Avec un bilan dont il a lui-même honte de parler et avec l’axe PDCI-PPA-CI qui s’est divisé à la veille de l’élection, Jacques Ehouo peut-il raisonnablement espérer se succéder à lui-même.
Peut-il gagner ? Le maire sortant du Plateau, Jacques Ehouo, qui mène une campagne bruyante, contrairement à son slogan « sans bruit », tout en refusant de parler de son bilan, ne peut en effet plus mathématiquement rêver d’une victoire au soir du 2 septembre prochain.
Car pour l’emporter en 2018, il avait bénéficié du soutien actif de Guy Monnet, ex-cadre FPI, ainsi que sur un contexte politique marqué par le procès de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) et sur les ennuis judiciaires de Noël Akossi Bendjo, maire sortant à l’époque.
Ce dernier avait d’ailleurs fui la Côte d’Ivoire pour s’exiler en France. Cette colère de l’opposition contre le régime en place avait donc logiquement profité au candidat Ehouo qui avait conséquemment obtenu 8924 voix contre 5723 voix pour son adversaire.
Or cette alliance n’a pas survécu. L’une des conséquences est que Guy Monnet, son principal soutien de l’époque, brigue lui-aussi le poste de maire pour le compte du Parti des peuples africains (PPA-CI). Pis, le maire sortant ne peut plus escompter la division au sein du RHDP Plateau dont les militants parlent désormais à l’unisson.
Cette fois-ci, Ouattara Dramane et Fabrice Sawegnon battent en effet campagne côte à côte après être venus à bout de leurs divisions. Mieux, le RHDP a élargi sa base en signant un accord électoral avec le parti d’Affi N’guessan qui a renoncé à avoir un candidat au Plateau pour soutenir Fabrice Sawegnon.
Au surplus, le maire sortant a un bilan qui ne plaide pas en sa faveur puisqu’il a lui-même honte d’en parler. Réagissant d’ailleurs aux moqueries sur le sujet, il a même déclaré lors d’un meeting de mobilisation dans les quartiers, que ce n’est pas grave s’il est accusé d’éviter de parler de son bilan.
En effet, entre son discours et la réalité, le fossé est parfois trop grand. Par exemple, la mairie prétend avoir construit une nouvelle mairie. 70% (1,2 milliard) du coût de l’ouvrage qu’on ne trouve nulle part avait pourtant été décaissé. Où est parti cet argent ? demandent invariablement ses adversaires sans qu’aucune réponse ne leur soit apportée.
À cela, il faut ajouter l’état de délabrement dans lequel se trouvent les infrastructures publiques de la commune. Certaines d’entre elles, les écoles primaires publiques notamment, ont même suscité la polémique sur les réseaux sociaux entre ses partisans et des résidents. Bref, ceux-ci se sont résolus à penser au « le maire n’a pas n’a pas vraiment été la hauteur des attentes » et même les communautés Atchans sur laquelle il s’est toujours appuyé sont de plus en plus réticentes à le suivre. C’est le cas à Abobo-Doumé où des partisans du candidat du RHDP disent être pourchassés.
Joseph Titi