule un peu les plans du RHDP au pouvoir », un motif de report de la date de l’élection présidentielle prévue le 31 octobre 2020.
Se prononçant sur la démission du vice-président de la République, Daniel Kablan Duncan, Bertin Zéhouri a estimé que celui-ci pourrait refaire surface sous une autre casquette. « Nous analysons cette démission avec lucidité. Quand on vous confie un poste de responsabilité et que vous estimez qu’on ne vous donne pas les moyens d’exécuter votre mission, la moindre des élégances, c’est de démissionner. C’est la même chose quand vous ne vous donnez pas vous-même les moyens de réussir votre mission. Si le vice-président de la république estime que sa meilleure réponse est était de démissionner, nous ne pouvons que prendre acte et lui souhaiter un meilleur avenir. Et si ça se trouve sa démission peut être lié à bien reculer pour mieux sauter. Donc, attention, n’allons pas trop vite en besogne », a-t-il appelé.
J-H K