Si la découverte d‘un gisement aurifère de « classe mondiale » dans les départements de Kani et Dianra, dans le nord de la Côte d’Ivoire a attisé toutes les convoitises y compris étrangères, elle pose également la question d’un juste équilibre entre intérêts économiques et préservation de l’environnement.
Le tout premier Salon international des ressources extractives et énergétiques (SIREXE) qui se tiendra du 27 novembre au 2 décembre à Abidjan, entend mettre en valeur les potentialités de la Côte d’Ivoire. Il est vrai que le sous-sol du pays regorge de richesses encore sous-exploitées : diamant, fer, nickel, manganèse, bauxite, cuivre, pétrole et naturellement de l’or.
La découverte du gisement aurifère « Koné » représente une véritable aubaine pour le gouvernement ivoirien qui a délivré, en juillet dernier, le permis d’exploitation à la société canadienne Montage Gold. La mine devrait être opérationnelle en 2027 et son exploitation est prévue pour une durée d’au moins 16 ans. Pas moins de 155,5 tonnes devraient être extraites du site, soit 5 millions d’onces. Au cours de l’or actuel (2650 $ l’once), le gisement pèse à lui seul 13,260 milliards de dollars, soit un peu plus de la moitié d’un budget annuel du pays.
Ce minerai comme d’autres aiguise de nombreux appétits. Certes, l’exploitation aurifère en Côte d’Ivoire reste dominée par des compagnies basées au Canada, au Royaume-Uni et en Australie : Barrick Gold, Perseus Mining, Allied Gold, Fortuna Mining, Endeavour Mining, Aurum Resources,etc. Mais les Chinois ne sont pas loin. Aurum Ressources compte parmi ses principaux bailleurs de fonds plusieurs investisseurs chinois majeurs, parmi lesquels Caigen Wang et Zhaojin Mining. Zijin Mining a injecté plus de 40 millions de dollars dans Montage Gold en juillet, participant ainsi au développement du projet Koné,
Développement durable
Il faut dire que le pays offre de nombreux avantages législatifs et fiscaux (exonération de TVA pour les sociétés minières …) faisant de la Côte d’Ivoire un pays idéal pour faire des affaires. C’est pourquoi les fonds engagés ont été multipliés par six en dix ans et que les permis d’exploitation sont passés de neuf à 28 en un temps record.
Les partenariats avec les grands groupes permettent la construction d’infrastructures au profit des populations qui habitent à coté des zones de forage (hôpitaux modernes, écoles, reserves d’eau). Ils offrent également du travail aux villageois. Le projet Koné doit entraîner, à lui seul, la création de 4500 emplois directs et indirects Les retombées fiscales et les revenus des fournisseurs de biens et services durant la phase d’exploitation du site Koné sont estimés à 1 500 milliards FCFA. En outre, le comité de développement local minier prévoit une contribution directe aux bénéfices des communautés riveraines (Kani et Dianra) d’environ 20 milliards FCFA.
L’État ivoirien qui s’est engagé en faveur « d’un développement durable et prospère » devra s’assurer que les exploitations minières en cours et à venir répondent aux normes en vigueur et préservent aussi la santé des riverains. Il ne faudrait pas que l’incident du 23 juin se reproduise : 3 000 litres de boues contaminées aux métaux lourds et au cyanure s’étaient accidentellement déversées dans le fleuve Cavally, intoxiquant plus de 200 personnes.
Constantine Ndoko