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    Rétrocession du 43è BIMA à la Côte d’Ivoire : réponses à cinq intox et fakenews

    Rétrocession du 43è BIMA à la Côte d’Ivoire : réponses à cinq intox et fakenews
    Publié le
    Par
    Yaya Kanté
    Lecture 5 minutes
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    Des intoxications et des fakenews propagées par des réseaux pro-russes et pro-AES concernant la rétrocession du 43è BIMA à la Côte d’Ivoire, méritent des réponses.

    Dans son discours à la Nation, le 31 décembre 2024, le président ivoirien Alassane OUATTARA annonçait le désengagement des forces françaises du 43 BIMA de la Côte d’Ivoire dès janvier 2025. Cependant, des réseaux pro-russes et pro-AES ont développé des arguments dans des publications tendant à faire croire que ce retrait serait une décision unilatérale de Paris face aux camouflets observés au Tchad et Sénégal, ou encore que ce retrait serait la réponse du président OUATTARA face à l’opposition de la France à une nouvelle candidature du chef de l’État ivoirien à la présidence de la République en Octobre 2025. 5 arguments sont propagés par les réseaux pro-russes et pro-AES concernant la rétrocession du 43è BIMA à la Côte d’Ivoire. Des réponses claires sont apportées sur ces intox et fakes.

    1) La France a décidé de ce désengagement de manière unilatérale et le président Ouattara se contente de l’entériner. Cet argument se base dans de nombreux posts sur la reprise d’un article de l’AFP de juin 2024, faisant part de la volonté d’Emmanuel Macron de réduire les effectifs militaires français en Côte d’Ivoire (à 100 personnes).

    Ce désengagement a été décidé et opéré mutuellement. Il est le fruit de la volonté des autorités ivoiriennes et françaises, qui ont pris acte des réalités nouvelles. Ce changement global d’approche dans la coopération bilatérale a été exprimé dès janvier 2023, à l’occasion de la rencontre entre le Président ivoirien et son homologue français.

    2) Ce désengagement est précipité par la France en raison des camouflets observés au Tchad et au Sénégal.

    Comme l’a énoncé le Président Alassane Ouattara dans son discours, le retrait des militaires français est organisé et se déroule sans surprise. Il est préparé par les deux pays depuis de nombreux mois, les médias ivoiriens l’évoquaient déjà en juillet et en octobre 2024. Il s’agit d’un désengagement progressif, car 300 soldats français ont déjà quitté la Côte d’Ivoire depuis l’été 2024. Selon le Monde, « un bataillon ivoirien va entrer dans le camp dans les prochains jours. Pendant trois semaines, il y aura une passation, notamment logistique, entre les deux armées. À la fin du mois, une cérémonie aura lieu avec les ministres de la défense français et ivoirien, Sébastien Lecornu et Téné Birahima Ouattara ». Au cours d’une interview, le ministre d’État ministre ivoirien de la Défense ivoirien avait également ajouté : « Nous allons y affecter au moins cinq bataillons. Nous allons créer des centres d’aguerrissement, de formation et de communication. ».

    3) La France serait expulsée par Alassane Ouattara et leurs relations seraient en train de se détériorer. Circulation d’une fake news selon laquelle Alassane Ouattara se vengerait de l’opposition de la France à sa candidature à un nouveau mandat présidentiel. Cet argument se base sur le post du Président du parti français « LFI », Jean-Luc Mélenchon.

    Le Président ivoirien n’a pas expulsé la France, comme il le dit lui-même dans son discours en évoquant un retrait « concerté » des forces françaises. En octobre 2024, Jeune Afrique rappelait également que le président Ouattara « a toujours exprimé des réticences sur un démantèlement complet » de l’emprise française de Port-Bouët. Les relations entre les deux pays sont au beau-fixe, aussi bien au niveau militaire (réussite de l’exercice aéroterrestre Touraco à Bouaké en novembre 2024, marqué par des manœuvres complexes) que diplomatique (déplacement du chef de l’Etat ivoirien à Paris en octobre 2024).

    4) Le départ des forces françaises n’aura pas lieu. En réalité, les soldats français seront redéployés, de manière moins visible, sur d’autres sites en Côte d’Ivoire. L’Académie de Jacqueville (AILCT) en est un exemple.

    La vérité est que camp de Port-Bouët sera effectivement et entièrement rétrocédé. Il repassera donc sous une entière souveraineté Ivoirienne. Cela signifie qu’il sera commandé par un officier Ivoirien et répondra à la législation Ivoirienne.
    Par ailleurs, les autorités Ivoiriennes et françaises n’ont pas caché qu’une centaine de militaires français resteront en Côte d’Ivoire. En effet, la coopération bilatérale va se poursuivre après la rétrocession du 43e BIMA, et pour cela, il faut des militaires. Ils seront détachés sur des bases Ivoiriennes, à des fins d’entraînement et de formation.
    L’Académie de lutte contre le terrorisme de Jacqueville (AILCT) ne constitue pas une nouvelle emprise française car, si elle a été pensée conjointement par la Côte d’Ivoire et la France en 2017, elle est dirigée par un Général Ivoirien (actuellement le Général de brigade Allah Joseph Kouamé). Elle fonctionne en partenariat avec 17 pays, parmi lesquels les États-Unis, l’Australie, la Suisse, le Canada, les Émirats Arabes Unis, la Norvège…

    5) L’annonce de la rétrocession du 43è BIMA n’est qu’une formalité. Il est plutôt nécessaire de revoir l’accord de défense de fond en comble.

    Cette annonce du Président Ivoirien avait une portée symbolique et était nécessaire puisque la rétrocession du 43e BIMA par les forces françaises n’avait pas été officialisée par Abidjan, avec un chronogramme clair.
    Elle est significative d’une évolution progressive du partenariat et ne s’inscrit pas dans la logique de rupture des États de l’AES. La trajectoire de la Côte d’Ivoire permet de conserver sa stabilité, accroître sa souveraineté, et préserver ses rapports avec les partenaires internationaux (de manière à sécuriser un maximum de marge de manœuvre pour les autorités Ivoiriennes). Elle permet également de poursuivre le développement de ses capacités opérationnelles en termes de lutte anti-terroriste, dans une région en proie à une dégradation de la situation sécuritaire.

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