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    JMCA 2023 à Agboville : Dr Zié Coulibaly, Prof Hien Sié, Mme Séry Yao parlent des percussions dans la culture africaine

    JMCA 2023 à Agboville : Dr Zié Coulibaly, Prof Hien Sié, Mme Séry Yao parlent des percussions dans la culture africaine
    Publié le
    Par
    JH Koffo
    Lecture 6 minutes
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    Le Dr Zié Coulibaly, le Prof Hien Sié,  ou encore Mme Séry Yao ont parlé hier à Agboville, de l’importance des instruments de percussions dans la culture africaine.

    Ce mardi 24 janvier 2023, à Agboville, chef-lieu de la région de l’Agneby Tiassa, se tient la célébration de la 6e édition de la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante. Avant ce rendez-vous , une table ronde a été animée hier lundi 23 janvier 2023, dans un hôtel de la ville autour du thème de l’édition 2023 : “l’Afrique et les percussions”.

    Quatre panélistes, en plus du Dr Zié Coulibaly, président du Comité scientifique ont entretenu l’auditoire au nombre duquel un représentant du corps préfectoral, des élus locaux et la Directrice régionale de la culture et de la francophonie.

    Zié Coulibaly : « Qui dit parole des instruments de percussion, dit code »

    Zié Coulibaly  ex-directeur technique du Masa (Maison des arts et du spectacle africain) et ancien DG du palais de la culture d’Abidjan Treichville, a indiqué que les instruments de percussion en Afrique sont des outils de communication d’un peuple. D’où leur importance, selon lui. 

    « Ceux qui ont eu la chance de connaître la philosophie Sénoufo, il est dit que l’homme  naît dans la musique et l’on part dans la musique.  Tout cela est repris en chaque occasion. Ces éléments de percussion, disent une parole. Et qui dit parole des instruments de percussion, dit code. Les communiquants disent que c’est un moyen de communication. Aujourd’hui, le moyen de communication le plus utilisé est la voie verbale qui est sujet à commentaires. Car, dans son emploi, il peut être déformé dans la transmission du message. Mais les instruments de percussion ont un code intact. C’est le même son de siècle en siècle. Et c’est un code.  Ce code, c’est un message qu’on transmet. (…) Il y a surtout qu’on ne voudrait pas confier l’essentiel de notre culture à des personnes. On le confie  à une codification. À des instruments qui, en jouant, nous rappellent  certains éléments de notre passé », a-t-il expliqué. 

    Pour lui donc, les instruments de percussion ne sont pas faits que pour faire de la musique et danser. Mais ils sont faits aussi pour transmettre ses messages et communiquer.

    Le Professeur Hien Sié  : « Ce qui caractérise aujourd’hui l’Afrique, c’est bien la percussion »

    Le Professeur Hien Sié, Docteur en Musique et  Ethnomusicologie, membre de la Société Française d’Ethnomusicologie, était au nombre des panelistes.  Pour lui, ce qui caractérise aujourd’hui l’Afrique, c’est bien la percussion. «Nous n’avons pas eu cette force d’avoir la musique avec les notes reconnues au plan mondial comme les blancs nous l’ont imposé . Ils ont tendance à dire que leur musique est la meilleure, parce que leurs notes ont été réglées, et que la nôtre ne l’est pas. Ce qui est faux », a-t-il ajouté .   

    Il a pris le cas du “Djombolo” chez les baoulé qui, selon lui, est un instrument percuté. Cet instrument qui permet au baoulé de communiquer.

    Lire aussi » Chronique du lundi – JMCA (II) : Pourquoi le choix d’Agboville et du thème sur les percussions

    Le Prof Hien Sié s’est félicité  du fait qu’en Afrique, les instruments de percussion soient aussi variés qu’il y a de groupes ethniques à travers le continent. Pour lui, il existe deux types d’instruments de percussion. Ceux dits mélodiques et les instruments dits rythmiques. Il y en a, selon lui, qui jouent les deux rôles. Il a aussi cité le balafon. 

    «Sur le continent, il y a des zones de savane et des zones de forêt. Selon qu’on vit  dans la zone forestière ou dans une zone de savane, les percussions ne sont pas les mêmes. Imaginez qu’au Nord, il n’y a pas de grands arbres, vous ne pouvez pas avoir de gros tambours. En fonction de ce que la nature vous offre, vous fabriquez votre instrument de musique. De telle sorte que ce que vous voulez utiliser pour exprimer votre identité, la nature vous offre des atouts. Et c’est cela que nous utilisons pour confectionner nos instruments de musique», a-t-il précisé.

    Anzia Toussaint, percussionniste : « (…) La percussion, c’est notre dictionnaire»

    Anzia Toussaint est percussionniste et formateur. Pour lui, les instruments de percussion que sont les tambours et autres, constituent le dictionnaire d’un peuple. Il convient donc de conserver cette richesse. 

    « La percussion, c’est notre dictionnaire. Si on perd les tambours, nous sommes perdus. Car, dans la loi du donner  et du recevoir, que donnons-nous aux autres. (…) À la suite du professeur Niangoran  Boua, nous avons décidé de promouvoir les tam-tam parleur en Côte d’Ivoire dans les écoles. C’est cela la base dans ma région d’origine, en pays Bron (Est de la Côte d’Ivoire. Ndlr). Jamais le chef ne sort sans le tambour parleur. C’est d’ailleurs ça qui annonce les différentes personnalités. Les rythmes sont joués en conséquence », a-t-il fait remarquer.

    Lire aussi » Chronique du lundi – JMCA 2023 à Agboville : Une culture africaine ou des cultures africaines sous les auspices des percussions

    Par ailleurs le percussionniste a déploré le manque d’intérêt de la jeune génération, pour cet outil. Il a aussi reproché aux parents d’aujourd’hui de préférer orienter leurs enfants sur les instruments européens, plutôt que sur les instruments de percussion africains. Il a appelé à un éveil des consciences pour sauver la culture africaine.

    Séry Yao et Sylla Yaya

    Séry Yao, danseuse puis chorégraphe , ainsi que Sylla Yaya, enseignant chercheur à l’université de Cocody, ont abondé  dans le même sens. Ils ont appelé à sauvegarder les instruments de percussion africaine. Ils ont également déploré le manque d’intérêt de ces instruments sur le continent.

    « (…)  On ne nous connaît même pas en Afrique. Finalement, nous enseignons les danses africaines aux blancs. Et c’est là-bas chez eux que nous gagnons des prix. Il est pénible de le dire, mais c’est la triste vérité. Nous enseignons dans leurs Universités et prestons dans leurs festivals. Il faut sauver notre patrimoine », a appelé Séry Yao.

    « La jeunesse constitue une force. C’est un volet qu’il faut exploiter pour sauvegarder la culture africaine. La culture, c’est la liaison entre le passé, le présent et l’avenir d’un peuple. La tradition africaine devient un moteur pour accélérer le développement du continent. Mais , ce sera difficile d’y arriver si l’on ne connait pas les éléments constitutifs de cette culture là. A savoir, les percussions. Elles ne  sont pas connues des jeunes, dans leur majorité. C’est vraiment dangereux », a lancé à son tour, Sylla Yaya  Il a appelé les organisateurs de la JMCA à associer les jeunes à ces célébrations, afin de leur rappeler la nécessité de retourner à leurs sources.

    J-H Koffo

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