Le citoyen lambda, le poète ou rêveur, le politique, trois (03) entités essentielles pour une société équilibrée. Pendant que certains se plaignent, d’autres continuent leurs rêves et les politiques leurs œuvres politiciennes. Chacun dans sa chapelle prêche pour son bien-être.
Abraham Lincoln, président des USA de 1860 à 1865, aurait un jour déclaré que la démocratie était « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Suivant ce principe, la souveraineté appartient donc au peuple, qui choisit ceux qui le gouverneront. Est-ce le constat dans les tous pays où la démocratie est le mode de gouvernance ?
Si le peuple dans sa majorité, dans presque tous les pays souffre et réclame du nouveau dans la pratique de la démocratie, c’est bien parce que les tenants des pouvoirs, de part et d’autre ne répondent pas à leurs aspirations. En attendant l’arrivée de nouveaux gouvernants, que le peuple ne se trompe pas, celui qui viendra ne fera rien à sa place. Aucun président ne transformera un gardien en professeur, ni un poète en Président de République. Tout changement viendra de chacun, au regard de ses aspirations et capacités à le faire.
Henri N’Koumo, à travers “La promesse entêtée de l’ombre” ne fait rien d’autre que renvoyer à travers sa pièce théâtrale, ce que la société lui a donné de voir. Celui de décrire la société à travers trois (03) individus. Ici, ne vous y tromper guère, l’auteur est la seule personne à pouvoir répondre à la question du choix d’une pièce théâtrale pour véhiculer son message.
“La promesse entêtée de l’ombre” est une œuvre théâtrale tournant autour de trois (3) personnages : le gardien, le passant et le politique. Chaque personnage a une personnalité propre à lui.
Le gardien a un travail par lequel il fait décliner son identité à toute personne s’adressant à lui. C’est un homme qui se plaint de son statut de gardien, répétant à chaque fois « mon statut de gardien me handicape ».
Le gardien méprise sa vie, car pour lui, elle le prive de tout ce qu’il désire tant : des femmes fraîches, la considération de la société, l’argent, le pouvoir… Il crache sur ce qu’il possède : sa femme, son travail, sa vie, sa misère…Le gardien représente de nos jours cette catégorie de personnes qui méprisent le minimum qu’elles possèdent au lieu de le chérir et d’espérer que l’avenir soit meilleur.
Le passant, c’est le poète rêveur qui idéalise toujours ce monde. C’est un homme la tête dans les nuages. Malgré la perte de sa bien-aimée dans des conditions révoltantes, continue de laisser libre cours à son imagination, à ses vers et strophes faisant de lui un homme différent de la norme. Il représente cette catégorie de personnes qui croient vaille que vaille en la justice et en des lendemains meilleurs.
Le politique, un homme, les mains imbibées de sang, sans cœur, sans scrupule, écrasant devant lui toute personne le gênant. S’identifiant à un demi-dieu, il représente le pouvoir. Ainsi, le peuple en l’occurrence le gardien et le passant qui en font partie, sont pieds et mains liés au bon vouloir du politique. L’on le sait coupable, mais aucun barreau encore moins des menottes pour le retenir. Le juge et le flic mangent et boivent avec lui et à sa table. Il mène le jeu et pour l’instant, personne n’y peut rien.
Derrière ces gens qui clouent le politique au pilori se cachent ceux qui envient sa place et rebelote une fois là où ils emploient les mêmes voies et moyens. Deux questions aux allures philosophiques nous interpellent : Est-ce le pouvoir qui corrompt l’homme ? Est-ce l’homme qui corrompt le pouvoir ?
Deux questions qui même à l’époque de Socrate tarderont à avoir des réponses convaincantes. J’ai aussi l’intime conviction que ceux qui l’ont exercé auront du mal à y répondre avec vérité.
De cette œuvre, l’on tire de grandes leçons. Il est plus facile de juger une personne lorsqu’on n’est pas à sa place. Selon Emil Michel Cioran « Ne juge personne avant de te mettre à sa place ». Ne jamais juger lorsqu’on n’est pas à la place d’une tierce personne, car l’on ne sait jamais comment aurait-on réagi à sa place. Les exigences d’une responsabilité conduisent la plupart du temps à des prises de décisions inédites. Est-ce pour autant gouverner est-il synonyme de terroriser ou écraser ? Gouverner veut-il dire d’être dans l’illégalité notoire ? Le bon gouvernant n’est-il pas celui qui est à l’écoute du peuple qui l’a élu ? Ou bien celui qui agit selon son libre-arbitre ?
Une chose est sûre et je n’en doute guère, le bon gouvernant c’est celui qui respecte scrupuleusement les lois de sa Nation et non pas celui qui les manipulent à sa guise. Le bon gouvernant c’est celui qui construit des infrastructures répondant aux besoins du peuple.
LA PROMESSE ENTÊTÉE DE L’OMBRE. Henri N’koumo. Les Classiques Ivoiriens. 2024
Avec Le contribution d’Affiba Muriel KODJO (Lecture et résumé de l’œuvre).