Dans le billet ci-dessous, le Professeur Franklin Nyamsi explique « pourquoi 2020 n’est pas la préoccupation de Guillaume Soro ». Dans les explications, il récuse toute idée de ruse, toute idée de pressions, et précise en même temps que : « 2020 est bel et bien l’une des occupations constitutionnelles de tous les citoyens ivoiriens, parmi lesquels Guillaume Soro ».
Chers lectrices et lecteurs,
La Presse Ivoirienne relaie ce matin, le mot profond du Président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro, s’adressant le dimanche 29 octobre 2017 à Abidjan à de jeunes militants venus célébrer avec lui, le passage du cap d’un million de fans sur sa page Facebook et 500 mille fans sur sa page Twitter. Le mot qui ébranle tous les exégètes est le suivant :
« 2020 n’est pas ma préoccupation ».
Certains y voient une ruse provisoire pour éviter de parler d’un sujet qui fâcherait des supposés propriétaires naturels et autoproclamés de ladite date. Or, il n’y en a pas.
D’aucuns encore y voient une manière pour Guillaume Soro, pris en tenailles sous des pressions qu’on imagine gigantesques, de renoncer à sa supposée ambition présidentielle pour l’élection de 2020. Or encore, Guillaume Soro n’est pas instrumentalisable.
D’autres, enfin, y voient simplement une clarification d’homme d’Etat, ayant pour but de ne pas confondre vessies et lanternes. J’ai tendance à croire que ce sont les derniers cités qui ont raison. Pour cela, il suffit de distinguer entre les notions de préoccupation et d’occupation.
Une pré-occupation, c’est une priorité du moment. D’ailleurs, Guillaume Soro commence sa phrase par l’expression « Pour l’heure… ». Or une occupation, c’est une tâche qui va de soi, qui est liée à la condition de celui même à qui elle incombe. L’occupation est essentielle et irréductible, alors que la préoccupation est purement conjoncturelle. On naît et meurt citoyen. On n’est pas de naissance député, chef du parlement ou chef de l’Etat en république…
En tant que Chef du Parlement, Guillaume Soro a donc pour préoccupation, le bon fonctionnement du pouvoir législatif. Il doit veiller au travail des commissions, à la mobilisation des parlementaires sur le terrain, à la diplomatie parlementaire, comme il l’a montré ces derniers mois par son très fructueux périple européen. Mais en tant que citoyen ivoirien, et comme tout citoyen en république, Guillaume Soro a comme occupation, le bon fonctionnement de l’ensemble des institutions de son pays, sous le contrôle de la loi fondamentale, la constitution. Tout citoyen dans une république doit défendre la constitution. Or selon la Constitution, 2020 est une date électorale impérative pour la fonction de Président de la République, et comme l’a récemment redit le Président Bédié, c’est une date « non-négociable ».
Il s’ensuit dès lors la conclusion naturelle que voici : 2020 n’est pas la préoccupation du Président de l’Assemblée Nationale Guillaume Soro. Mais 2020 est bel et bien l’une des occupations constitutionnelles de tous les citoyens ivoiriens, parmi lesquels Guillaume Soro. Tout véritable citoyen doit s’occuper des élections prévues dans son pays, qu’elles soient proches ou lointaines. Qui dit mieux ? Il n’y a donc aucun drame à ce que tout le monde en Côte d’Ivoire, pense à 2020. C’est même plutôt le signe d’un bon niveau de conscience citoyenne. Dédramatisons définitivement ce sujet!
Un billet du Professeur Franklin Nyamsi
Paris, France.
Le 31 octobre 2017
NB : le titre et le chapeau sont de la rédaction