Ayant effectué ses études primaires, secondaires, une fraction du supérieur à Lille (France) auteur de 20 ouvrages et de plus de 500 communications nationales et internationales, Abderrahmane MEBTOUL est Professeur des Universités –Expert International -Docteur d’Etat en gestion(1974). Il a accepté de jeter un regard sur la situation de son pays l’Algérie face à l’épuisement des réserves énergétiques, et aux mutations du secteur.
AfrikiPresse : Quel bilan tirez-vous de l’économie algérienne ?
Dr Abderrahmane MEBTOUL : L’évolution du produit intérieur brut (PIB) à prix courants entre 2007-2014 est le suivant selon le FMI : 134,3 milliards de dollars en 2007, – 170,2 en 2008, -137,2 en 2009 , 161,8 en 2010 , 199,2 en 2011 , 208 en 2012 , 209 en 2013 , 211 en 2014 , avec une baisse en 2015 d’environ 208 milliards de dollars. La structure en moyenne du PIB non compris les droits et taxes à l’importation donne pour l’agriculture 10%, les hydrocarbures 31%, les industries hors hydrocarbures 5%, le BTP constructions 10%, les services marchands 22% et les servies des administrations publiques 18%.
Concernant la structure de l’emploi, nous avons la prédominance des emplois vacataires à très faible productivité dont 3 millions permanents et non permanents au niveau de la fonction publique sur une population active approchant 12 millions, l’agriculture avec environ 11%, l’industrie privée et publique y compris Sonatrach 14% le BTPH 17%, le commerce et services 58% dont 32% sont des apprentis et les indépendants près de 30%.
Ces chiffres globaux incluent la sphère informelle qui selon une enquête de l’ONS organe du gouvernement , représente 45.6 % de la main d’œuvre totale non agricole. L’Algérie de mai 2015 est une économie rentière. En 2014 95% des exportations relèvent toujours des hydrocarbures, et 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% relèvent de l’importation. 83% du tissu économique selon les enquêtes officielles relèvent du petit commerce-services.
La sphère informelle est dominante contrôlant 40/50% de la masse monétaire en circulation et environ 65% des segments des produits de première nécessité (marché des fruits/ légumes, du poisson, de la viande blanche/rouge et le textile/cuir à travers l’importation). Le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut. Sur ces 5%, plus de 95% des entreprises sont des petites PMI-PME non initiées au management stratégique, ne connaissant pas ou peu d’innovation. Sur les 5% hors hydrocarbures plus de 70% sont le fait de dérivées d’hydrocarbures et de déchets ferreux et semi-ferreux.
La valeur du dinar corrélée à plus de 70% à la rente des hydrocarbures avec un écart de 40/50% par rapport au marché parallèle qui est passé de 4 dinars un dollar vers les années 1980, puis 15 dinars vers les années 1990, puis 45 dollars après les accords avec le FMI en 1994 suite au rééchelonnement et actuellement plus de 95 dinars un dollar, n’a pas permis de dynamiser les exportations hors hydrocarbures, montant que le blocage est d’ordre structurel Ainsi, les importations de biens, à prix courants, selon les statistiques officielles douanières, ont été de 40,472 en 2010 ; 46, 453 en 2011 ; 47,490 en 2012 ; 55,028 en 2013 et 58,330 en 2014.
Selon la banque d‘Algérie les services, ont représenté en 2013 10,77 milliards de dollars donnant un total des importations de biens et services de 65,76 milliards de dollars et en 2014 11,70 milliards de dollars avec un total d’importation de biens et services de 71,14 milliards de dollars. Ce sont les sorties de devises sans les transferts légaux de capitaux dont les transferts courants nets ont été de 2,79 milliards de dollars en 2013 et 3,30 milliards de dollars en 2014.
En rappelant que l’on peu découvrir des milliers de gisements mais non rentables économiquement au vu des coûts du vecteur prix international et de la concurrence des énergies substituables dont les nouvelles technologies réduisent les coûts, les recettes de Sonatrach ayant été entre 2000/2014 de plus de 760 milliards de dollars et plus de 580 milliards de dollars d’importation, la différence est dans les réserves de change actuelles.
Les exportations hydrocarbures ont évolué ainsi : en 2005, 43,937 milliards de dollars, en 2006 53,456, en 2007, 58,831, en 2008, 77,361, en 2009, 44,128, en 2010, 55,527, en 2011, 71,427, en 2012 69,804, en 2013 63,752 et en 2014, 58,8 milliards de dollars. Le FMI note que la tendance décroissante de la production d’hydrocarbures s’est poursuivie en 2013 avec un recul de 2,3%, la tendance baissière se répétant pour la huitième année consécutive. Cette baisse de production influe directement sur les quantités exportée.
Les exportations sont attendues à 49,8 milliards de dollars, en baisse de 15,4% par rapport à 2014 selon le FMI qui a réalisé ces projections sur la base d’un prix moyen du baril optimiste, à 89 dollars en 2015. Or force est de constater que depuis le second semestre 2014 et de janvier à mai 2015 le cours du Brent fluctue entre 55/65 dollars et celui du WIT entre 50/55 dollars, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole.
Comme la baisse d’un dollar par baril en moyenne annuelle donne un manque à gagner d’environ 600 millions de dollars, un cours moyen de 60 dollars donnera une recette de Sonatrach d’environ 35 milliards de dollars, et pour un cours moyen de 55 dollars le Brent 32 milliards de dollars de recettes. Encore qu’il faille ne pas confondre recettes avec le profit net de Sonatrach devant déduire les charges d’environ 25% ce qui donnerait un profit net entre 24 et 27 milliards de dollars selon que le cours moyen serait de 55 ou 60 dollars.
Or Sonatrach a programmé plus de 100 milliards de dollars d’investissement entre 2015/2020 et comment financer le reste de l’économie?. Ainsi le solde de la balance commerciale a été de 16,58 en 2010 ; de 26,242 en 2011 ; de 24,376 en 2012 ; de 9,946 en 2013 et de 4,626 en 2014 en n’oubliant pas que le cours moyen entre le premier semestre (plus de 105 dollars le baril, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) et le second semestre a été selon la banque mondiale de plus de 85 dollars.
Si l’on prend les données de la banque d’Algérie pour seulement 2013/2014 les revenus des services facteurs nets sont négatifs moins de 4,52 milliards de dollars pour 2013 et 4,88 milliards de dollars pour 2014. La balance courante accuse un solde positif d’un milliard de dollars en 2013 mais un solide négatif de 9,11 milliards de dollars fin 2014. Le solde global de la balance des paiements a été de 130 millions de dollars en 2013 et négatif de 5,88 milliards de dollars fin 2014.
Le Fonds Monétaire International- FMI- dans son rapport du 13 avril 2015 conséquence de la chute du cours des hydrocarbures, prévoit 26 milliards de dollars de déficit en 2015 pour l’Algérie ; le solde extérieur courant devrait fortement baisser, passant de(négatif ) -4.3% du PIB en 2014 à (négatif ) -15.7% en 2015 pour redescendre en cas d’un retour du cours à 70 dollars (négatif)-13.2% en 2016. La croissance du PIB réel devrait se ralentir de 4,1 % en 2014 à 2,6 % en 2015.
Le FMI prévoit un taux d’inflation( déjà compressé par les subventions) qui passeraient de 2.9 en 2014 à 4.0 en 2015 et 2016 et le taux de chômage ( (déjà surestimé par les emplois dans les administrations, les sureffectifs dans les entreprises publiques, et les emplois temporaires souvent improductifs) devrait légèrement augmenter où de 10.6% en 2014, il passerait en 2015 et 2016 à 11.8% et 11.9% en 2015 et 2016.
Quelles incidences après la chute du cours du pétrole sur les équilibres financiers de l’Algérie ?
La politique socio-économique, depuis l’indépendance politique, a été menée exclusivement par l’Etat, avec plusieurs variantes d’organisation : autogestion, sociétés nationales, découpages des sociétés nationales, holdings, sociétés de gestion des participations de l’Etat (SGP) et depuis janvier 2015 de groupes industriels. Or, l’efficacité d’une organisation est subordonnée d’abord à une cohérence et visibilité dans la démarche. Ensuite, celle-ci doit d’insérer au sein d’une stratégie de moyen terme. Les paramètres macro-économiques de l’Algérie apparaissent comme positifs mais éphémère sans réformes structurelles.
L’héritage d’une économie administrée est fortement présent dans la philosophie et les pratiques de la vie économique et sociale. L’industrie publique est largement obsolète et concentre, comme démontré précédemment, des pertes totales malgré des assainissements répétés. Les ressources du pays sont significatives mais basées sur des rentes qui contribuent à anesthésier les volontés de changement.
En dépit de certaines réformes timides – paradoxe, plus le cours des hydrocarbures est faible plus on ressent le besoin de réformes – l’absence de mise en place d’un appareil productif augmente chaque jour davantage les difficultés que rencontrera le pays lorsque la rente tendra vers l’épuisement. Le comportement actuel est de type « semi-rentier » et ne recherche pas la réforme en profondeur de l’économie, les considérations politiques à court terme l’emportant sur les perspectives à long terme.
Tant que la majorité de l’électorat tirera ses revenus des emplois dans la fonction publique, qu’elle pourra bénéficier de services sociaux peu coûteux, les réformes fondamentales n’auront guère de chances de progresser de par l’opposition tant du grand public que de la technostructure censée mettre en œuvre ces changements. La CEE est le premier partenaire de l’Algérie et surtout le principal débouché à l’exportation tandis que les USA (révolution du gaz/ pétrole de schiste) comme nous le verrons par la suite , les exportations ayant baissé de 11 milliards de dollars en 2010 à 5 en 2014 achètent moins de pétrole et de gaz à l’Algérie et seront de rudes concurrents notamment sur le marché européen dès 2017.
Dans le cadre de son adhésion à la CEE et éventuellement de son adhésion à l’OMC, l’Algérie doit investir dans l’économie de la connaissance et les segments au sein de filières internationalisées pour avoir des avantages comparatifs et est tenue d’ouvrir son champ de coopération multilatérale, ce qui devrait renforcer encore les échanges croisés, notamment en prenant des engagements sur le démantèlement de ses protections douanières ( reportés à horizon 2020 au lieu de 2017) et l’ouverture graduelle de son marché avec notamment la lutte contre la sphère informelle.
Sans changement profond à la fois politique et économique entre 2015/2020, il y a risque d’épuisement du fonds de régulation des recettes et des réserves de change et le fonds de régulation des recettes en précisant que les réserves de change sont gérées par la banque d’Algérie et le fonds de régulation par le trésor, résultant de la reconversion de la devise hydrocarbures en dinars algériens.
Les réserves de change étaient de 193,3 milliards de dollars à fin juin 2014, à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014 et de 178,9 milliards de dollars à la fin décembre 2014, soit 15,6 milliards de dollars de moins que les 193,3 milliards de dollars enregistrés fin juin 2014 et le FMI annonce que l’Algérie a puisé uniquement pour 2015 plus de 11,6 milliards de dollars. Cela s’explique par la cadence des importations de biens et services, la chute du cours du pétrole et également de la dévalorisation monétaire d’une partie des placements effectués en euros du fait de sa dépréciation par rapport au dollar.
Ces réserves, non compris les 173 tonnes d’or d’une valeur monétaire d’environ 7 milliards de dollars au cours actuel, incluent le quote-part au Fonds monétaire international de 1,96 md de DTS (près de 3 milliards de dollars), s’ajoutant à la décision de l’Algérie en octobre 2012 de participer à l’emprunt lancé par le FMI avec un montant de 5 milliards de dollars.
Ces placements des réserves de change à l’étranger tant en bons de trésor américains, en obligations européennes et dans des banques privées internationales cotées dites AAA ont rapportés fonction de la durée du placement et les variations des taux des banques centrales , selon la banque d’Algérie de 2,42 milliards de dollars en 2006, de 3,81 en 2007, de 5,13 en 2008, de 4,74 en 2009, de 4,60 en 2010, de 4,45 milliards de dollars en 2011 et pour 2013 selon le gouverneur devant les députés je le cite : « ces réserves ont produit un rendement de 3,155 milliards de dollars en 2013, reflétant un taux de rentabilité de 1,66% ».
D’une manière générale, si l’on maintient le même niveau des dépenses que 2014, si non plus puisque la loi des finances 2015 votée par le parlement prévoit plus de 60 milliards de dollars d’importation uniquement de biens sans les importions de services (plus de 11 milliards de dollars) pour 2015, l’on devrait normalement puiser dans les réserves de change environ 30 milliards de dollars en 2015.
Car la situation financière est intenable une sortie de devises de 80 milliards de dollars y compris les transferts légaux de capitaux des firmes et une recette fluctuant entre 40/50 milliards de dollars. Si l’on maintient le niveau des dépenses de 2014 /2015, les réserves de change qui devrait s’épuiser horizon 2020/2021. Pour le fonds de régulation des recettes, le budget de fonctionnement et d’équipement réuni selon la banque mondiale ne peut se réaliser que sur la base d’un cours de 120 dollars (37 dollars étant un artifice comptable).
Le fonds de régulation des recettes résulte de la différence entre le prix de ventes moyennes annuelles des hydrocarbures et le plancher de la loi de finances de 37 dollars. De ce fait, un dérapage du dinar de 10 à 15% gonfle artificiellement le fonds de régulation des recettes de 10 à 15%. Il en est de même des importations en euros reconvertis en dinars au niveau de la douane où les taxes douanières se calculent en référence au dinar.
De ce fait un dérapage du dinar tant par rapport à l’euro que par rapport au dollar gonfle la fiscalité hydrocarbures et ordinaires voilant la réalité du déficit budgétaire. Officiellement, les avoirs prélevés du FRR ont atteint 2.965,6 mds de DA en 2014 contre 2.132,4 mds de DA en 2013 qui ont servi exclusivement à financer le déficit du Trésor, qui s’est creusé à 2.965,6 mds de DA, un niveau jamais atteint depuis 2000.
A fin 2014, les avoirs du FRR s’étaient établis, après prélèvements, à 4.408,4 mds de DA contre 5.563,5 mds de DA à fin 2013. Au cours de 95 dinars un dollar, nous aurons 47 milliards de dollars, en signalant que la loi de finances 2015 paradoxe, a été établi sur la base d’un cours de 79 dinars un dollar. La loi des Finances 2015 prévoit des recettes budgétaires de 4.684,6 milliards de dinars et des dépenses publiques de 8.858,1 mds de dinars, soit un déficit budgétaire de 4.173,3 mds de dinars.
Au cours de 95 dinars un dollar, en prenant le même taux pour plus de cohérence, nous aurons 44 milliards de dollars qui devaient être alimentés par le fonds de régulation des recettes. Ainsi si le cours moyen pour 2015 s’établit à 60 dollars, en cas du maintien des dépenses prévues par la loi de finances 2015, le fonds de régulation risque de s’épuiser courant 2016.
En effet, en prenant comme hypothèse comme précédemment, qu’une chute d’un dollar par baril occasionne un manque à gagner d’environ 600 millions de dollars en moyenne annuelle, les recettes de Sonatrach alimenteront le fonds de régulation des recettes que de 14 milliards de dollars donnant un total fin 2015 de 61 milliards de dollars , restant au niveau du fonds de régulation des recettes au 01 janvier 2016, que 17 milliards de dollars.
En cas de poursuite sans correction de l’actuelle politique économique et sociale, croyant au rêve incertain d’un retour au cours de 100 dollars le baril de pétrole, les conséquences seront alors plus désastreuses qu’en 1986 du fait de la pression démographique 40 millions fin 2015, allant vers 50 millions horizon 2030 et de l’exigence nouvelle des populations. Il s’ensuivrait automatiquement l’inévitable dévaluation du dinar, donc un processus inflationniste et la fin des subventions généralisées qui ont représentées 60 milliards de dollars en 2014, soit 27/28% du produit intérieur brut.
Cependant il faut éviter une vision de sinistrose par rapport à 1986 où à cette époque commençait le niveau d’endettement et les réserves de change étaient presque nulles. Ainsi grâce au remboursement par anticipation, la dette à moyen et long terme est passée de 22,44 milliards de dollars en 2001 à 4,84 en 2008, à 4,35 en 2009, à 3,26 en 2010, 2,47 en 2012, à 2, 068 en 2013. La dette extérieure est passée de 22,70 en 2001 à 5,92 en 2008, 5,68 en 2009, à 5,68 en 2010, à 4,40 en 2011, 3,63 en 2012 et à 3,396 en 2013 et 3,666 milliards de dollars à fin 2014.
La chute des prix du pétrole s’est accentuée depuis le début janvier 2015 , comment expliquez-vous cette baisse spectaculaire des prix du pétrole ?-Qu’est-ce qui a provoqué cette baisse ?
Je recense neuf raisons. Premièrement, une faible croissance de l’économie mondiale et un déséquilibre entre l’offre et la demande. Tout en soulignant la faiblesse de la croissance potentielle des pays de l’OCDE horizon 2020, due au vieillissement de la population, au recul du taux de participation de la population au marché du travail et au manque d’investissement des entreprises, le FMI estime la croissance de l’économie mondiale à 3,5% en 2015.
Selon les premières estimations du département américain du Commerce, la croissance du produit intérieur brut des États-Unis (PIB) s’est établie à 2,4% en 2014 après 2,2% en 2013. La Réserve fédérale mise sur une expansion entre 2,6% et 3% pour 2015, rejoignant les estimations du FMI pour qui .le taux de croissance devrait progresser de 3,1% en 2015 et 2016.
Pour la zone euro, le FMI prévoit un taux de croissance de 1,5 % en 2015 contre 0,9 % en 2014 dont l’Allemagne (1,6 %), la France (1,2 %) et l’Espagne (2,5%). Cependant c’est la déprime au niveau des pays émergents à l’exception de l’Inde où après moins de 5% en 2014 le Fonds s’attend à une croissance de 7,2% en 2016 grâce à une reprise notable des investissements et à la baisse des prix du pétrole.
En revanche, pour la Chine, il est prévu un taux de croissance de 6,8% du fait de l’assainissement en cours des excès constatés sur les marchés de l’immobilier et du crédit. Les perspectives de l’Amérique latine alarmantes avec 1,3 % en 2014 contre 2,9 % en 2013 avec une probable récession du Brésil dont le PIB devrait reculer de 1 % en 2015.
La baisse des cours du pétrole a accéléré le ralentissement de l’économie russe et la dévaluation du rouble avec d’importantes sorties de capitaux qui ont un effet négatif sur de nombreux pays d’Eurasie, notamment dans les pays émergents de la région Europe et Asie centrale (ECA). Par ailleurs, l’Arabie Saoudite, ne voulant plus jouer seul le rôle de variable d’ajustement. ne tient pas à baisser davantage sa production, voulant que les autres pays de l’OPEP, qui produisent tous à pleine capacité, réduisent eux aussi leur production, l’expérience ayant monté par le passé que al baisse du quo OPEP a profité aux pays non OPEP dont la Russie qui ont augmenté leur part de marché; Deuxièmement.
Du côté de l’offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. Ils sont passés de 5 millions de barils/jour de pétrole à 8,5 actuellement étant prévu en 2016 9,5 millions de barils jour. Les Etats-Unis, toujours grand importateur actuellement, devraient devenir le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte consommation intérieure) devant l’Arabie Saoudite et la Russie.
Selon le département US à l’énergie, la facture pétrolière des Etats-Unis a été réduite de 70 mrd USD en 2014 grâce à l’effondrement des prix du brut. Ceux-ci ont chuté de 43% sur l’année 2014 du fait de la hausse de la production mondiale d’hydrocarbures, notamment aux États-Unis avec le boom de la production de gaz de schiste, associée à une faiblesse de la consommation globale due au ralentissement économique à l’étranger.
Selon The Telegraph en date du 28 avril 2014, les Etats-Unis, devraient pénétrer fortement dès 2016 le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL où l’Algérie fait partie des principaux exportateurs avec le Qatar , la Russie, le Nigeria et l’Australie et bientôt d’autres pays africains .
Le directeur de la compagnie pétrolière ConocoPhillips, Ryan Lance, estime que la l’Australie production pétrolière en Amérique du Nord pourrait atteindre 15 millions de barils jour d’ici 2020 et 25 millions par jour au cours des 25 prochaines années, soit trois fois plus que les exportations actuelles de l’Arabie Saoudite. Troisièmement les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, bien que cette organisation représente que 35/40% de la production mondiale commercialisée, 60/65% se faisant hors OPEP, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP), qui ne veut pas perdre ses parts de marché.
Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l’Occident dont les USA pour affaiblir la Russie et l’Iran, qui peut avec les Emiraties le Qatar, Oman, le Koweït, se permettre un cours plancher de 70/80 dollars. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l’offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d’une entente entre els USA et l’Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher, encore que cette entente pourrait se déplacer dans un proche avenir avec une entente avec l’Iran.
Quatrièmement, la stratégie expansionniste de Gazprom, à travers le North Stream et le South Stream (ce dernier gelé actuellement) d’une ’ capacité prévu de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, sans compter les nouvelles canalisations vers l’Asie. La Russie a besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% entre 2013/2014.
Cinquièmement, du retour sur le marché de la Libye 800.000 barils/jour actuellement et pouvant aller vers 2/3 millions de barils/jour, de l’Irak avec 3,7 millions de barils jour (deuxième réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions. Et surtout l’Iran si les accords sur le nucléaire se concrétise avant le 30 juin 2015, l’embargo l’autorisant à exporter seulement un millions de barils jour.
Car l’Iran détient la quatrième réserve pétrolière mondiale avec plus de 160 milliards de barils (13/14% des réserves mondiales) lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils jour et le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34.000 milliards de mètres cubes gazeux soit plus de 16% des réserves mondiales sans compter qu’il aura alors accès aux quelques 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers.
Par ailleurs, retenons les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l’exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux.
Selon l’AIE, les analyses du pic hydrocarbures (pétrole-gaz conventionnel et non conventionnel à l’horizon 2020) en vogue dans les années 2009/2010 ne sont plus d’actualité. Sixièmement les USA/Euro qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d’habitants poussent à l’efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30%.
Septièmement, les tendances à sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière forte consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale horizon 2030, notamment l’Inde et la Chine.
Les relations clients –fournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix. Huitièmement, l’occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers les écoulements au marché noir notamment en Irak pour un baril entre 30/40 dollars. Neuvièmement, l’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril.
Qu’est ce qui va changer avec la chute des prix du pétrole?
Ce sont en période de crise que les sociétés réalisent les réformes et l’Algérie ne fera ^pas exception. Dans bon nombre de discussions avec les responsables du pays, j’ai noté une prise de conscience générale de ne pas renouveler les impacts de la chute des cours du pétrole en 1986. Les ajustements économiques et sociaux seront douloureux entre 2015/2020 et encore plus douloureux si l’on ne réalise pas une transition maîtrisée hors rente au-delà de 2020. Un discours de vérité loin de la démagogie des différents responsables s’impose : la méthode étant : persuasion et simplification. Le dialogue économique et social incluant les acteurs représentatifs de la société est fondamental afin de réaliser un minimum de consensus qui en saurait signifier unanimisme pour le redressement national et lutter contre les effets pervers de la crise, les responsables devant donner l’exemple et lutter contre cette corruption qui s’est socialisée : crise financière, crise économique, crise sociale (révolte de 1988) et crise politique, l’Etat ne pouvant plus distribuer des revenus sans contreparties productives pour calmer le front social avec un point culminant, cessation de paiement fin 1993 et rééchelonnement en 1994.
En ce monde turbulent et incertain, sous réserve d’une gouvernance renouvelée, l’Algérie malgré la chute du cours des hydrocarbures a l’ambition de ses choix qui doivent indiquer : comment se pose le problème ; quelles sont les contraintes techniques ; quels sont les choix possibles ; les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix ? Alors que faire ?
L’objectif stratégique est d’avoir une stratégie clairement définie, un code d’investissement n’étant qu’un moyen devant s’insérer au sein de cette stratégie, est de réaliser cette transition dans le cadre de l’adaptation de l’Algérie aux nouvelles mutations énergétiques, économiques, politiques et militaires mondiales.
La transition économique est d’aller vers une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. Cela suppose de valoriser l’entreprise qu’elle soit publique privée locale ou internationale et surtout l’économie de la connaissance en améliorant la qualité par la création de grandes universités régionales d’excellence et des grandes écoles spécialisées en relation avec une réelle décentralisation économique autour d’éco pôles régionaux, devant distinguer les mesures de court terme, de moyen terme et de long terme et les synchroniser dans le temps ce qui suppose une bonne planification stratégique, des institutions crédibles, un Etat de Droit et la démocratisation de la société pour une gestion participative.
Justement quelles sont vos propositions pour stimuler la croissance algérienne?
J’ai proposé le 04 novembre 2014 algérien en présence du premier ministre lors d’une rencontre sur la relance économique vingt(20) mesures, l’axe stratégique, comme facteur d’adaptation à la mondialisation, étant de favoriser le grand Maghreb qui devra être le pont entre l’Europe et l’Afrique, continent à enjeux multiples et d’avenir qui tirera la croissance de l’économie mondiale horizon 2030/2040( voir deux ouvrages coordonnées par moi même et le Dr Camille Sari regroupant 36 experts internationaux aux éditions Harmathan Paris 2015 « le Maghreb face aux enjeux géostratégiques »
1.-de créer une cellule de crise regroupant un représentant de chaque département ministériel avec des experts indépendants sous la coupe du premier ministre afin de prendre des décisions au temps réel.-
2.-Je souhaite que son Excellence Mr le président de la république annonce solennellement une baisse de salaires des responsables de la présidence, des membres du gouvernement et des hauts cadres de l’Etat, certes à très faibles impacts financiers, mais un symbole moral fort, si l’on veut mobiliser la population et atténuer des revendications salariales non justifiées comme celles des députés qui constituent une agression contre la société.-
3.-Pour une cohérence globale, un grand ministère de l’économie nationale et un grand ministère de l’éducation nationale intégrant la formation socioprofessionnelle avec plusieurs secrétariats d’Etat techniques, pour plus de cohérence et éviter ces ministères qui se télescopent dans les décisions, pilier pour réaliser la transition hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. –
4.- De revoir le fonctionnement de notre diplomatie en mettant l’accent sur la dynamisation de la diplomatie économique au point mort sans laquelle la diplomatie politique a un impact limité et utiliser avec précaution les réserves de change qui sont le support de la valeur du dinar et l’attrait de l’investissement et d’ailleurs de toute la politique étrangère. Pour le Fonds de régulation des recettes il serait souhaitable à terme pour plus de transparence dans la gestion qu’il soit supprimé, les lois de finances devant être calculées au prix moyen du marché, quitte à verser l’excédent dans un compte pour les générations futures.-
5.-Geler les projets non prioritaires qui n’ont pas d’impacts économiques et sociaux à l’instar des tramways dans les régions à faibles populations, l’autoroute des hauts plateaux devant éviter les surcoûts de l’autoroute Est/Ouest prévu à sept milliards de dollars et qui coûtera plus de 13 milliards de dollars non encore terminée. –
6.- Eviter le chauvinisme, voyant l’ennemi extérieur partout alors que les réformes structurelles supposent une nette volonté politique interne de changement , et analyser objectivement l’ impact l’Accord d’Association avec l’Europe et l’éventuel adhésion de l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce représentant 85%e la population mondiale et 97% des échanges mondiaux.-
7.-La majorité des importations proviennent de la dépense publique via directement les administrations et entreprises publiques ou via des commandes aux opérateurs privées, il y a urgence de revoir ce mode de gestion où selon un rapport de la banque mondiale consacré aux infrastructures les surcouts varient entre 25/30% par rapport aux normes internationales. Ayant été haut magistrat à la Cour des comptes entre 1980/81983(premier conseiller et directeur général du département des études économiques, il y a lieu impérativement de la réhabiliter cette institution, étant conscient que le contrôle le plus efficace passe par la démocratisation de la société avec des contrepoids politiques et sociaux. –
8.-Éviter que SONATRACH concentre ses investissements en s’autofinançant au détriment des autres secteurs de l’économie nationale accentuant la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Toute décision stratégique concernant l’énergie ne peut relever de Sonatrach ou seulement du Ministère de l’Energie mais selon la loi en vigueur du Conseil National de l’Energie présidé par le président de la République. Comme proposé dans l’audit réalisé sous ma direction pour le compte du gouvernement assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d’Etudes américain Ernest Young, dossier que j’avais défendu personnellement en 2008 à l’Assemblée nationale –APN-, généraliser le GNV et le GPLc afin de réduire la facture d’importation des carburants. –
9. -Ne pouvant continuer à subventionner sans ciblage ( subventions et transferts sociaux représentant 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB) source d’injustice sociale, en attendant que le gouvernement mette en place un système d’information fiable, qui devient une urgence de l’heure, les subventions et transferts sociaux doivent être transitoires devront être budgétarisées au niveau du parlement..-
10.- Favoriser l’économie d’énergie (efficacité énergétique) qui constitue le plus gros gisements permettant d’économiser 20% notamment pour le BTPH et le transport.
11.-Redynamiser la privatisation comme facteur de développement, démystifier le secteur privé national et international créateur de richesses assimilable pour les rentiers à prédateurs, le but étant de densifier le tissu productif y compris les services marchands qui sont créateur de valeur et tisser avec tous les partenaires étrangers des co-partenariats gagnants/ gagnants misant essentiellement sur une balance positive pour l’Algérie tant en devises que réalisant surtout le transfert technologique et managérial.-
12- Impulser l’agriculture en revoyant le système du foncier , les moyens et techniques modernes en développant les unités de stockage comme facteur de régulation, corrélées avec la production saisonnière agricole afin d‘éviter la spéculation sur les prix.
13- Développer le tourisme l’Algérie ayant de grandes parentalités et revoir la gestion des ports car il est scandaleux de voir des dizaines de bateaux en rade au niveau de sports d’Alger, d’Oran, d’Annaba où l’Algérie paye annuellement des surestaries se chiffrant en millions de dollars où de par le monde le docker n’est pas un fonctionnaire.
14.-Il y a urgence de la réforme du système financier afin qu’il soit un véritable partenaire économique aux entreprises, imaginer d’autres modes de financement comme le leasing, le crédit bail, lever la contrainte du foncier avec toutes ses utilités et les contraintes à la mise en œuvre d’affaires par une lutte sans merci contre la bureaucratie-
15.-Tout en se confirmant aux règles internationales, le marquage fiscal peut être utilisé temporairement au moyen d’ un étiquetage indélébile et soumis à impôt indirect par le biais d’une «taxe intérieure de consommation» mais ne devant concernés que les produits tels que le tabac, les boissons , les produits nocifs à la santé et ceux de la contrebande. –
16.-Délivrer des registres de commerce à partir d’une taxe forfaitaire annuelle pour l’ensemble des marchands ambulants, ce que l’on nomme improprement « trabendiste » alors qu’ils sont de véritables entrepreneurs (étude marché, coût de transport cours des devises et écoulant leur produit). Car le paiement de l’impôt direct est le signe d’une plus grande citoyenneté, les impôts indirects étant une solution de facilité. A ce titre tous les fellahs doivent payer un impôt forfaitaire en attendant l’instauration d’un fichier national pour leurs livraisons aux grossîtes qui prennent souvent la plus grande marge.-
17-Le crédit à la consommation doit être maitrisée afin d’éviter l’endettement et par la suite en cas de chute durable du cours du pétrole une crise immobilière. Cela peut concerner les nouvelles unités dont le taux d’intégration, varie entre 10/15% , dans le court terme, mais dont le résultat d’exploitation prévisionnel est positif, sous réserve d’un engagement écrit d’arriver au maximum au but de quelques années à un taux d’intégration de 40% ou d’avoir une balance devises excédentaire pour les exportateurs.
18- Assouplir la règle des 49/51% uniquement pour les secteurs non stratégiques qu’il s’agit de définir avec précision, notamment les PMI-PME mais avec une minorité de blocage de 30% pour éviter les délocalisations sauvages, l’objectif stratégique étant une balance devises excédentaire, et le transfert technologique et managérial. Comme je l’ai proposé depuis 2010, il s’agit de ne plus inscrire cette règle dans un code d’investissement, mentalité bureaucratique qui croit qu’une simple loi peut résoudre les problèmes, l’Algérie étant un Etat souverain, toute décision pour les grands projets devant être pris en conseil des ministres afin d’éviter des débats stériles.-
19.-Dans le même esprit concernant la fiscalité , revoir les modalités de l’application de la taxe sur les superprofits contenues dans la loi des hydrocarbures de 2013 afin d’attirer les investisseurs étrangers car à un cours de 70/80 dollars elle n’est plus attractive .-
20.-Afin de limiter la sortie de devises du poste services au niveau de la balance des paiements environ 11/12 milliards de dollars annuellement, il s’agit en étant réaliste, en partenariat avec les étrangers de favoriser la création des bureaux d’études d’ engineering nationaux complexes pluridisciplinaires, sans lesquels il sera impossible d’atteindre le taux de croissance souhaitable de 9/10% sur plusieurs années si l’on veut éviter des tensions sociales à terme.
Qu’en est –il du pétrole-gaz de schiste en Algérie ?
J’ai présenté un dossier élaboré sous ma direction de 620 pages regroupant plus de 20 experts au premier ministre le 24 février 2015. Ci-joint le plan sommaire du rapport intitulé « Pétrole-gaz de schiste : opportunités pour l’Algérie et risques » Volume
I : Synthèse à partir de la sélection de rapports transmis de managers de différents horizons d’experts internationaux et nationaux -Volume
II- Données technico-économiques Sur le gaz de schiste par les experts internationaux-Volume
III- Ceux qui mettent en relief le danger contre l’environnement et prônent la maîtrise technologique -Volume
IV- Ceux qui prônent son exploitation mais sous condition d’une formation pointue -Volume
V- Les nouvelles techniques comme alternatives à la fracturation hydraulique -Volume
VI – Etudes sur la rentabilité économique du pétrole-gaz de schiste aux USA et dans le monde -Volume
VII- Avis des experts de Sonatrach et du Ministère de l’Energie et débats contradictoires entre experts algériens et nous avons introduit en annexe un extrait du rapport pour le gouvernement américain en date du 27 octobre 2014 sur les mutations des filières énergétiques dont le pétrole-gaz de schiste : 2015/2040- (plus de 100 experts-480 pages) A Reality Check On US.
Governement Forecasts For A Lasting Tight Oi, Shale Gas Bom. Concernant ce dossier , l’agence américaine sur l’Energie a estimé que le Monde aurait environ 207 billions de mètres cubes réparties comme suit : la Chine 32, l’Argentine 23, l’Algérie 20, les USA 19, le Canada 16, le Mexique 15 ; l’Australie 12, l’Afrique du Sud 11, la Russie 8 et le Brésil 7 billions de mètres cubes.
De l’avis de la majorité des experts, l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale, c’est une opportunité pour l’Algérie, sous réserve de sa rentabilité économique, (non rentable actuellement pour l’Algérie le cout d‘un puits étant estimé entre 15/20 millions de dollars), de la protection de l’environnement et des nappes phréatiques d’eau du Sud.
Les gisements de gaz de schiste en Algérie sont situées essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. La majorité des experts, notant que ce dossier sensible nécessite une formation pointue et posant une problématique sociétale, une bonne communication en direction de la société. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, il a été préconisé que ses dirigeants évitent de s’exposer aux débats, devant laisser au Ministère seul habilité politiquement, à exposer ses arguments.
À ce titre, il est souhaitable qu’une institution indépendante créée, relevant non d’un département ministériel, évitant d’être juge et partie , mais du président de la République ou du premier Ministre associant la société civile de chaque région , des experts indépendants, des représentants du Ministère de l’Energie et d’autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales.
Le président de la république et le premier ministre ont tenu à souligner que l’Algérie est à l’ère de l’exploration, et l’exploitation qui ne verra pas le jour avant 2020/2025 sous réserve du respect de l’environnement et de la rentabilité, principes contenus dans la loi des hydrocarbures votée en 2013.Il s’agit donc de parer à l’inévitable épuisement des ressources en Algérie dont les réserves de gaz traditionnel sont estimées en 2015 entre 3000/3500milliards de mètres cubes gazeux (les données de 4500 datent de 1999 selon une étude de BP et pour le pétrole moins de 12 milliards de barils , estimation de 20001).
Car nous assistons à une nette baisse de la production physique. Selon le Ministre de l’Energie, la consommation intérieure entre 2013/2014 est de l’ordre de 35 milliards de mètres cubes de consommation intérieure, l’Algérie étant des un pays au monde qui subventionne le plus les carburants,(20 milliards de dollars en 2014 selon la banque mondiale) allant au rythme de la consommation et des prix actuels vers 75/80 milliards horizon 2030 et un quadruplement horizon 2040 soit 140 milliards de mètres cubes gazeux devant produire, et en appliquant uniquement un taux de 30% de réinjection 182 milliards de mètres cubes gazeux uniquement pour la production intérieure.
Ainsi, l’extrapolation d’exportation de 85/100 milliards de mètres cubes gazeux est incertaine. Selon les rapports de Sonatrach, entre le GNL et le GN, les exportations en volume physique ont été 59,7 milliards de mètres cubes gazeux en 2009 , 57,3 en 2010. En 2011, l’Algérie a exporté 35,7 en GN et 16,4 milliards de mètres cubes gazeux en GNL soit 52,1 ; en 2012 environ 37,3 de GN et 14,5 milliards de mètres cubes gazeux en GNL, soit au total 51,8 milliards de mètres cubes gazeux ; en 2013 environ 32,7 en GN et 16,5 milliards de mères cubes gazeux en GNL soit 49,2 milliards de mètres cubes gazeux.
Pour 2014, nous avons 16,8 milliards mètres cubes gazeux de GNL et 27 milliards de mètres cubes gazeux de GN, donc 43,8 milliards de mètres cubes gazeux soit une baisse de 16,75% par rapport à 2009. Pour le transport canalisation, nous avons Transmed via Italie dont la capacité a été portée fin 2012 selon les déclarations officielles à 33 milliards de mètres cubes gazeux/an et Medgaz, via Espagne d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux/an, une sous utilisation des capacités des exportations par canalisation d’environ 25% : le problème est posé face à la forte demande intérieure : concurrence, hausse des coûts, baisse de la demande internationale notamment européenne ?
Le problème central est de définir le futur modèle de consommation énergétique allant vers un MIX énergétique (bouquet énergétique), le Ministère de l’Energie prévoyant de couvrir environ 30% de la consommation au moyen des énergies renouvelables horizon 2030/2035 et la construction de deux ou trois mini centrales nucléaires( l’Algérie ayant un important gisement d’uranium) à des fins pacifiques horizon 2025…
Il s’agit de ne pas privilégier une énergie aux dépens d’autres, afin de ne pas polluer le paysage médiatique, laisser aux experts le soin de débatte scientifiquement, tenant compte des nouvelles mutations énergétiques ce comme recommandé dans le dossier élaboré sous ma direction remis au premier ministre algérien.
Certains spécialistes de la question estiment que, la baisse des prix du pétrole ne provoque pas de la déflation. Partagez vous cette idée ?
Dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui aucun prix n’a plus d’importance que celui du pétrole brut. Plus de 80 millions de barils sont produits et consommés chaque jour, dont la plus grande partie est vendue sur les marchés internationaux. Aussi la chute brutale du prix du pétrole brut (de 110 dollars le baril l’année dernière à environ 60 dollars aujourd’hui) permet-elle aux pays importateurs d’économiser des centaines de milliards de dollars.
Pour l’UE et les USA, cela représente 2 à 3% de leur PIB. Pour la zone euro, cette baisse du prix du pétrole permet une dépréciation de la monnaie européenne qui n’entraîne pas de hausse du prix des importations de la zone. Depuis le début de 2014, l’euro s’est déprécié de 10 % par rapport au dollar et le prix du pétrole en dollars a baissé de 17 %.
Le prix du pétrole en euros a donc chuté de 7 %. La zone a profité de l’effet positif de la dépréciation de l’euro sur ses exportations (ce qui devrait augmenter sa croissance de 0,2 point deux années de suite), sans être pénalisée par la hausse des prix des importations. Le prix du pétrole étant à la baisse, le revenu réel des ménages (ajusté en fonction de l’inflation) devrait augmenter, car les dépenses de chauffage et d’essence diminuent. Aux USA comme à la périphérie de la zone euro, la baisse du prix du pétrole facilite la vie des ménages fortement endettés.
Améliorant leur capacité à servir leur dette, la plupart des entreprises manufacturières seront aussi les gagnantes de la baisse du prix de l’énergie. Mais il y a des facteurs à maîtriser de cette baisse des prix, la difficulté d’identifier le moment où la pression sur les salaires deviendra inflationniste. Les finances publiques devraient elles aussi bénéficier de la déflation engendrée par la baisse du prix du pétrole.
Les rentrées budgétaires dépendent non seulement de la consommation, mais aussi de la valeur de la production intérieure. Pourtant des experts estiment qu’un pétrole bon marché n’est pas sans inconvénient, car cela accroît les tendances déflationnistes dans les pays avancés déjà embourbés dans le piège d’une croissance faible.
En effet, les prix qui baissent ne sont pas accompagnés immédiatement de coûts qui baissent. Lorsque les coûts sont constitués de salaires, les baisses de salaires ou bien ne sont pas immédiates ou bien si elles le sont, créent immédiatement des anticipations et des pratiques déflationnistes : consommation en baisse, travail en baisse, propension économiques de toutes natures en baisse.
La chute actuelle des prix du pétrole constituerait ainsi une menace pour la zone euro, une économie aussi endettée car la déflation augmente le fardeau réel de la dette et fait courir le risque d’un défaut souverain et d’une nouvelle crise bancaire. Par ailleurs, la déflation serait source de démotivation, profiterait aux rentiers et aux retraités.
D’une manière générale, compte tenu du poids des importations de pétrole, une baisse de 10 % du prix du pétrole réduit de 0,4 point le taux d’inflation. Si le prix de l’or noir continue à baisser, l’inflation de la zone euro (0,3 % aujourd’hui) pourrait devenir négative. Cela explique que la Banque centrale européenne (BCE) face à cette situation favorise actuellement à une politique expansionniste en injectant 1100 milliards d’euros supplémentaires et a officialisé un programme de rachat massif d’actifs de 60 milliards d’euros par mois de mars 2015 jusqu’à fin septembre 2016 au plus tôt.
Selon vous, quels sont les perdants et les gagnants de cette baisse ?
Qui gagne ? La désignation du gagnant ultime dépend ainsi grandement de l’affectation qui est effectuée de cette économie, étant difficile du fait de l’interdépendance des économies d’identifier quel secteur sera le principal gagnant à ces évolutions des prix relatifs.
L’effet de la baisse des prix est une restitution de pouvoir d’achat à l’échelle de l’ensemble de l’économie, mais loin d’être homogène entre les acteurs économiques ou entre les secteurs. Cette baisse des prix du pétrole est certes au total bénéfique à la croissance d’une économie importatrice nette d’hydrocarbures .
Le gain pour les ménages passe principalement, sinon exclusivement, par la baisse des prix des produits pétroliers consommés. Cet effet direct est à combiner avec la propagation de la baisse initiale dans l’ensemble du système de prix mais également de revenus : une progression plus lente des prix pouvant déboucher sur une modération salariale accrue. Mais également pour les entreprises fortes consommatrice d’énergie importée.
Selon des experts uniquement pour la France, mais cela concerne également la Chine, une baisse des prix à la production de combustibles et carburants se traduirait par une économie directe de coût de l’ordre de 21 milliards d’euros pour l’ensemble de l’économie, le principal secteur « gagnant ex-ante » étant le secteur des transports. Les entreprises augmentent leurs marges et les consommateurs gagnent en pouvoir d’achat.
L’institut Coe-Recommence, souligne que la facture énergétique française a baissé d’au moins 5 milliards d’euros en 2014 que “l’industrie en est le principal bénéficiaire et y gagnera 2 milliards d’euros, soit plus que les versements au titre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Nick Kounis, économiste chez ABN Amro, évalue le gain aux pays importateurs à 0,7% du Produit intérieur brut mondial.
Qui perd? Dans une note sur la région du Golfe, l’agence Standard and Poor’s note que la baisse récente du prix des hydrocarbures, si elle se prolonge, pourrait avoir un impact significatif sur l’ensemble des pays producteurs et à court et moyen terme sur des pays à fortes populations comme l’Algérie, le Venezuela, le Nigeria, la Russie dont le budget fonctionne au dessus de 100 dollars le baril. Pour, les pays pétroliers des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), leurs revenus constituent 46% de leur Produit intérieur brut.
Le Brésil a lourdement investi dans les infrastructures pétrolières qu’il sera plus difficile d’amortir, tandis que la Russie a basé son budget sur un baril à 100/110 dollars bien que la forte dépréciation du rouble atténue l’impact budgétaire, comme en Algérie. Le Venezuela dont 96% des ressources en devises proviennent du pétrole lourd, dont son principal débouché sont les USA moins dépendants est en semi-faillite financière.
Le recul du prix du baril a aussi des conséquences pour le secteur des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis, qui doit investir lourdement pour maintenir la production. Les analystes considèrent que ces investissements ne sont plus rentables pour les gisements marginaux si le pétrole reste à un prix évoluant autour de 65 à 70 dollars, excepté les grands gisements qui peuvent tenir entre 50/60 dollars, pouvant assister à une re-concentration de cette industrie si le bas prix persiste en deçà de 60/70 dollars.
Mais les « perdants » sont à rechercher également auprès des secteurs exportant vers les pays pétroliers. Lors du précédent contre-choc pétrolier de 1985-86, les importations de l’Arabie Saoudite avaient reculé de 39 %, celles du Nigéria de 60 %. Pour l’ensemble de la zone euro, les exportations à destination des seuls pays de l’OPEP et de la Russie représentent un montant de 198 milliards d’euros en 2014. Une chute des importations de l’ordre de 20 % occasionnerait alors un choc équivalent à 0,4 point de PIB très dommageable pour les exportateurs orientés vers ces zones.
Autre acteur, les administrations publiques au travers de l’incidence des évolutions des prix du pétrole sur les recettes fiscales. Cet effet est ambigu car la fiscalité sur les produits pétroliers combine deux formes de taxation : l’une assise sur les volumes (la TICPE prélevée forfaitairement par rapport à un litre de carburant quel qu’en soit le prix), l’autre assise sur la valeur (la TVA).
Une baisse du prix occasionne automatiquement un recul des recettes de la TVA qui ne pourrait être compensée pour l’ensemble des recettes fiscales que si la baisse du prix entraînait un surcroît du volume de dépenses en produits pétroliers et donc un surcroît de recettes de TICPE. L’UFIP (Union Française des Industries Pétrolières) le 10 mars a bien montré dans ses présentations que dans la baisse des prix des carburants, l’État a bien su tiré son épingle du jeu : la baisse de la TVA sur le produit ayant été compensée par la hausse de la TICPE (Taxe intérieure de Consommation sur les Produits énergétiques.).
Notice biographique
Président du Conseil Algérien des Privatisations (rang Ministre Délégué 1996/1999/) DG des études économiques- Magistrat, premier conseiller à la Cour des Comptes (1980/1983) – Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach (1974/1979-1990/1995-2000/2006) – Expert au Conseil Économique et Social(1995/2008)- Expert Présidence de la République (2006/2007) –expert indépendant auprès du premier ministre (2013/2015) membre de plusieurs organisations internationales-USA/Europe.