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    Lu pour vous by CoolBee OUATTARA || « Monnè, outrages et défis » d’Ahmadou Kourouma, un classique ivoirien d’actualité. 

    Lu pour vous by CoolBee OUATTARA || « Monnè, outrages et défis » d’Ahmadou Kourouma, un classique ivoirien d’actualité. 
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    La Rédaction
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    Je vous confie un secret que cette fois-ci, je vous conseille de divulguer. Une très belle fille a résisté brièvement aux avances d’un séducteur venu d’ailleurs. Alors qu’elle s’est refusée catégoriquement au plus grand charmeur de la contrée, l’homme venu d’ailleurs réussit à la séduire et ce qui devrait être, fut. Ceci pour un long moment. Plus tard, elle est habitée par un remords indicible. Hélas ! Le mal est fait. 

    Vous arrive-t-il souvent de vouloir parcourir de nouveau, un livre qui vous a marqué, par le passé ? Cela m’arrive très souvent. Yaoua Imane Samirah OUATTARA, étudiante à l’Université de Rouen, m’a donné cette chance de relire “Monnè, outrages et Défis”, lorsqu’elle m’a confié l’avoir lu et compte en faire le resumé.  

    “Monnè” est un mot Malinké, il signifie “outrage”. Ce mot, revient de manière récurrente dans le roman. Ne vous attendez guère à un style d’écriture académique. Ahmadou Kourouma écrit en Malinké ou du moins, il écrit comme l’on parle la langue malinké. C’est pourquoi son style est classé dans le registre du conte traditionnel. Si une certaine intelligentsia voudrait le cantonner comme tel, force est de constater, que le père de “Les soleils des indépendances” est un très bon conteur. Il y excelle d’ailleurs. Ce n’est pas fortuit qu’il rappelle ici que : « Chaque fois que les mots changent de sens et les choses de symboles, les Diabaté retournent apprendre l’histoire et les nouveaux noms des hommes, des animaux et des choses ».

    "Monnè" de Kourouma : un classique toujours d'actualité.

    Sigui Kéita, roi des pays de Soba dans le Royaume Mandingue règne sur ses terres lorsqu’il voit arriver les Nazaréens (Personnes impures). D’abord  hostile, il décide de résister mais, peu à peu, succombe et, de malentendus en compromissions, devient l’infortuné complice des envahisseurs et conduit son peuple vers le “monnè” (l’outrage en malinké, la langue maternelle de l’auteur) de la colonisation, au terme de ses 120 ans de règne. C’est à juste titre qu’Ahmadou Kourouma écrira « Les hommes sont limités, ils ne réussissent pas des œuvres infinies. » Ne cherchez surtout pas à faire le rapport contextuel dans la pensée du Prix Renaudot 2000 (avec “Allah n’est pas obligé”). Comprenez-le tel.

    Ahmadou Kourouma à travers “Monnè, outrages et Défis” voudrait faire savoir comment les “Blancs” se sont introduits dans le royaume de Soba, par extension en Afrique : leurs méthodes et stratagèmes utilisés, les moyens mis en œuvre pour coloniser, assujettir, avilir, dominer, civiliser, dompter le “Nègre”. 

    À travers la vie de Djigui et du royaume de Soba, Ahmadou Kourouma a orienté l’attention du lecteur sur le calvaire de la colonisation. Celle que l’Afrique de l’Ouest, à travers le royaume manding a connue pendant des siècles. 

    Hormis, la colonisation, l’auteur de “en attendant le vote des bêtes sauvages”, met à nu certaines pratiques et certains maux qui ont gangrené la société africaine et qui jusqu’à ce jour perdurent, je pense et je cite : la corruption, l’abus du pouvoir, le viol, les mariages forcés, l’excision, l’émasculation, le recoursabusif et fréquent aux pratiques occultes , mystiques, à la démagogie, la cupidité, la mégalomanie, la trahison, l’exploitation de l’homme par l’homme, les querelles entre frères et sœurs…. Celui qui a connu l’exil, parce qu’il s’est opposé au parti unique de Félix Houphouët-Boigny, n’a pas manqué de rappeler le douloureux souvenir des deux guerres mondiales (1914-1918) ; (1939-1945) et même de la bipolarisation. 

    Le livre retrace la pénétration coloniale dans le royaume manding, en trois étapes : « Brève résistance, longue soumission, refus et remords ». Un livre paru en 1990, vient nous réapprendre notre quotidien en 2024. Le prix Renaudot 2000 avec “Allah n’est pas obligé”, était-il vraiment obligé d’écrire que “les hommes reviennent toujours dans les lieux où, à la faveur d’une première incursion, ils ont rencontré et pris épouses”? N’est-ce pas évident ? Si vous répondez par l’affirmative, c’est que j’ai failli à ma mission de vous faire comprendre le message que j’ai voulu véhiculer. Mais, en toute franchise, ne vous reprochez-vous pas quelque chose ? Avez-vous bien lu et tout lu avec attention ? 

    “Monnè, outrages et Défis”. Ahmadou Kourouma. Seuil, 1990.

    Avec la collaboration de Yaoua Imane Samirah OUATTARA 

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